Algérie - Actualité littéraire

Algérie : une place au Soleil, pour la librairie familiale de Tlemcen



Algérie : une place au Soleil, pour la librairie familiale de Tlemcen
Entretien – La Librairie Soleil a été créée à Tlemcen en 1972 par le père de Sélim Bouali, Sid-Ahmed Bouali, autodidacte, historien et écrivain, mais également conseiller culturel de la SNED (Société nationale d’Édition et de Distribution). « Mon père a fait de cette librairie un lieu de rencontre d’intellectuels et d’écrivains algériens, parmi lesquels Kateb Yacine, Mohammed Dib et le sociologue Nadir Maarouf… ».


Selim Bouali


Après une fermeture en 1987, Sélim Bouali a décidé, en 1994, de relancer la librairie avec l’assistance de son père. Forte de son dynamisme et de sa réputation, la librairie Soleil s’est agrandie en 2007, passant de 30 à 45 m2. La demande du public et de bons résultats l’ont encouragé à aller plus loin. « En 2014, j’ai ouvert une deuxième librairie, cette fois-ci de 240 m2, dans Tlemcen, à proximité du premier emplacement. » Pour ActuaLitté, il brosse un état des lieux et des livres, dans le pays.

ActuaLitté : Quelles sont les spécificités historiques du marché du livre en Algérie ?

Sélim Bouali : En Algérie, le secteur du livre a connu une importante évolution ces 15 dernières années. Plusieurs importateurs, faisant venir des livres de France et des pays arabes, sont apparus sur le marché. Rappelons qu’en Algérie, les libraires n’importent pas directement et ils doivent passer par des importateurs. Cela impacte beaucoup notre manière de travailler.

Par ailleurs, l’édition algérienne s’est dynamisée avec la création de nombreuses maisons d’édition locales, qui offrent une production de plus en plus diversifiée et de qualité. L’Algérie est un pays où la jeunesse est estimée à 75 % de la population. Ainsi, la création de nouvelles universités a donné un coup de fouet à un lectorat qui ne cesse d’augmenter. C’est plutôt encourageant.

A ce jour, à quelles problématiques rencontrez-vous ?

Sélim Bouali : En Algérie, le libraire travaille encore à l’ancienne et le distributeur de livres fait presque du porte-à-porte. Ce dernier se déplace de ville en ville, proposant son stock de livres acheminés dans un fourgon. Il y a, aussi bien, des livres importés que des ouvrages édités localement.

Le libraire passe alors sa commande grâce aux échantillons présentés et il est ensuite livré à domicile. Pour les fournisseurs qui ont une très large offre, nous recevons des listings ou des mails et notre choix ainsi que nos commandes se concluent sur ces bases-là. Mais il est souvent utile de se déplacer notamment jusqu’à Alger (525 km) pour dénicher « la perle rare ».

Nous connaissons bien le marché du livre en Algérie et savons nous adapter aux différents cas de figure, en matière d’approvisionnement pour satisfaire toutes les demandes de nos clients. La Librairie Soleil est devenue une référence dans tout l’Ouest algérien.




Comment établissez-vous votre sélection d’ouvrages mis en avant ?

Sélim Bouali : Dans nos librairies, nous mettons en avant les nouveautés, car le public est très demandeur et réactif. Cela complète et anime notre fonds qui est déjà conséquent. De plus, nous célébrons les évènements historiques nationaux et internationaux par des sélections thématiques de livres. Ainsi, notre librairie reste toujours vivante et attractive pour nos clients-lecteurs.

Quelles sont vos relations avec les distributeurs ?

Sélim Bouali : On a d’excellentes relations avec nos fournisseurs locaux, aussi bien les distributeurs de livres importés et les éditeurs algériens, car nous travaillons dans la confiance totale, le respect, le sérieux et la sérénité.


Que vous apporte le réseau de l’AILF ?

Sélim Bouali : Grâce aux cycles de formation dont j’ai bénéficié de la part de l’AILF l’ASLIA (Association des libraires algériens) et le BIEF dans le domaine de la librairie, l’amour du livre grandit dans mon cœur transformant mon activité de commerçant en celle de libraire.

Les occasions de rencontrer mes confrères d’autres pays sont aussi une chance et une opportunité pour s’ouvrir à d’autres idées et d’autres pratiques. J’ai ainsi pu mettre en place, dans mes deux librairies, beaucoup de choses apprises lors des formations et des rencontres professionnelles. Nous allons à Alger, à Casablanca, à Paris, pour rencontrer nos confrères, alors maintenant nous vous attendons tous à Tlemcen.

Quel regard portez-vous sur l’industrie du livre ?

Sélim Bouali : Le monde moderne impose le changement en tout. L’industrie du livre est contrainte à mettre sur le marché beaucoup de nouveautés, ce qui entraine un énorme gaspillage de livres et de papier. Pour survivre, elle est obligée de rechercher coûte que coûte les succès de librairie, parfois au détriment de la qualité des ouvrages publiés. Mais heureusement il restera toujours de grands auteurs et de grands textes pour le plus grand plaisir des lecteurs.


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