Après deux mois et demi de contestation antisystème, le pays se trouve «à un point de bascule, mais le basculement vers la voie menant à la transition démocratique n'a toujours pas eu lieu», a affirmé, hier, le président de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis.«Qu'est-ce que ce point de bascule ' C'est cette ligne de crête sur laquelle nous nous trouvons actuellement, avec une vue sur l'ancien système politique, qui a été ébranlé dans ses fondements mais qui résiste toujours, et une autre vue sur le nouveau système politique auquel notre peuple aspire et qui attend son heure», a expliqué Ali Benflis dans une tribune intitulée «L'itinéraire transitionnel», publiée sur le site de TSA.
Et d'ajouter : «En effet, le concepteur et l'architecte de l'ancien système politique est certes parti, de même qu'a été neutralisée la tête pensante des forces extra- constitutionnelles qui en ont pris les commandes depuis l'année 2013. Mais le système politique lui-même est titubant mais debout. Il garde son emprise sur les principales institutions de l'Etat, en l'occurrence la présidence de l'Etat, le gouvernement, le Conseil de la nation, l'Assemblée populaire nationale et le Conseil constitutionnel.»
Pour le président de Talaie El Hourriyet, «la haute administration qui a été à ses ordres est toujours en place et ses clientèles économiques sont loin d'avoir été totalement démantelées». «Les partis politiques qui lui ont témoigné une allégeance à toute épreuve entament des conversions douloureuses et se forcent à des reniements coûteux, mais avec le même personnel politique qui ne part que pour mieux revenir.
Les syndicats et associations qui ont échangé âme et conscience contre faveurs et privilèges n'ont pas désarmé. Après avoir été longtemps domestiquée, la justice entame une longue marche vers la conquête de son indépendance, mais sa cause n'est pas encore gagnée», a-t-il dénoncé, alors que les médias publics «semblent renouer avec leurs vieilles habitudes en dépit de quelques velléités d'indépendance réclamée à raison mais restée sans lendemain».
Ces constats montrent que l'Algérie «se trouve, en conséquence, à un point de bascule, mais le basculement vers la voie menant à la transition démocratique n'a toujours pas eu lieu.
La raison en est double : l'approche purement constitutionnelle du règlement de la crise maintient l'ancien système politique en place et, du même coup, la longévité indue dont bénéficie ce système obstrue la voie devant mener à la transition démocratique que le peuple veut», a-t-il analysé.
Affirmant que «l'élection présidentielle programmée pour le 4 juillet prochain est politiquement inopportune, matériellement irréalisable et foncièrement hasardeuse», Ali Benflis a souligné que, parmi les nombreuses options de sortie de crise, il faudrait «retenir la voie la plus courte, la plus sûre et la moins coûteuse pour le pays». «Les priorités absolues du moment sont au c?ur de ce choix vital.
Quelles sont-elles ' Il s'agit, d'abord, de combler au plus vite le vide institutionnel hautement préoccupant, dont la première victime est l'Etat national ébranlé, fragilisé et menacé. Il s'agit, ensuite, de relégitimer l'ensemble des institutions républicaines, en commençant par leur clef de voûte, en l'occurrence l'institution présidentielle.
Il s'agit, enfin, d'éviter au pays d'avoir à s'acquitter, pour prix de sa reconstruction démocratique, de coûts politiques, économiques et sociaux prohibitifs», a conclu le président de Talaie El Hourriyet.
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Posté Le : 15/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hocine Lamriben
Source : www.elwatan.com