Algériens et Européens tiendront aujourd'hui le 4è round des négociations
sur le changement et l'ajournement du calendrier du démantèlement tarifaire
d'une liste précise de produits.
C'est hier soir que les négociateurs de la Commission européenne
sont arrivés à Alger. Le 4è round débutera aujourd'hui et s'étalera au 1er juin.
Contacté hier à ce sujet, l'ambassadeur de la délégation européenne à Alger a
été avare de déclarations. Elle se contentera d'exprimer son optimisme à
l'endroit d'une négociation qu'elle souhaiterait se conclure durant ce round. «Je
reviens de Bruxelles, mes collègues m'ont dit qu'ils ont énormément travaillé
sur la liste restreinte des produits, qu'ils ont déployés de grands efforts
pour satisfaire les demandes algériennes,» nous a dit Laura Baeza.
Les Européens espèrent beaucoup de ce rendez-vous parce qu'ils avaient entendu
le MAE dire que «la délégation algérienne a reçu instruction pour conclure»
C'était le 16 mai dernier à la résidence El Mithak, lorsque
Mourad Medelci avait animé une conférence de presse
conjointement avec le commissaire européen chargé de l'élargissement et de la
politique européenne de voisinage. L'ambassadeur pense que l'optimisme du
ministre est basé sur «des gestes concrets» de la part de la CE. «L'Algérie pense qu'on est
prêt pour conclure,» a-t-elle indiqué. Mme Baeza se
refusera à tout commentaire sur le dossier. Les autorités algériennes, fidèles
à elles-mêmes, refusent de communiquer que ce soit au MAE et au Commerce. «On a
beaucoup travaillé de part et d'autre sur la liste des produits dont le
démantèlement tarifaire devra être ajourné, nous nous sommes entendus sur des
choses concrètes,» se contentent de dire ceux des responsables algériens que
nous avons contactés.
«L'Algérie doit changer d'attitude vis-à-vis de l'Union européenne,» a
déclaré le ministre des Affaires étrangères au commissaire européen chargé de
l'élargissement et de la politique européenne de voisinage lors de sa visite à
Alger, le 16 et 17 mai derniers. «Si c'est le cas, vous devez communiquer,» lui
a rétorqué Stephan Füle. Ces deux phrases à elles
seules semblent avoir fait des émules au sein de la Commission européenne
en raison des frictions qui refont de temps à autre surface entre l'Algérie et
l'UE et émaillent par conséquent, la mise en Å“uvre de l'accord d'association
qu'elles ont cosigné en 2001. Depuis cette date, chaque partie guette l'autre
pour déceler le moindre indice de satisfaction susceptible de positiver leurs
rapports. Ou le contraire. La visite du commissaire européen le 16 et 17 mai
dernier à Alger en a été l'un des meilleurs baromètres.
Le 25 mai dernier, l'Algérie a
participé à Bruxelles à une réunion sur la situation économique en Europe sous
les effets de la crise financière mondiale. L'Algérie y a été conviée comme à
chaque fois, pour donner aux Européens des informations et des statistiques sur
son économie. «La séance d'échange d'information se passe toujours bien,»
rassurent des sources à Bruxelles. Il y a cependant «un mais» qui souligne que
«tout se passe bien dans les coulisses mais publiquement, l'Algérie ne
communique pas. Et quand certains responsables le font, c'est pour critiquer…»
«Une négociation laborieuse»
Les Européens s'estiment pourtant satisfaits de la qualité de leurs
relations avec les pouvoirs publics. «Nous avons près de 7 sous-comités qui se
réunissent par an, nous avons des missions de plus d'une cinquantaine de
responsables, l'Algérie est toujours présente aux réunions européennes, donc ça
marche bien entre nous…». La CE
indique comme «autre point positif» la mise en place d'un comité de lutte
contre le terrorisme sur une proposition que l'Algérie a exprimée en 2005. Des
hauts responsables européens sont venus à Alger pour «essayer de comprendre les
demandes de l'Algérie, c'est difficile d'y arriver…». L'on note du côté de
Bruxelles qu' «il y a des choses qui marchent très bien comme pour l'aide que
nous fournissons à l'administration algérienne qui, faut-il le dire, fonctionne
mieux aujourd'hui. Nous avons initié une méthodologie pour aider les PME, la
société civile (…). Notre coopération avec l'Algérie est une petite merveille. Les
Algériens sont demandeurs. C'est ainsi une cinquantaine de millions d'euros qui
s'ajoutent chaque année.»
Mais «le seul problème que nous avons c'est le démantèlement tarifaire,» pensent unanimement les Européens de Bruxelles. «D'abord, rappellent-ils,
il y a eu la LFC 2009
qui allait à l'encontre de 4 dispositions de l'accord d'association.» Une LFC
en faveur de laquelle le MAE algérien a fait valoir les clauses de sauvegarde
contenues dans l'accord en question. Les Européens disent comprendre la chose
puisque Medelci «a dit qu'il y avait danger pour
l'économie nationale.»
Reste que Bruxelles nuance sa
satisfaction en avouant qu' «il est difficile de revoir une liste de 1450 produits
(35% de la liste globale) et 65 quotas agricoles en trois jours.» Les Européens
estiment qu'«il faut argumenter produit par produit, c'est ce que nous avons
fait durant les 3 rounds précédents… C'est une négociation technique très
difficile.» Le gouvernement algérien a certes, disent-ils, affiché sa volonté
de conclure en ce 4ème round mais on ne sait pas si ce sera possible parce que
c'est laborieux.» Pire encore à leurs yeux «on dirait que c'est le sujet
politique par excellence pour l'Algérie.» Ils se demandent alors «qui a intérêt
à politiser ce dossier ?!?», même s'ils s'accordent sur une réponse «il y a des
tendances différentes au sein du gouvernement qui font que l'accord
d'association est devenue une balle de ping-pong sur la scène politique.»
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Posté Le : 30/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : G O
Source : www.lequotidien-oran.com