Délaissée depuis des décennies, la fraise de Skikda, la plus succulente de toutes les variétés et dont l’histoire remonte à 1890, est appelée à renaître de ses «terres» et reprendre son trône de fragrance et de saveur.
Elle vient d’être portée sur la première liste des projets retenus par le nouvel incubateur de l’université de Skikda. Cet incubateur est lui-même un acquis pour la recherche, pour la création de startup et aussi pour la valorisation et la préservation de la biodiversité locale.
Pour synthétiser, un incubateur, appelé aussi «accélérateur de start-up», est une structure d’accompagnement pour les porteurs de projets innovants de petite et moyenne entreprise.
«C’est grâce aux projets innovants relevés dans les actions des clubs scientifiques que nous avons maturé l’idée de la création de notre incubateur et exprimé notre demande et la tutelle, via la direction de la recherche et du développement technologique, qui nous a accordé son aval. D’ailleurs, l’arrêté relatif à cet acquis sera bientôt publié dans le Journal officiel», explique Salim Haddad, recteur de l’université du 20 Août de Skikda.
Agissant par anticipation, l’université a déjà entamé plusieurs actions qui devraient permettre de concrétiser ce projet en affectant déjà les bâtiments devant accueillir l’incubateur et en installant le chef du projet.
«Pour lancer le projet, nous nous sommes concertés avec l’ensemble des intervenants, entre chercheurs et clubs scientifiques et on a retenu l’idée d’inaugurer notre incubateur par des projets relevant du domaine agronomique, environnemental et énergétique», ajoute notre interlocuteur.
L’intérêt premier accordé à l’agronomie répond, selon M. Haddad, à la présence au sein du campus d’une riche biodiversité héritée de l’ancienne école d’agriculture. A cela s’ajoutent des moyens technologiques conséquents de recherche en agriculture, sans parler des spécificités floristiques propres à la wilaya de Skikda, d’où l’intérêt porté à la fraise locale.
«L’université dispose déjà de serres à régulation climatique, du laboratoire Skylab dédié à l’intelligence artificielle et de grandes parcelles de terre végétales que nous avons affectées au projet de l’incubateur. Pour la fraise autochtone, nous allons étudier l’adaptation de cette souche et envisager l’éventualité d’une production en continu», rajoute le recteur qui tiendra à préciser que d’autres produits feront également partie du projet.
«Après la fraise, nous allons étendre nos travaux aux agrumes dont certaines variétés datent de la période coloniale tout comme l’avocatier et le litchi de Chine, un arbre fruitier aux fruits comestibles ainsi qu’une collection de 13 variétés de rosiers, héritées de l’ancienne Ecole d’agriculture. Toute cette richesse sera proposée à la valorisation et à la multiplication pour se prêter à un projet de commercialisation», indique encore le recteur.
A ce propos, il serait utile de rappeler que la richesse héritée de l’ancienne école d’agriculture de Skikda vient en seconde position au niveau national, en termes d’importance, après celle du Jardin d’Essai d’Alger.
Pour mener à bien ces projets et intéresser d’éventuels créateurs d’entreprises, l’université s’est donnée, selon son recteur, toutes les garanties de la réussite.
«L’incubateur sera épaulé par une station expérimentale rattachée au Centre national de recherches en biotechnologie de Constantine. Nous avons également impliqué les services agricoles de la wilaya, les clubs scientifiques, nos chercheurs ainsi que le mouvement associatif, comme l’association des producteurs de la fraise locale ainsi que celles des femmes rurales. Notre mission à travers cet incubateur est d’accompagner toute personne qui voudrait se lancer dans la création d’une entreprise en respectant, il va de soi, les cahiers de charges établis à cet effet», explique M. Haddad en signalant que dans le moyen terme, l’incubateur aura à lancer d’autres projets relevant du domaine de l’environnement, de l’énergie et de la robotique.
A relever que l’incubateur de l’université de Skikda dispose d’une infrastructure adéquate se prêtant parfaitement à son rôle technique et pratique. Une ancienne ferme datant de l’ère de l’Ecole d’agriculture qui lui a été affectée dispose en effet de toutes les commodités et se compose, sommairement, d’un bureau d’affaires, d’un hall d’exposition et de vulgarisation, de salles d’enseignement, de serres et de quatre laboratoires.
Photo: La fête de la fraise de Skikda, photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration du présent article
Khider Ouahab
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 04/02/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Khider Ouahab
Source : elwatan.com du mercredi 3 février 2021