La révision de l'Accord d'Association UE- Algérie est une procédure
légale et contenue dans l'Accord. Par contre, la nature des économies des deux
parties pose un problème. C'est le budget de l'Etat qui finance toute
l'économie de l'Algérie, alors qu'en Europe c'est le secteur privé.
L'Accord d'Association Algérie - Union européenne contient une clause
permettant à l'une ou l'autre partie signataire de demander sa révision
partielle, totale, voire son abrogation totale. Pour une révision partielle ou
générale, la partie demanderesse doit en informer l'autre partie, 3 mois
auparavant. Pour l'annulation totale de l'accord, le délai de 6 mois est
nécessaire. Il n'y a donc rien d'exceptionnel à l'actuelle demande algérienne
de revoir certaines dispositions de l'Accord d'Association qu'elle a signé avec
l'UE, en avril 2002, et qui est entré en vigueur en septembre 2005. Depuis, il
ne se passait pas une seule année où l'Algérie n'a pas signalé telle ou telle
anomalie dans la mise en application des termes de l'accord, sans que la Commission européenne
ne prenne la peine d'examiner avec sérieux les réserves algériennes. Cinq
années après, en septembre 2010, l'Algérie manifeste une vraie inquiétude. Pourquoi
? Parce que le démantèlement tarifaire (suppression progressive des taxes et
droits douaniers) touchera dès 2013 une deuxième catégorie de produits
industriels et manufacturés plus large, importés d'Europe. L'Accord précise que
la suppression des tarifs douaniers touchera une première gamme de produits
industriels, dès l'entrée en vigueur de l'accord en septembre 2005 pour être
élargie, en 2013 à l'ensemble des produits industriels, et finir par concerner
le domaine des services (banques, assurances, etc.) à l'horizon 2017. En
contrepartie, l'UE doit assister l'Algérie dans la restructuration et le
perfectionnement des ses outils de production, notamment par une assistance
technique, scientifique, financière, etc. Malheureusement, le constat fait par
l'Algérie n'est pas brillant. Pour faire simple, l'UE continue d'écouler ses
produits industriels, manufacturés (y compris ceux qu'elle fabrique ou importe
d'Asie ou d'Afrique) sans taxes douanières, sans la contrepartie promise, à
savoir l'aide financière, technique et scientifique conséquente. Cette
situation de déséquilibre crée, dans les circonstances actuelles, un
désavantage certain à l'Algérie. Encore une fois pourquoi ? Est-ce un manque de
volonté de l'UE d'honorer ses engagements ? Difficile à croire. Diverses causes
sont à l'origine de se déséquilibre, dont la plus importante est la nature même
des deux économies.
L'activité économique en Europe
relève et est soutenue à 90 % par le secteur privé qui finance par la fiscalité
les services publics. C'est l'inverse en Algérie. C'est le budget de l'Etat qui
finance l'ensemble des besoins publics : santé, enseignement, logement, emploi,
etc. Dans ces circonstances, l'érosion rapide des rentrées fiscales et
douanières de l'Etat (taxes douanières) entre 2005 et 2010 porte un sérieux
coup aux programmes du gouvernement qui en plus, n'a pas bénéficié de
l'accompagnement financier et technique conséquent et attendu de la part de l'UE. Les retombées de l'Accord d'Association auraient pu
être plus dramatiques, n'était-ce l'embellie financière dont a bénéficié
l'Algérie grâce à la manne des hydrocarbures de ces dernières années. Par
ailleurs, l'autre chapitre de l'Accord qui pose problème et dont la presse en a
largement évoqué les conséquences est celui de la Justice et Affaires
intérieures (JAI). Il concerne la libre circulation des personnes. Il ne s'agit
pas d'admettre l'Algérie dans l'espace Schengen, mais d'élargir et de faciliter
l'octroi de visas aux Algériens. En contrepartie l'Algérie accepte que l'UE lui
renvoie les migrants illégaux.
Cela peut aussi concerner les prisonniers
algériens en Europe qui souhaiteraient purger leur peine en Algérie. Ici, aussi
l'Algérie qui n'a pas encore finalisé totalement les détails de ce chapitre, remarque
plutôt une réduction du nombre de visas et la multiplication des difficultés
pour leur délivrance. Pour toutes ces raisons, en souhaitant revoir les termes
de l'Accord d'Association, l'Algérie ne fait qu'appliquer une règle de droit
international, contenue dans l'accord lui-même, et défend aussi ses propres
intérêts. Signalons enfin, que l'Algérie l'a signifié, officiellement à l'UE en
septembre 2010 et l'a expliqué dans le détail, lors de la réunion
interparlementaire UE - Algérie, tenue à Bruxelles en octobre dernier.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com