Algérie

Ali Mebtouche, auteur de cinq ouvrages : «Je raconte ma région et j'écris ce que je ressens»


Les proches, la famille et le village sont souvent l'élément qui déclenche l'envie de vouloir écrire des ouvrages pour revisiter le passé. C'est le cas d'Ali Mebtouche, auteur de plusieurs livres qui incarnent et racontent des situations ayant marqué son enfance et sa jeunesse.D'ailleurs, en lisant les ouvrages de ce sexagénaire, originaire d'Aït Aïssa Mimoune, dans la daïra de Ouaguenoun, à Tizi Ouzou, mais établi en France depuis l'âge de 19 ans, le lecteur peut aisément découvrir l'attachement viscéral de l'auteur à ses origines. «Je raconte ma région et j'écris ce que je ressens», nous dit-il avec un air de satisfaction d'avoir remis au «goût du jour» des moments difficiles qui ont marqué les villages de Kabylie, notamment durant la période du colonialisme.
L'histoire d'un berger de Kabylie pendant la guerre d'Algérie est l'intitulé d'un des livres d'Ali Mebtouche, qui raconte que «Chabane, mobilisé pour aller défendre les intérêts coloniaux de la France en Indochine a, à la fin de son service marqué par des atrocités vécues dans cette guerre, regagné son village en Kabylie», avant de se voir forcé de rejoindre l'ALN en qualité d'officier. Il s'est ainsi engagé corps et âme contre l'armée coloniale.
Chabane a échappé de peu à la mort suite à «un complot préparé contre lui par un autre officier jaloux de ses succès». L'auteur décrit ainsi la suite de cet orphelin, dont le père a été emporté par la tuberculose. «Chabane a négocié sa reddition à l'armée française et est devenu l'un des harkis les plus sanguinaires», qui a commis, avec «deux de ses subordonnés, les viols les plus horribles, et ce, jusqu'à son élimination».
Ainsi, avec des mots simples et un style fluide, Ali Mebtouche engage de manière sensible la représentation du passé à partir d'opérations définies en termes d'écriture littéraire. Le livre que nous avons évoqué illustre bien une histoire réelle vécue par la population de la région de l'auteur, qui a signé d'autres publications qui relatent des circonstances difficiles aussi bien durant la guerre de Libération qu'après l'indépendance.
La valise de mon père relate parfaitement le sentiment de beaucoup de jeunes qui ont pris le chemin de l'exil pour s'installer en France, pays de leur ancien colonisateur «comme leurs pères qui leur avaient fait miroiter depuis leur plus jeunes âge ce pays de cocagne».
L'auteur a expliqué les raisons de cette émigration par la déception des Algériens qui ont cru en les promesses du FLN pour une vie meilleure. Un recueil de nouvelles incarne et raconte aussi le passé. Il s'agit de Vieilles histoires de Kabylie, qui se veut un ouvrage où sont préservées des anecdotes véridiques de la région de l'auteur qui a sauvé ce patrimoine immatériel local de disparition. «J'ai même vécu certaines de ces anecdotes», nous dit-il, tout en ajoutant que ce qu'il écrit reflète amplement sa vie et les conditions sociales de son village durant la guerre.
Il s'inspire également de la vie des ouvriers en France. «Dans mes livres, il y a toujours une corrélation. On dirait une succession logique des événements», nous confie-t-il, tout en précisant aussi que La valise de mon père, paru à Edilivre, a obtenu le prix automnal à Lyon, en 2016. Deux autres ouvrages, Le bagnard de Kabylie et Pour l'honneur de mon village sont également à l'actif de Mebtouche.
S'agissant des projets d'écriture en chantier, Ali Mebtouche nous expliqué qu'il prépare un livre en hommage à Maurice, un enseignant qui a travaillé au village Ighil Bouchène (Aït Aïssa Mimoun), un éducateur d'exception, dont les villageois de la région gardent, dit-il, un souvenir poignant. «Je lis beaucoup avant d'entamer un travail d'écriture.
D'ailleurs, même à l'usine, en France, où j'ai travaillé avant de prendre ma retraite, on avait un groupe d'écriture. Je tiens à souligner que ma femme m'aide beaucoup dans la correction de mes livres. Je veux dire aussi que j'ai participé à plusieurs Salons du livre, où j'ai eu l'occasion de rencontrer de grands écrivains», nous précise-t-il.
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