Yasmine Bouchène, chef d'entreprise à 23 ans ne déconnecte que quand elle dort ! (Ph Nejma R)« Il n'y a que quand elle dort, qu'elle est déconnectée », plaisante une amie. Elle exagère à peine. Entre son ordinateur, son smartphone et sa tablette, Yasmine Bouchène confesse être en ligne de 8 heures à minuit. Forcément, sa passion c'est le Web. En 2010, elle lance Jam Mag, un magazine en ligne spécialisé dans les nouvelles technologies. « Jam qui signifie embouteillage en anglais renvoie à l'expression algérienne « n3mar el q3ra » qui veut dire « remplir les bouteilles », soit raconter des potins, faire circuler l'information », explique Yasmine. Avec 40.000 visiteurs par mois, Jam Mag se classe aujourd'hui parmi les premiers sites algériens dans le secteur des TIC (technologies de l'information et de la communication). L'aventure pure-player se poursuit en 2011 lorsqu'elle crée Vinyculture, un site bien connu des internautes algériens qui y trouvent un précieux agenda des sorties culturelles. Clair et complet, le site séduit. En deux ans, « Viny », comme le surnomme affectueusement sa fondatrice, voit sa fréquentation augmenter de 120 % pour atteindre 50.000 visiteurs par mois. « Une dizaine de rédacteurs, bénévoles et salariés, participent aux deux publications », informe la geek algérienne qui fourmille d'idées pour ses deux projets. Passionnée mais surtout douée, Yasmine Bouchène a fait du Web son métier. « Après le bac, j'ai été orientée vers la fac mais je n'étais pas emballée, raconte la jeune fille, j'ai pris une année de césure pour travailler à El Watan week-end où je m'occupais de la rubrique high tech ». Depuis, elle n'a plus jamais quitté le monde du virtuel. « Pendant mon cursus à l'Institut international de management d'Alger (INSIM), dès que je sortais de cours, j'allais travailler dans une boîte de digital », poursuit-elle. Jusqu'à ce qu'elle devienne consultante digital pour des multinationales, à son propre compte. « J'ai mis quatre ans à faire comprendre à mes parents ce que je faisais », avoue Yasmine amusée. « J'ai poursuivi mes études pour les rassurer car je savais que ce que je voulais faire était une nouvelle profession pour lequel il n'existe aucune formation actuellement ». Douce mais déterminée, la voilà déjà chef d'entreprise. A 23 ans, tout juste révolus.
La fibre maghrébine
Son métier elle l'a donc appris toute seule. A explorer, tester et s'approprier les dernières nouveautés du Web. Réseaux sociaux avant tout. Elle fait partie des premiers algériens inscrits sur Twitter, à l'époque où leur nombre se comptait sur les doigts de la main. Trois ans plus tard, son compte est « suivi » par 6,851 tweeple comme on dit dans le jargon du site de microblogging. « Twitter, c'est génial, je hais Facebook ! », s'exclame Yasmine avant de raconter l'inoubliable mobilisation de ses amis « twittos », en 2012, contre le ministre de l'Education nationale algérien, Mustapha Benbouzid. « On recevait des messages de soutien du monde entier, se souvient-elle, Benbouzid dégage a été tweeté dans toutes les langues ». Deux mois après le début des protestations sur la Toile, le ministre présentait sa démission. « On aime dire qu'il est parti à cause de nos tweets, même si c'est pour une autre raison », confie en souriant la jeune fille. Outre les campagnes de solidarité, tous les sujets sont bons pour des échanges entre Maghrébins, « toujours dans une ambiance bonne enfant », assure l'inconditionnelle des « gazouillis ». « Les Tunisiens nous taquinent sur la 3G que nous n'avons pas encore, les Marocains nous parlent de cette frontière fermée entre nos deux pays ». L'entente et l'entraide dominent, au-delà des guéguerres entre gouvernements. C'est ça qu'elle aime Yasmine. Etre connectée aux autres. Et au monde.
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(*) Maghreb Emergent vous propose une série de portraits des participants au Festival Algérie en mouvement, qui aura lieu du 12 au 16 novembre prochain en France, à Paris, Montreuil, Nanterre et Aubervilliers. Plus d'informations sur leur site web.
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Posté Le : 03/11/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nejma Rondeleux
Source : www.maghrebemergent.info