Algérie

Ali Haddad n'est plus président du FCE



Sur la sellette depuis pratiquement le début du soulèvement populaire, à l'instar d'ailleurs de nombreuses têtes de pont parmi le personnel mis à contribution pour vendre l'image du président de la République, Ali Haddad, le président de l'organisation patronale la plus puissante du pays, a annoncé sa démission par le biais d'une lettre aux membres du Forum des chefs d'entreprises, datée de jeudi 28 mars.Le très visible, voire trop, poussant parfois jusqu'à narguer l'opinion publique par ses réparties peu ou prou appréciées, Ali Haddad a donc décidé de mettre prématurément fin à son controversé règne sur l'organisation patronale. Règne remis en cause de façon ouverte au tout début de ce mois finissant, à partir de la sortie fracassante de patrons dont un de ses bras droits, le vice-président du FCE, en l'occurrence, Laïd Benamor, qui annonçait alors sa démission du poste qu'il occupait dans l'organisation et du gel de sa cotisation en qualité d'adhérent tout en faisant état de sa «désolation de voir le FCE s'éloigner de sa base».
Une première grosse lézarde dans la maison FCE qui succédait au troublant fait venu alimenter la contestation populaire sous forme d'un enregistrement audio d'une discussion, qui aurait pu intéresser la justice, entre Abdelmalek Sellal et Ali Haddad, et dont ni l'un ni l'autre des personnages alliés du président de la République n'ont remis en cause l'authenticité. Une première salve de reproches qui, tout compte fait, se révélait d'une intensité beaucoup moins ébranlante pour Ali Haddad que celle qu'allait lui asséner quelques jours plus tard Réda Hamiani, le patron qui le précédait à la tête du FCE, qui n'est pas allé de main morte avec son successeur notamment lorsqu'il balançait à la figure de ce dernier l'accusation d'avoir fait du FCE un satellite du pouvoir.
«J'ai toujours contesté la très grande proximité avec le pouvoir politique de notre président actuel (Ali Haddad). Le rapprochement avec le pouvoir politique a desservi le FCE et j'ai toujours milité pour la neutralité politique du Forum. Le FCE devait et doit garder une certaine distance avec le pouvoir et prendre position par rapport aux politiques économiques du gouvernement», reprochait vertement Hamiani à Haddad.
Dès lors, ce dernier était donné partant certain, des informations sont allées même jusqu'à confirmer son départ avant que le concerné annonce qu'il ne se retirera pas avant la tenue de l'assemblée générale des patrons, le 31 mars. Il était évident qu'en évitant de démissionner tout juste après ces attaques frontales, Ali Haddad ne voulait sans doute pas donner raison à ses détracteurs.
Mais en remettant son mandat, à trois jours de la tenue de l'AG des patrons, il a sans doute voulu éviter le lynchage dont il aurait été la cible lors de ce rendez-vous. Et puis, la pression populaire allant grandissant au fil des événements avec le détournement de l'attention sur d'autres acteurs majeurs de la crise, il a sans doute jugé que le moment était arrivé pour plier bagages et peut-être commencer à se faire oublier.
Quel devenir pour le FCE '
Quoi qu'il arrive, le Forum des chefs d'entreprises se retrouve face à une immense montagne à escalader s'il entend essayer de reconquérir les espaces qui sont normalement les siens dans la sphère économique, auprès des patrons d'abord, ceux auxquels la proximité avec le pouvoir a été imposée, et qui a d'ailleurs valu des retraits et gels de cotisation.
Il va sans dire que le travail de rédemption du FCE n'est pas une mince mission à laquelle seront confrontés ses futurs dirigeants, mais le potentiel retour de quelques «grosses pointures» parmi les chefs d'entreprises qui ont mis les voiles dès l'arrivée au pouvoir, et en cours, d'Ali Haddad pourrait aider à redorer le blason du Forum, mais ce n'est certainement pas gagné d'avance, les trois initiales FCE pourraient évoquer pendant un temps bien de l'aversion encore non seulement chez certains patrons mais également chez l'opinion publique.
Et puis, il y a les autres organisations patronales qui pourraient sortir le «passé récent» du FCE pour puiser à partir des rangs de ce dernier et ainsi accueillir de potentiels nouveaux adhérents. Alors, gare à la désaffection des rangs. C'est dire, en tous les cas, si de prime abord le FCE part avec des préjugés défavorables dans sa quête de rédemption.
Azedine Maktour


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