Son témoignage publié dans les colonnes du journal Le Monde en juin 2000, puis ce livre, Algérienne, furent à l’origine d’un débat douloureux mais salutaire sur l’usage de la torture durant la guerre d’Algérie. "Je souhaite, confiait Louisette Ighilahriz en exergue de son livre, que les français sachent qu’en Algérie, entre 1954 et 1962, il ne s’est jamais agi d’une opération de "maintien de l’ordre" ni d’une "pacification". J’écris pour rappeler qu’il y a eu une guerre atroce en Algérie, et qu’il n’a pas été facile pour nous d’accéder à l’indépendance. Notre liberté a été acquise au prix de plus d’un million de morts, de sacrifices inouïs, d’une terrible entreprise de démolition psychologique de la personne humaine. Je le dis sans haine. Le souvenir en est lourd à porter."
Née en 1936 au Maroc, la lycéenne algéroise est tôt engagée dans la lutte pour l’indépendance comme agent de liaison. Recherchée en pleine "Bataille d’Alger", notamment après l’arrestation de sa sœur Malika et de son groupe, le 8 juillet 1957, elle entre dans la clandestinité. Rejoignant le maquis, la jeune femme et son groupe se retrouvent encerclés le 28 septembre 1957 dans une ferme à Chebli dans la Mitidja. Grièvement blessée de cinq balles durant l’accrochage, rapatriée d’urgence dans un hôpital, elle passera plusieurs mois dans les locaux de la fameuse 10è D. P. à Alger. Elle y sera torturé et maintenue jusqu’au 20 décembre, date à laquelle le commandant Richard, un médecin militaire, la fait transférer en prison pour recevoir des soins. Elle fera ensuite les prisons de Barberousse et El Harrach à Alger, les Baumettes à Marseille, la Roquette à Paris et enfin Pau d’où elle est libérée le 10 décembre 1961.
Elle attendra 40 ans avant de trouver l’énergie de voir son histoire publiée. "Nous vivions dans une société traditionnelle dans laquelle il m’était très difficile de révéler et d’écrire tout ce que j’avais subi pendant les séances de torture de 1957, a-t-elle déclaré à la sortie de son ouvrage. En outre, pendant toutes ces années, j’étais à la recherche du commandant Richard qui m’avait arrachée aux tortionnaires de Massu. Je n’ai même pas eu l’occasion de lui exprimer ma gratitude, chose qui me tourmentait depuis 1962."
Le récit de Louisette Ighilahriz a été recueilli par Anne Nivat, prix Albert Londres pour Chienne de guerre (Paris, Fayard, 2000).
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Posté Le : 31/07/2007
Posté par : nassima-v
Source : www.algeriades.com