Journaliste de carrière, Ali Laib s’investit dans l’édition. Il a dans son portfolio plusieurs écrivains de sa région. Son objectif faire connaitre le patrimoine et entretenir la mémoire collective de la région chélifienne.
Adila Katia
La Patrie news : Quelles sont vos dernières publications ? Sur quelles thématiques portent-elles ?
Ali Laib : Tout dernièrement, nous avons édité un ouvrage intitulé : « Mes transhumances » d’Aomar Khennouf. Il est ingénieur en travaux publics. Il a eu à gérer plusieurs entreprises publiques et privées. Dans ce roman, il raconte l’histoire vraie d’un jeune ingénieur fraichement diplômé, auquel furent confiées des missions et des responsabilités très lourdes pour son âge. L’auteur rappelle, notamment, l’engagement des cadres de son époque et leur volonté d’en découdre avec le sous-développement (et certaines pratiques féodales) qui caractérisait les régions de l’intérieur du pays.
Un autre ouvrage publié : « Le vagabond de Sétif », un roman de Rachid Ezziane, un auteur de la région d’El Attaf. Il raconte une histoire d’amour qui, en réalité, est une réflexion philosophique sur l’être humain et la complexité de la vie que mènent les jeunes d’aujourd’hui. C’est la seconde œuvre qu’il publie chez nous après « De nos sœurs égorgées », l’histoire romancée de l’assassinat des onze enseignantes de Sfisef par la horde terroriste.
Enfin, deux ouvrages viennent de sortir cette semaine, il s’agit de « Ma cinquième saison », un recueil de poèmes de Fateh Agrane, et « Au fil de la littérature algérienne » de Jacqueline Brenot.
En parallèle, nous essayons de contribuer à la préservation du patrimoine et de la mémoire chélifienne à travers l’édition d’auteurs qui s’intéressent à l’histoire de leur région.
Les Chroniques de Jacqueline Brenot ont beaucoup de succès. Comment a commencé votre collaboration avec elle ?
Tout à fait par hasard. C’est mon ami, Rachid Ezziane, qui animait des chroniques littéraires sur le journal Le Chélif, qui l’a mis en contact avec la rédaction en 2018. Mme Brenot, qui est professeure de lettres et de théâtre à Paris, m’a proposé un texte sur une « escapade à Bérard » (Aïn Tagouraït), du temps où elle vivait avec ses parents à Alger, dans les années 1960, tout juste au sortir de la guerre d’Algérie.
Et les chroniques se sont enchaînées, ce qui m’a donné l’idée de les rassembler dans un recueil (Œuvres en partage-Chroniques chélifiennes). Dans chaque chronique, elle décortique le contenu d’un roman algérien, édité ici ou en France, de manière méthodique et scientifique. Ses écrits nous réconcilient avec l’analyse et la critique littéraires de haut niveau. Et qui, dans le même temps, donnent un aperçu de la richesse de la littérature algérienne contemporaine. Nous en sommes aujourd’hui au quatrième ouvrage.
A travers les échanges que vous avez eus avec les auteurs et les salons de livre, que manque-t-il pour qu’ils puissent enrichir la scène culturelle ?
Chaque institution, chaque entreprise, chaque opérateur doit se doter d’un centre de documentation accessible aux employés mais aussi et surtout aux chercheurs, où l’on peut trouver, au moins, des ouvrages édités localement.
Les bibliothèques publiques doivent être en mesure d’enrichir régulièrement leurs fonds en achetant des ouvrages en arabe, en français, en anglais, en tamazight et dans d’autres langues au profit de leurs lecteurs.
Il faut encourager toutes les manifestations autour du livre, instituer des prix littéraires dans chaque commune, dans chaque wilaya. Enfin, il faut familiariser les enfants avec le livre dès leur jeune âge.
C’est tout un programme et des propositions nombreuses ont été émises dans ce sens depuis la naissance de l’Algérie indépendante.
Avez-vous d’autres projets ?
Terminer d’abord les projets en souffrance, trouver les fonds nécessaires pour éditer au moins une vingtaine d’ouvrages par an et organiser chaque année le salon du livre Hassiba Benbouali de Chlef.
Cette année, la troisième édition du salon aura lieu du 1er au mai 2023, à la maison de la culture de Chlef. La thématique a rapport avec l’enseignement et le progrès. La promotion de la femme est au cœur des débats programmés lors de cette rencontre.
Des conseils pour cette génération beaucoup plus connectée et qui ne lit pas assez.
Les jeunes d’aujourd’hui ne vivent dans les mêmes conditions dans lesquelles nous sommes passées dans les années 60, 70 et 80. C’est un autre mode de vie, très speed, où les technologies de l’information et de la communication ont fait régresser la lecture d’une manière générale.
Je pense qu’il faut imaginer des solutions pour que, dès leur jeune âge, ils se familiarisent avec le livre et la lecture.
Mais les addictions sont là, elles sont amplifiées par le développement de la connexion Internet et des réseaux sociaux.
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Posté Le : 09/06/2023
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Rédaction
Source : Ali Laib, éditeur à la Patrie news - 2022/12/06