Algérie

Algérie – UE: Un sursis de trois ans



La réunion du Conseil d'association Algérie-UE s'ouvre ce dimanche en fin de journée à Bruxelles. Il sera question d'un nouvel échéancier du démantèlement tarifaire, repoussé à l'année 2020.  

Annoncée pour mercredi passé, la cinquième rencontre du Conseil d'association Algérie-UE s'ouvre, finalement, ce dimanche en début de soirée à Bruxelles avec pour objet, la révision du calendrier du démantèlement tarifaire douanier entre les deux partenaires. Rappelons que c'est l'Algérie qui souhaite reporter la suppression de taxes douanières sur tout un contingent de produits agricoles et industriels à l'orée de l'année 2020, au lieu de celle de 2017, comme convenu dans l'Accord d'association. Dans le détail, il serait fastidieux d'énumérer la liste des produits concernés par le report. Cependant, il est clair que dans le volet agricole, se sont les produits de large consommation tels le blé, les produits laitiers, les sucres, les huiles, etc. qui posent problème dans l'équilibre de la balance commerciale algérienne. Notre pays, étant un importateur de premier plan de ces produits de base, se trouve, dans les conditions actuelles, privé d'une large part de recettes fiscales. De plus, un tel mécanisme «tuera» toute volonté d'investissement dans le monde agricole, qu'il soit privé ou public. Le secteur industriel, hormis celui des hydrocarbures, discuté séparément, n'est pas lui aussi à l'abri d'une «faillite» dans ces mêmes conditions. Il ne s'agit pas pour l'Algérie de lever un mur contre les importations industrielles, mais de réguler en fonction de sa stratégie industrielle les «contingents de produits» dont elle a besoin et d'autre part, mettre en place une échelle de taxes et impôts sur les produits concurrentiels aux produits nationaux.

La faiblesse de production et surtout de productivité du secteur industriel national n'est un secret pour personne. Aujourd'hui, plus de 2.300 produits importés de l'UE sont exemptés à des degrés divers de taxes et impôts douaniers. 252 produits agricoles bénéficient de «concessions tarifaires» spécifiques. La direction du Commerce extérieur algérien estime que «pour un dollar exporté - hors hydrocarbures -, l'Algérie en importe 20 dollars.» Au-delà de ces chiffres et statistiques qui ne surprennent guère, la question est de savoir si le report de trois années (de 2007 à 2020) pour la levée totale de toutes les barrières douanières suffira au pays à se hisser à un niveau concurrentiel à celui de l'UE.

Autrement dit, opérer de sérieuses réformes économiques (et politiques) en l'espace de trois années supplémentaires. A titre comparatif, les pays de l'Europe centrale et orientale (PECO), qui ont rejoint l'UE ces dernières années, peinent à accéder à des niveaux de production et de compétitivité comparables à ceux de l'Europe occidentale, et ce, malgré des soutiens financiers appréciables.

 Par ailleurs, lors de la rencontre de demain à Bruxelles, la délégation algérienne ne négociera pas uniquement le report du démantèlement tarifaire sur certains produits. Elle lèvera les taxes sur d'autres produits, comme annoncé lors de la rencontre, le 16 mai dernier Alger, entre le commissaire européen en charge de l'élargissement, Stefan Füle, et le ministre des A.E. algérien , Mourad Medelci. Signalons au passage que lors de cette rencontre à Alger, les deux partenaires ont paraphé la création d'un sous-comité de «dialogue politique, sécurité et droits de l'homme.» La Commission européenne s'est «empressée» de publier dans le journal officiel de l'UE, 4 jours après, soit le 20 mai, le décret de création dudit «sous-comité». Il énonce, bien sûr, la série de conditions politiques à une coopération économique globale: respect des droits de l'homme, liberté de presse et d'opinion, lutte contre la corruption, bonne gouvernance, etc.




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