Algérie

Ali Haroun : « Ferhat Abbas s?est mis à la disposition du FLN »


Durant la révolution, Ali Haroun a présidé la Fédération de France du FLN après un passage dans plusieurs responsabilités. Député à la Constituante à l?indépendance, il quittera la scène politique, fin 1963, pour rejoindre son cabinet suite à un désaccord avec Ahmed Ben Bella. Avocat, il occupera le poste de ministre des Droits de l?homme du temps de Ahmed Ghozali. Il fut membre également du HCE. Quelle image gardez-vous de Ferhat Abbas ? Je garde une double image de Ferhat Abbas, celle d?avant la révolution et celle d?après. Dans la période d?avant 1954, ma génération a beaucoup découvert Ferhat Abbas à travers notamment les Amis du manifeste et de la liberté (AML). Il était parmi les premiers hommes politiques à avoir des positions très courageuses avec le débarquement des forces Alliées à Alger en 1942. Il avait élaboré des propositions très constructives pour leur dire : « D?accord, nous sommes prêts à vous aider dans l?effort de guerre, mais à condition de nous reconnaître le droit à l?indépendance. » C?était une idée excellente, mais malheureusement elle n?a pu être soumise aux Alliés. Bien évidemment le gouverneur général et les autorités françaises ont refusé une telle idée. Ma génération était sensible aux AML, c?était une bouffée d?oxygène, vu les conditions dans lesquelles les Alliés se présentaient comme des libérateurs. Par la suite, les gens de ma génération ont assisté à la période pas très heureuse du mouvement nationaliste, à savoir l?opposition UDMA, le PPA et les Ouléma. Et au commencement de la révolution ? Avec le début de la révolution, Ferhat Abbas a été parmi les premiers politiques à comprendre que seule la lutte armée pourrait venir à bout de l?occupation française. Il avait l?intelligence pour comprendre que l?unité était la meilleure manière de vaincre l?ennemi. C?est pourquoi il n?hésitera pas à se mettre à la disposition des responsables du FLN. Cela, malgré le fait que ces derniers n?avaient pas le même parcours politique et l?aura de Ferhat Abbas. Mais tellement conscients de sa valeur, que ces responsables l?ont choisi pour être le premier président du GPRA. Mais il a été malmené après 1962 ? Bien sûr, Ferhat Abbas n?a été récompensé ni par Ben Bella ni par Houari Boumediène quand éclata la crise politique de 1962. Cela bien qu?il ait fait partie du groupe de Tlemcen. En effet, Ben Bella le mettra en résidence surveillée au Sahara, et Boumediène n?hésitera pas à le mettre en prison. Il faut aussi regretter le jour où il est mort, le 24 décembre 1980, comment le journal El Moudjahid lui a consacré une dizaine de lignes en pages intérieures, alors que le journal français Le Monde lui a réservé une demi-page sur sa Une. Pour moi, Ferhat Abbas est un monument du mouvement nationaliste à qui il faut rendre tous les hommages.
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