Algérie

Ali Ghediri restera en prison



La Cour d'Alger a confirmé ce jeudi la première peine prononcée par le tribunal de Dar-el-Beïda à l'encontre de Ali Ghediri : quatre années de prison. L'ancien candidat à la présidentielle de 2019 restera en prison.Il y a eu, bien sûr, beaucoup d'émotions, de larmes chez la famille, les amis et tous ceux qui ont décidé de se constituer en comité de soutien à Ghediri. Ses avocats eux-mêmes sont apparus abattus, frustrés après une longue journée de procès, de longues heures de délibération et l'espoir d'un dénouement heureux. Il est près de vingt heures, Me Aouicha Bekhti quitte la cour d'Alger en murmurant : «Abattue.»
Moins d'une heure auparavant, elle se tenait aux côtés de la fille du prévenu l'aidant à analyser le déroulement du procès, à compter le restant de la peine «à tirer», à évoquer les chances d'assister à un verdict plus clément que celui qui avait été prononcé en septembre dernier par le tribunal criminel de Dar-el-Beïda. «Durant le premier procès, il s'est défendu de manière magistrale, aujourd'hui c'était au-delà», commente à ce moment l'avocate. Ali Ghediri s'est défendu en décortiquant le contenu de son intervention dans un média national, en rappelant le contexte dans lequel il s'était exprimé, sa longue carrière de militaire (43 ans), ses enfants tous enrôlés au sein de l'ANP, son dévouement pour sa corporation et son pays... Il rappelle aussi son analyse : «J'ai dit que si les élections présidentielles pour un cinquième mandat présentaient un danger, l'armée pouvait prendre ses responsabilités (...) Le défunt Gaïd Salah est un moudjahid qui n'a jamais hésité à tout sacrifier pour le pays (...) Je m'adressais alors à l'opinion en général, à l'élite en particulier, il n'y avait rien de personnel, aucune intention d'attenter au moral de l'armée.» La salle l'applaudit, et elle l'applaudira une seconde fois lorsque le tribunal lui demande de prononcer son dernier mot : «Jugez-moi en votre âme et conscience, loin de la politique.»
La cour se retire pour délibérer, Le procureur de la République a requis une peine très lourde à son encontre : dix ans de prison. Les avocats de la défense font remarquer que le représentant du ministère public a tenu des propos réconfortants affirmant que la «bonne foi et le patriotisme» de Ali Ghediri n'étaient pas remis en cause.
Vingt ans de prison sont en revanche requis à l'encontre de Hocine Gouasmia, intrigant personnage entré sous un faux nom dans le monde politique où il parvient à se hisser en créant un parti politique, Forum de l'Algérie de demain (FAD). Recherché par la police pour faux et usage de faux (condamné pour usurpation d'identité en 1976, 1982 et 1983), il a pu accomplir cet «exploit» en changeant à nouveau d'identité, Hocine Guasmi est alors devenu Gouasmia, entrant et sortant dans les chancelleries étrangères pour «consultations», côtoyant de grands noms et d'importants responsables algériens auprès desquels il se prend en photo et les accroche dans son bureau «galerie». C'est ainsi que Ali Ghediri décrit les lieux visités «à l'invitation de Gouasmia». «Je ne connaissais pas grand monde, je cherchais à rencontrer un maximum de personnes, à écouter, comprendre», explique l'ancien candidat à la présidentielle de 2019. C'est à Gouasmia que Ali Ghediri doit son premier chef d'inculpation «intelligence avec l'ennemi» rapidement annulé par la chambre d'accusation d'Alger. Il avoue avoir très rapidement cerné le «personnage» et «refusé toutes rencontres» avec ce dernier.
Il est 20h. Les délibérations ont pris fin, Ali Ghediri est condamné à quatre ans de prison pour «atteinte au moral de l'armée». Il est reconduit à la prison de Koléa.
Abla Chérif


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