Yasmine Terki, architecte spécialiste du patrimoine et commissaire du Festival culturel international de promotion des architectures de terre, Archi’ Terre, a réussi à relancer cette manifestation même en réduisant les activités.
En 2016, l’Archi’Terre n’a pas pu avoir lieu faute de budget en raison de la politique d’austérité appliquée par le gouvernement. Cette année, le Salon international du bâtiment des matériaux de construction et des travaux publics d’Alger (Batimatec) a accueilli le festival dans une démarche novatrice et solidaire. Un appui précieux puisque Archi’Terre aurait pu ne pas se dérouler.
«Nous avons le plus petit budget de tous les festivals. Par le passé, nous pouvions inviter jusqu’à quarante experts qui donnaient des conférences sans être payés. Ils participaient bénévolement. La force de frappe de ces experts a interpellé les ingénieurs et très vite se sont développés à l’université des recherches sur des matériaux à base de terre. Donc, il n’y a aucun doute sur l’efficacité de ce festival qui a une réelle mission de service public. Il est le seul à promouvoir le patrimoine architectural algérien. Nous espérons que les consciences vont s’éveiller et qu’on va de nouveau nous donner les moyens de travailler avec les jeunes, les futurs architectes et ingénieurs de tout le pays», a déclaré Yasmine Terki.
Elle a eu beaucoup de peine à trouver des sponsors.
«Nous sommes des gens qui avons toujours composé avec ce que nous avons. C’est une philosophie. Malheureusement, si nous n’avons pas un minimum, c’est difficile. Aller chercher un sponsor en lui disant que je suis un festival de l’Etat et que l’Etat ne me finance pas, c’est compliqué objectivement de le convaincre. Il n’y a pas de culture de sponsoring en Algérie. Peut-être qu’elle viendra, mais essayons de faire en sorte de la développer progressivement. En attendant, donnons à des festivals, comme Archi’Terre, qui font un travail de fond, les moyens pour continuer. Qu’on nous donne au moins une partie du budget habituel d’Archi’Terre», a-t-elle appuyé.
Le budget d’Archi’Terre, dégagé par le ministère de la Culture, était de 30 millions de dinars, le plus petit budget accordé à un festival international. Yasmine Terki et son équipe ont fait le porte-à-porte pour avoir des sponsors, mais n’ont pu avoir l’accord que d’une dizaine dont la Sonelgaz, l’Epau, l’ONCI et Granitex. Les sommes proposées par les autres sponsors n’étaient pas suffisantes pour couvrir les besoins financiers du festival.
Terres crues
L’Archi’Terre a été marqué par la présentation de l’exposition «Architecture en terre d’aujourd’hui» au niveau du hall et du préau de la salle de conférence Ali Mâachi (Safex) où étaient montrés les travaux des quarante finalistes de Terra Awards 2016, le 1er prix international des architectures contemporaines en terre crue (voire article de Nassima Oulbesir). Il s’agit de photos et de textes explicatifs de travaux déjà réalisés à travers le monde.
Le prix a été créé à la faveur de la Conférence Terra sur les architectures de terre qui se tient tous les quatre ans. La dernière conférence a eu lieu à Lyon en France en 2016.
«Nous avons réussi à obtenir gracieusement cette exposition avec l’aide de la commissaire, Dominique Gauzin Müller ainsi que Laetitia Fontaine, directrice des Ateliers Amaco, Caroline Breton, directrice de l’Agence Museo qui gère la location et la vente de cette exposition à travers le monde. Elles ont eu l’extrême amabilité de nous offrir les droits d’exploitation de cette exposition au lieu de nous la vendre connaissant nos moyens financiers limités», a précisé Yasmine Terki.
Selon elle, les droits ont été également offerts pour le CapTerre (Centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre) de Timimoun. Le CapTerre fera tourner l’exposition dans les départements de génie civil et d’architecture de toutes les universités du pays.
«L’exposition montre des travaux réalisés en terre sous des formes contemporaines. C’est le meilleur moyen de démentir l’idée fausse sur la non-utilisation de ce matériau. Lorsqu’on montre la photo et qu’on dise que c’est de la terre, les gens ont du mal à le croire. Il est dommage qu’aucun Algérien n’ait présenté sa candidature aux Terra Awards. J’espère que notre action permettra dans le futur à des architectes algériens de réaliser des travaux en terre pour qu’ils soient primés, pourquoi pas», a souligné la commissaire d’Archi’Terre.
Mercredi 26 avril, une journée de sensibilisation aux architectures de terre a été organisée à la salle Ali Mâachi en présence, entre autres, de Ilhem Belhatem, fondatrice de l’agence Atelier D, spécialisée en éco-conception et en systèmes constructifs, de Jean Marie Le Tiec, enseignant chercheur au sein du laboratoire CraTerre de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble (France) et Lara Davis, architecte américaine, co-directrice de l’Auroville Earth Institute (AVEI) en Inde. Elle a évoqué «la réintégration culturelle des technologies de construction en terre».
Voilà une tendance artistique et technique qui peut intéresser les jeunes architectes algériens.
Fayçal Métaoui
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Posté Le : 28/04/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Fayçal Métaoui
Source : elwatan.com du vendredi 28 avril 2017