Algérie

Algérie - Zones steppiques et espaces oasiens: A protéger des agressions humaines



Algérie - Zones steppiques et espaces oasiens: A protéger des agressions humaines
C’est par cette sentence de l’ancien président des Etats-Unis d’Amérique, que Grégoire Kalbamatten, ancien secrétaire exécutif adjoint (UNCCD/ONU)- Convention des Nations unies de lutte contre la désertification-Genève-Suisse, a introduit sa communication lors du Colloque international qui s’est tenu du 22 au 25 mars au centre d’hôtellerie et de tourisme à Bou Saâda sous le thème : «Les villes historiques de la Méditerranée et leurs territoires. Le cas des zones steppiques et des espaces oasiens, état et perspectives : quelle stratégie de développement durable, rural et local ?»

L’orateur aura séduit l’assistance par la simplicité du propos discursif qui, en dépit de la gravité de l’état de dégradation des écosystèmes locaux et régionaux, interpelle non seulement les gouvernants, mais aussi le simple riverain. Le retard, relativement long qu’auront pris les Etats dits développés, notamment ceux de l’Occident, pour réagir à l’appel des pays en détresse économique, tenait beaucoup plus de facteurs idéologiques (opposition Pacte atlantique/Pacte de Varsovie) que d’absence de prospectives partenariales. Ce n’est, enfin, qu’après la chute du Mur de Berlin, que les pays développés consentent à envisager une aide au développement pour les pays qui en avaient le plus besoin. Et c’est ainsi que la communauté des pays en développement, dite Groupe des 77, et dont l’Algérie est un des principaux acteurs, s’est imposée comme interlocutrice incontournable dans la perception de la radicalisation des défis induits par les changements climatiques. La désertification en Afrique oblige 10 000 000 d’individus à quitter leur terre, 50 000 000, l’équivalent de la population de la Corée du Sud ou de l’Afrique du Sud, à la migration forcée. A ce titre, le Fonds mondial de l’environnement est ce précieux outil qui va permettre de mettre plus de moyens à la gouvernance de proximité des terroirs.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, en parrainant l’événement, a saisi l’opportunité de ce conclave scientifique pour valider, s’il en est besoin, l’approche préliminaire dans sa politique de gestion participative des terroirs. L’un des thèmes développés par ce département, a été justement : «Le Renouveau rural en Algérie : une politique au service des populations et des territoires ruraux.» L’atelier 3, présidé par le Pr Sid Ahmed Ferroukhi, secrétaire général de ce même département ministériel, avait pour intitulé : «Agriculture et développement durable : les espaces et territoires steppiques et oasiens, préoccupation centrale des politiques publiques. Née au pied du massif saharien, l’oasis de Bou Saâda ne pouvait être concurrencée sur sa représentativité territoriale qui allie : vieille médina-palmeraie, piémonts arides,steppe, cordons dunaires et zones humides, un spectre de biodiversité.

Parée de ses attributs historiques, elle ne pouvait que s’inscrire dans le réseau de la Conférence permanente des villes historiques de la Méditerranée(CPVHM), qui en est à son sixième (6e) colloque.

Présidée par Victor Batarseh, maire de Bethléem (Palestine), la Conférence des moyennes et petites villes du pourtour méditerranéen propose de fédérer des énergies afin d’agir de concert pour la promotion du patrimoine matériel et immatériel et de tisser des liens de partenariat mutuel par l’échange d’expériences et de savoir-faire locaux pour la préservation du cadre de vie. Pour ce faire, il est fait appel aux édiles et au tissu associatif pour une gouvernance de proximité, à l’effet d’épanouissement socioculturel à travers le développement durable.

Le professeur Giovanni Lobrano, secrétaire exécutif de la CPVHM - ISPROM–Italie - a, dans son intervention, rappelé dans quel contexte fut placée historiquement la ville. La notion d’Etat central résulte de l’expérience anglo-saxonne qui a consacré le premier Parlement dès 1295. Au-delà du pouvoir central, les populations étaient confiées au régime féodal vassalisé, et ce n’est qu’à l’obsolescence de ce mode de gouvernance qu’on se tourna vers les collèges électoraux. La ville, dans sa conception souveraine, a été d’abord méditerranéenne à l’exemple de Gênes ou de Venise… Et c’est en marge du colloque que s’est tenue l’assemblée générale de la CPVHM, en présence de nouveaux candidats de Tunisie, du Maroc et d’Algérie, notamment les élus de Bou Saâda et de Khobana de la wilaya de M’sila.

Ce regroupement de haute facture intellectuelle n’aurait probablement pas eu lieu si des universitaires-chercheurs nationaux n’avaient pas consacré beaucoup de leur temps et de leur énergie pour réunir un panel scientifique de plus de 60 experts venus de Suisse, de France, d’Italie, d’Espagne, de Hollande et du Maghreb. Il y a lieu de citer le Pr Aïssa Kadri, sociologue et directeur de l’Institut Maghreb-Europe (université Paris VIII), Pr Abdelkader Sid Ahmed, Economiste, Réseau euro-méditerranéen (STRADEM) et Pr Youssef Necib, sociologue (université d’Alger). La participation du Centre national de recherches anthropologiques préhistoriques et historiques (CNRAPH) a apporté, à travers ses communicants, plus d’éclairage aux débats du colloque.

A ce titre, Mme Ouiza Gallèze, chercheure dans cette même institution, a, dans sa contribution intitulée : «Le patrimoine immatériel et les textes juridiques y afférents», donné un séduisant aperçu sur ce que peut être un chercheur du cru. Virevoltant entre un arabe classique «light» et un français «utilitaire», elle focalisa l’intérêt de l’assistance par la concision synthétique et l’esthétique du langage. Au terme d’un parcours marathonien, comprenant pas moins d’une cinquantaine de contributions, le colloque a tenu toutes ses promesses par la qualité des contributions et la riche diversité des thèmes. Sur les 13 recommandations émises par les participants, nous restituons à titre simplement illustratif, les suivantes :

2 - Protéger l’environnement, en particulier les ergs et les oueds, ainsi que les palmiers, de toute agression extérieure due aux activités humaines.

9 - Renforcer le développement de l’agriculture oasienne et saharienne, dans le respect de la biodiversité et de l’environnement, en mettant l’accent sur la création de petites et moyennes entreprises de production et de services au profit des jeunes et des femmes.

10 - Mettre sur pied un comité technique bilatéral entre l’APC de Bou Saâda et la Conférence permanente des villes historiques de la Méditerranée.

11 - Développer le partenariat entre les deux parties en matière d’expertise et d’échange d’expériences.
Le 27 mars 2012.

Farouk Zahi : «La pauvreté où qu’elle soit est une menace pour la prospérité où qu’elle soit.» F. D. Roosevelt


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