La coopération algéro-tunisienne réalise de « bons points ». Mais Alger
et Tunis restent convaincus qu'il existe encore des secteurs « en deçà des
ambitions des deux parties » eu égard, bien évidemment, aux moyens importants
dont disposent les deux pays.
C'est en substance l'idée forte qui a émergé des travaux de la 18ème
session de la grande commission mixte algéro-tunisienne ouverte à Alger, sous
la présidence du Premier ministre Ahmed Ouyahia et son homologue tunisien,
Mohamed Ghanouchi. Cette 18ème session constitue, en effet, une occasion de
choix pour les deux parties pour faire le bilan de la coopération bilatérale,
celui, particulièrement, des réalisations enregistrées dans les secteurs
concernés par les accords et mémorandums d'entente paraphés par les deux pays
en 2008 à Tunis lors de la 17ème Grande commission mixte de coopération. Deux
années après cette 17ème session, dont les décisions ont fait l'objet de cinq
sessions du Comité de suivi créé à cet effet, les Premiers ministres des deux
pays, MM. Ahmed Ouyahia et Mohamed Ghannouchi, sont appelés à faire une
évaluation d'étape pour tenter d'apporter les correctifs nécessaires aux
problèmes rencontrés et consolider la coopération bilatérale par de nouveaux
accords.
C'est ainsi que le Premier
ministre, M. Ahmed Ouyahia, a affirmé hier que l'Algérie et la Tunisie aspirent
à inaugurer une « nouvelle étape » dans leur action commune ainsi que
l'édification de relations «équilibrées» entre les deux pays. «Nous aspirons à
inaugurer une nouvelle étape dans notre action commune, comme nous aspirons à
édifier des relations équilibrées entre les deux pays dans le cadre d'un
partenariat stratégique et global comprenant tous les domaines», a affirmé M.
Ouyahia à l'ouverture des travaux. Le Premier ministre s'est dit « convaincu »
que la tenue de cette réunion vise à donner un «saut qualitatif» aux relations
bilatérales, tant que les deux pays prônent, a-t-il ajouté, « le réalisme dans
leur action, l'objectivité comme base d'évaluation et (la sauvegarde) des
intérêts communs en matière de coopération ». M. Ouyahia a indiqué par ailleurs
que l'Algérie et la Tunisie sont appelés à aller vers une intégration et un
partenariat stratégiques à même de renforcer leurs capacités internes ainsi que
leur autonomie économique. Le Premier ministre, qui s'est dit « satisfait » de
l'entrée en vigueur de l'accord commercial préférentiel entre l'Algérie et la
Tunisie, n'a pas caché son souhait de voir accélérer la finalisation de la
révision des listes détaillées annexées à l'accord, notamment celles relatives
aux certificats d'origine. « Nous aspirons aussi à parachever le point de
jonction de l'autoroute Est-Ouest et la réactivation du réseau de chemins de
fer dans le cadre de la consolidation de la complémentarité entre les deux pays
», a ajouté M. Ouyahia.
Dans le même sillage, il a
exprimé le souhait de l'Algérie de parachever le projet d'actualisation de
l'accord d'établissement signé entre les deux pays en 1963, pour garantir
davantage d'acquis pour les citoyens des deux pays en matière de résidence, de
circulation, d'emploi et d'accès à la propriété. De son côté, le Premier
ministre tunisien a considéré que cette réunion permet le raffermissement des
relations bilatérales et offre l'occasion de passer en revue la coopération
entre les deux pays. M. Ghanouchi a aussi souligné les bons résultats réalisés
dans le domaine de la coopération industrielle et énergétique, relevant qu'elle
doit être davantage appuyée dans les secteurs des transports, l'agriculture,
les technologies de l'information et de la communication, la santé et la
recherche scientifique. Depuis la dernière session de la commission en 2008,
les échanges commerciaux entre Alger et Tunis ont progressé, atteignant 600
millions de dollars, rien que pour les dix derniers mois de l'année en cours,
en hausse de 5,6% par rapport à l'année dernière. De bons points sont également
enregistrés dans le secteur de l'énergie où les deux pays s'apprêtent à
réaliser un projet de partenariat d'exploration pétrolière offshore dont les
travaux débuteront en 2011 au large des côtes tunisiennes, outre des
perspectives de réalisation d'une interconnexion électrique et
d'approvisionnement de la Tunisie par l'Algérie en gaz naturel, butane et
propane, en sus de son approvisionnement déjà en GPL à travers deux contrats.
Les deux parties sont également
liées, dans ce domaine, par des actions de coopération en matière
d'exploration-production pétrolière à travers la société mixte constituée à
parts égales (50/50%) entre Sonatrach et l'entreprise tunisienne «Etap». Les
conclusions préliminaires du comité de suivi, réuni hier à Alger sous la
présidence conjointe de M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des
Affaires maghrébines et africaines, et de son homologue tunisien, M. Abdelhafid
El Hargam, jugent toutefois ces résultats «en deçà» des attentes des deux pays.
Estimant à cet égard qu'il existe encore des secteurs «encore en deçà des
ambitions des deux parties eu égard aux moyens dont disposent les deux pays et
à leur désir d'asseoir des relations stratégiques complémentaires». A noter que
douze accords et programmes de coopération ainsi qu'un mémorandum d'entente ont
été signés entre l'Algérie et la Tunisie, hier à Alger, à l'issue de la
session.
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Posté Le : 27/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com