Algérie

Ali Belhadj fait parler encore de lui



Ali Belhadj fait parler encore de lui
En 1990, des millions d'algériens croyaient aux discours des leaders du FIS. Combien sont-ils en 2012' Il n'y a pas eu de sondage en Algérie pour estimer ce qui en reste. Mais Il est certain qu'une majorité qui a suivi le FIS est déçue en voyant que certains qui les ont entraînés, s'enrichir rapidement et pour le reste, ils croient toujours au retour du FIS et à l'état islamiste et voient en Ali Belhadj le futur sauveur.
Lors d'un entretien accordé au quotidien français Libération, l'ancien numéro 2 du FIS, Ali Belhadj, s'est exprimé au sujet de la situation actuelle en Algérie, dénonce les résultats des législatives et revient sur la décennie noire.Autrefois féroce dans ses discours, il donne aujourd'hui l'impression d'un vieux félin captif. A Alger, Ali Belhadj, cofondateur avec Abassi Madani du Front islamique du salut (FIS, dissout en 1992), reçoit dans un salon tapissé de livres religieux et assure vivre à présent «à l'ombre de la politique ». Pourtant, à 56 ans, il se voit toujours comme «un recours silencieux», malgré «les années de prison » dont il fait l'objet de la part «du pouvoir algérien et des Occidentaux». Frappé par les autorités d'une interdiction de sortie du territoire, Ali Belhadj, qui aura passé «près de quinze ans en prison», affirme d'emblée «avoir été forcé de se retirer de la politique algérienne».La silhouette maigre, glissée dans une gandoura couleur cuivre, il entame immédiatement un monologue sur «le pouvoir» qu'il compare à «une grande boîte noire qui a lessivé les votes des dernières législatives». Ornement. Ali Belhadj, habitué depuis les années 90 à surfer sur les vagues de l'opinion publique, retrouve, dès qu'il s'agit du pouvoir, un terrible ressort : «Le score est si impressionnant pour le FLN, que lui-même se pose la question de sa propre exagération.» Cette victoire était tellement énorme qu'elle est devenue encombrante pour eux. Un tel succès aurait dû être célébré comme une finale de la Coupe d'Afrique des nations: klaxons, défilés, discours», ajoute-t-il avec ironie.Au sommet du pouvoir, on a une réponse: Ali Belhadj ne représenterait que lui-même et serait le dernier ornement des salafistes. Ensuite, il n'y aurait que les journalistes étrangers en manque de sensationnel qui le tirent encore d'un lourd sommeil politique. «Evidemment que le pouvoir fait tout pour amoindrir notre influence et répéter que nous ne représentons plus grand-chose dans la société algérienne. Mais le pouvoir ne peut ignorer la majorité silencieuse et notre appel au boycott», répond-il .
LES PARTIS ISLAMISTES ONT ETE BERNES COMME DES ENFANTS
Belhadj veut croire que la défaite des partis islamistes, réunis au sein de l'Alliance verte, est à mettre sur le compte «de la cupidité» de ces mêmes partis «qui ont cru qu'ils pourraient se jouer du pouvoir tout en en faisant partie. Ils ont été retournés par le pouvoir, qui s'est totalement joué d'eux. Je les avais pourtant prévenus, prétend-il. Vous ne pouvez pas être à l'intérieur de la machine, car la machine est plus forte que vous. Les partis islamistes ont été bernés comme des enfants. Ils ont été victimes de leur voracité en entrant au gouvernement. Ils croyaient en connaître les rouages, mais ils ont été dévorés par le système.» Tant et si bien que lui se voit toujours «comme un recours».A l'entendre, il serait même toujours entouré «de fidèles» à qui il s'adresserait le vendredi à l'issue de la grande prière, «malgré la surveillance» dont il fait l'objet. «Je sais seulement que nous sommes encore une masse silencieuse. Les partis islamistes ont tenté d'aspirer cette masse, mais les gens qui nous sont encore proches préféreront toujours l'original à la copie».
REMORDS
A la question: Un Etat islamique ' Ali Belhadj, contourne la question : «L'islam propose un système social et économique. Je ne crains pas les laïcs, je suis toujours prêt à parler avec eux. Je les reçois quand ils me sollicitent, et il y a en beaucoup. Le jour du dépouillement des élections législatives, Belhadj a tenté de se rendre à l'hôtel Aurassi, le centre de presse international. Dès qu'il s'agit d'évoquer sa coresponsabilité dans la décennie noire , le discours de Belhadj est toujours un peu le même : «Il faut se souvenir que le FIS a défendu les opprimés. J'ai toujours cru que, quand il y a une injustice, il faut la combattre. Oui, on a soutenu les nôtres dans leur résistance contre le système. J'ai quand même le droit d'exprimer mon point de vue, non ' Personne ne peut m'interdire de parler, à moins de me supprimer'» Et, pour la première fois, Ali Belhadj exprime un remords : «Si j'avais su que le pluralisme allait être écrasé par le pouvoir et que tout cela allait déboucher sur ce conflit armé' Oui, aujourd'hui je le dis, je me serai retiré de la politique pour éviter cette guerre.»




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