Les caravaniers issus de tous bords sillonnaient l’Afrique du Nord et l’Afrique noire, ainsi que les autres zones leur constituant un espace économique au sein duquel les échanges étaient pratiqués aisément.
Les dimensions géopolitiques et économiques du commerce caravanier ont été mises en exergue, hier, à l’université de Tamanrasset, lors du premier colloque international virtuel sur la thématique auquel ont pris part six pays étrangers, à savoir l’Égypte, le Maroc, la Lybie, la Tunisie, le Mali et la Mauritanie.
Le président de ce séminaire, qui a eu lieu sur la plateforme de communication des réunions vidéo unifiées Zoom, Mohammed Hoggari, a, de prime abord, mis en relief la nécessité de revisiter l’histoire de ce créneau d’activité, particulièrement la pratique du commerce caravanier qui était à l’origine de la création des structures humaines et du développement des maillages de marchands.
Les caravaniers issus de tous bords sillonnaient l’Afrique du Nord et l’Afrique noire, ainsi que les autres zones leur constituant un espace économique au sein duquel les échanges étaient pratiqués aisément. Ceci était rendu possible, explique l’intervenant de l’Institut égyptien de tourisme et d’hôtellerie, Ismaïl Hamed Ismaïl Ali, par le fait que l’ensemble des acteurs avait intérêt au bon fonctionnement du négoce caravanier.
Les différentes utilisations des méharis, ajoute l’orateur, a permis donc de définir et de matérialiser des espaces contrôlés par les caravaniers ainsi qu’un certain nombre de territoires marchands. Ces vastes territoires, dont les limites n’étaient pas fixes, s’organisaient principalement autour des éléments qui les rendaient viables, c’est-à-dire les points d’eau, les ressources en pâturage et les voies de circulation.
L’universitaire marocain, Mohamed Safi, a passé en revue le système d’échanges caravaniers qui faisait partie intégrante de l’économie pastorale des régions sahariennes, en leur permettant un approvisionnement en marchandises indispensables.
À ce propos, il a fait savoir que le rôle des commerçants était également de contrôler les territoires et les populations qui y vivaient, mais aussi de maîtriser les rapports de production qui y prévalent. Pour rappel, certains produits essentiels, tels que les tissus, le sel ou les céréales ne pouvaient être obtenus que par la pratique du négoce caravanier.
L’économie des régions frontalières a toujours fonctionné en complémentarité avec d’autres, particulièrement celles du sud saharien, afin d’obtenir ces compléments indispensables en aliments et en équipements indique pour sa part l’universitaire libyenne, Asmahane Maâti, non sans évoquer les difficultés et les menaces d’ordre sécuritaire qui pesaient sur les caravaniers.
L’oratrice a parlé des attaques de caravanes qui se sont intensifiées à Tripoli à l’époque de l’occupation ottomane, ainsi que de l’accroissement des exactions qui serait mis en relation avec l’introduction d’un grand nombre d’armes en provenance des circuits de contrebande.
L’incapacité des autorités officielles à maîtriser les brigands contrebandiers, l’étendue des territoires entre la Méditerranée et le sud du Sahara, la pauvreté de certaines tribus nomades et le sentiment d’impunité des pilleurs ont fait que le brigandage et les attaques de caravanes se sont multipliés tout au long des itinéraires des caravanes commerciales, jusqu’à atteindre une importance telle que les commerçants des grandes places marchandes d’Afrique du Nord hésitaient à faire traverser le Sahara à leurs marchandises.
Dans le même ordre d’idée, la doctorante de l’université de Constantine, Afaf Arzoul, a évoqué, de son côté, les dynamiques internes qui régissaient les pratiques caravanières au Maghreb central et au Soudan.
Elle a aussi mis l’accent sur l’évolution de cette pratique et son adaptation aux nouvelles exigences économiques des époques qui justifiaient une grande partie de l’élevage camelin et facilitaient, du coup, les mouvements d’échanges avec les régions situées au Sud.
Après des siècles de prospérité, les échanges caravaniers au Sahara central subirent un important déclin, a conclu l’intervenante.
Il est à noter par ailleurs, que près de 50 interventions ont été retenues pour cette manifestation scientifique placée sous le thème: “Le commerce caravanier en Afrique, Sud saharien et Nord africain”.
Photo: Dans les régions du Sahara, le métier du négoce était réservé aux caravaniers. © D. R.
RABAH KARÈCHE
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Posté Le : 09/12/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : RABAH KARÈCHE
Source : liberte-algerie.com du mardi 8 décembre 2020