Algérie - Revue de Presse


De l?incompétence au pouvoir, c?est un sujet classique. De la bêtise au pouvoir aussi, longue thèse ouverte sur le grand ratage d?un pays qui a tout pour réussir. Mais en dehors de l?observation directe, il y a une méthode utilisée par les gouvernants quand le processus de développement est compromis. Ceux-ci n?ayant jamais tort, ils trouvent régulièrement un ennemi à désigner au peuple pour qu?il comprenne pourquoi la machine ne marche pas. Après le réactionnaire bourgeois et le mangeur de terres socialistes des années 60, l?ennemi impérialo-sioniste et le capitaliste vertical des années 70, après l?islamo-terroriste et le mangeur d?enfants des années 80, voici le nouvel ennemi, le spéculateur. Nommément cité dans tous les discours officiels, le spéculateur est un mélange de tous les ennemis cités, hydride parfait et décadent, ultralibéraliste sans âme, d?origine juive, de père harki et de mère coiffeuse. Multimédia, le spéculateur remplit toutes les (mauvaises) fonctions. Il spécule sur la pomme de terre, l?huile et la semoule, sur le taux de fécondité des dirigeants. Il spécule sur les récoltes, la pluie et le beau temps, le niveau de vie des douaniers et l?avenir du container. Il spécule sur les résultats des élections prochaines et se place. Il spécule sur les nominations et se déplace. Il spécule sur le retard des chantiers et les avancées sociales. Bien sûr, comme l?agent comptable de la mafia policito-financière ou le directeur financier du cabinet noir, le spéculateur reste indéfini. Il est là, partout, à tous les niveaux et passe son temps à grignoter les acquis de la révolution, à saper les valeurs de novembre et corrompre les printemps. Ce qui arrange les gouvernants qui n?ont à arrêter personne et à nommer aucun personnage en particulier. Le spéculateur est utile. Les gouvernants le savent et spéculent déjà sur le prochain ennemi.


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