Algérie

Algérie - TRAITEMENT ET ÉLIMINATION DES ORDURES MÉNAGÈRES: Une affaire de professionnels



Algérie - TRAITEMENT ET ÉLIMINATION DES ORDURES MÉNAGÈRES: Une affaire de professionnels




Depuis quelques années, et sous la poussée d’un développement économique et démographique exponentiel, l’Algérie a fait de la protection de l’environnement et de l’aménagement du territoire son cheval de bataille.

L’organisation de l’espace et le développement territorial comprennent, entre autres, la maîtrise de l’urbanisation et de la gestion de l’eau, la relance des infrastructures routières et ferroviaires, la promotion de l’énergie renouvelable (éolienne, solaire, etc.), en la rendant accessible à tous, mais aussi la réhabilitation des décharges anarchiques pour transformer leurs nuisances en niches de profits considérables.

Aménager l’environnement permet une meilleure répartition de la population qui a tendance à fuir les zones rurales, parce que mal exploitées et offrant, a priori, moins d’opportunités. C’est aussi une réponse au souci d’allégement des handicaps naturels et géographiques.

Un bon aménagement des zones suburbaines et rurales contribue, sans doute, à effacer, du moins alléger, les inégalités territoriales et, par conséquent, à désencombrer nos villes et réduire les risques liés aux aléas naturels.

De même, protéger l’environnement préserve les ressources naturelles et entraîne une meilleure gestion des déchets ménagers et industriels.

En effet, il est un phénomène notable et alarmant que l’on observe aujourd’hui dans beaucoup de nos villes, à savoir le nombre important des décharges sauvages. Celles-ci sont sources de désagréments au quotidien, de pollution intempestive, de dégradation des ressources naturelles et de maladies graves, jadis très peu répandues.

La réhabilitation de ces décharges anarchiques s’avère alors indispensable. Elles doivent être, tôt ou tard, remplacées par des Centres d’enfouissement technique (CET) pour les déchets domestiques, comme cela se fait partout dans le monde ; les CET semblant être une solution adoptée par les pouvoirs publics, compte tenu du coût et de l’impact sur le biotope.

Les sols mal aménagés et abandonnés aux décharges sauvages réduisent d’autant les surfaces habitables et agricoles et polluent l’air et l’eau indispensables pour la vie de la faune, la flore et l’homme.

Enfin, parallèlement aux investissements matériels que notre pays consent, il est impératif qu’ils soient accompagnés d’actions de sensibilisation continuelle du citoyen — depuis son éducation scolaire — pour que le souci écologique le hante partout et soit omniprésent dans sa vie, dans ses gestes, au quotidien.

Un exemple d’investissement environnemental

Aujourd’hui, l’Algérie compte plus d’une centaine de CET qui sont soit réalisés soit en cours de l’être, dont plus d’une quarantaine sont mis en exploitation.

Voulant rompre avec les anciennes méthodes de gestion des déchets, les pouvoirs publics ont mis l’accent sur l’importance de leur traitement et de leur recyclage et ont misé sur cette solution.

Le CET de Hamici, réalisé par la société privée Amenhyd, est, à bien des égards, une première dans notre pays. D’abord, au vu de l’infrastructure même et de son site d’implantation et de son exploitation qui le rend rentable, fiable et viable.

Ce CET est le premier à être équipé d’un centre de tri des déchets et d’une station de traitement du lixiviat en Algérie ; le lixiviat étant le liquide résiduel qui provient de la fermentation des déchets et grossi par les eaux de pluie, qui a une grande teneur en polluants organiques et minéraux.

Si la fonction première d’un CET est l’élimination des déchets, il est à noter que celui-ci constitue une source inestimable d’alimentation de l’activité du recyclage de divers produits tels le plastique, le papier, le verre etc. Ils sont non seulement réintroduits dans les cycles de production, mais contribuent aussi à la sauvegarde de l’environnement.

Ajoutez à cela le compostage des déchets ménagers qui permet d’obtenir des engrais d’une qualité très recherchée (compost) et les biogaz qui s’en dégagent, qui seront utilisés pour la production de l’énergie électrique.

En règle générale, un centre d’enfouissement technique se présente sous la forme d’un ensemble d’excavations, nommées casiers, imperméabilisés à l’aide de géo-membranes, à l’intérieur desquels sont déversés et stockés les déchets ménagers dépourvus des produits recyclables. Une fois remplis, ces casiers sont hermétiquement fermés et l’espace ainsi recouvert est par la suite remis à son état initial d’avant l’implantation du CET. Il sera alors prêt pour de nouvelles activités humaines.

Déroulement des opérations dans un CET

Les camions, acheminant les ordures ménagères journalières, sont systématiquement pesés à l’entrée au moyen d’un pont bascule, afin d’évaluer les entrants pour des raisons de capacité mais aussi de rentabilité.

Les déchets sont ensuite déversés dans des fosses, à l’intérieur d’immenses hangars, puis charriés par des tapis roulants vers la centrale de tri.

Si plusieurs opérations sont automatisées (comme le déchiquetage des sacs poubelles par une broyeuse, ou la séparation des déchets métalliques des autres déchets au moyen d’aimants) le tri, quant à lui, est effectué par des ouvriers qualifiés qui séparent les différentes matières recyclables.

Les déchets non recyclables sont alors rejetés à l’extérieur et recueillis par des camions à benne pour être finalement stockés dans le casier principal du CET.

Il est à noter qu’une fois les déchargements terminés, le CET de Hamici dispose d’une station de lavage des véhicules pour un meilleur respect de l’environnement.

Le dispositif de traitement du lixiviat s’apparente aux stations d’épuration des eaux usées. Le casier principal qui reçoit les déchets est équipé d’un système de drainage du lixiviat lequel est acheminé à travers des conduits vers un bassin, puis il est traité et épuré dans un centre d’épuration prévu à cet effet. Il en résulte une eau nettoyée et utilisable pour des fin d’irrigation ou de lavage, et des déchets solides qui suivront un autre chemin pour être finalement éliminés.

La réalisation d’un centre d’enfouissement technique passe par des étapes plus ou moins délicates.

L’une des premières difficultés, et non des moindres, qui se présente au départ est le choix du site, choix qui est fait en collaboration avec les autorités locales, le secteur de l’environnement, de la santé, des ressources en eau et de l’énergie.

Une étude est réalisée au préalable pour prévenir contre tout impact négatif sur l’environnement et la santé du citoyen, d’où l’importance d’une bonne communication afin de rassurer les gens et leur fournir des explications sur les avantages et bienfaits d’un CET, à court, moyen ou long termes, et de les sensibiliser sur l’importance de respecter l’environnement dans lequel ils vivent.

Si le CET apparaît aujourd’hui comme l’une des méthodes les plus efficaces pour l’élimination des déchets ménagers, il faut souligner, cependant, l’importance de sa bonne gestion et exploitation.

Il apparaît nécessaire qu’elle soit faite par des professionnels et qu’il faut acquérir, en amont, une certaine maîtrise et un savoir-faire pour que ces centres puissent offrir tout leur potentiel écologique, économique et social.


Bachir Laraba



DJAMEL EDDINE CHELGHOUM, PDG DU GROUPE AMENHYD:
«Le CET de Hamici est une première en Algérie»



- Le Soir d’Algérie: L’environnement est devenu une question capitale dans la politique du pays, et Amenhyd est un acteur dans ce domaine. Pour quelle raison vous êtes-vous spécialisé dans l’environnement?

Djamel Eddine Chelghoum: Parce que l’environnement est un prolongement logique des activités liées à l’aménagement. C’est son premier métier. Par la suite, il a conquis le marché de l’hydraulique, où il accumule plus de dix ans d’expérience. L’environnement et l’hydraulique constituent ses deux principales branches. Concernant l’environnement, de par son impact, il ne cesse d’acquérir de l’importance à travers le monde. L’Algérie a pris conscience des enjeux et échafaude des plans de prise en charge dans lesquels Amenhyd s’inscrit et forge sans cesse ses outils en matière d’engineering et de réalisation. Elle peut se targuer d’être le leader en Algérie. Elle a à son actif de très nombreux projets.

- Amenhyd a réalisé le premier CET en Algérie en 2001, et en a réalisé plusieurs, depuis...

En effet, mais il faut rappeler qu’à l’époque, le ministère de l’Environnement n’existait pas, et la gestion des déchets n’était pas parmi les préoccupations majeures. Amenhyd a été chargée de nettoyer la décharge sauvage d’Ouled Fayet, car elle débordait sur la RN24. Malheureusement, le problème n’était réglé que momentanément. Etant prêt à investir dans ce domaine, après nous être suffisamment informés auprès d’entreprises à l’étranger et visité de nombreux CET en cours de réalisation et en exploitation, nous avons suggéré au wali d’Alger de réaliser un centre d’enfouissement technique. Les autorités y ont été attentives et ont lancé un avis d’appel d’offres pour lequel nous étions l’unique soumissionnaire. Amenhyd a alors réalisé l’engineering et la construction du projet. Or, comme la wilaya ne pouvait pas mobiliser le budget nécessaire pour réaliser le CET dans sa globalité, c’est-à-dire avec son centre de tri et ses stations de traitement du lixiviat et des biogaz, il n’a été construit que le casier de dépôt des déchets. Depuis, d’autres CET ont été réalisés pour soulager la wilaya, ce qui a ouvert la voie à des dizaines d’autres dans une trentaine de wilayas. Pour le CET d’Ouled Fayet, sa durée de vie est arrivée à terme, Amenhyd est chargée de le refermer pour remettre le site à son état initial.

- Le bilan est-il positif?

C’est incontestable. Et pour cause, la plupart des wilayas disposent au moins d’un CET. Mais ce qui est le plus remarquable est la prise de conscience de l’importance de gérer les déchets et de respecter, ainsi, l’environnement. Par ailleurs, il y a eu la création du ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, avec ses démembrements au niveau de chaque wilaya : les directions de l’environnement, disposant de ressources conséquentes. Outre cela, notre pays s’est doté d’un arsenal juridique et réglementaire de standard international. Et je conclus pour dire que l’environnement est, aujourd’hui, enseigné à l’école, en Algérie.

- Ce n’est pas rien, croyez-moi ! Pensez-vous que le CET soit la réponse la plus appropriée pour se débarrasser des déchets ménagers?

Certes, d’autres solutions existent, dois-je reconnaître. Chacune répond à un contexte déterminé. Ce qui convient à l’Algérie, ne l’est pas au Japon, par exemple ou à certains pays européens. L’espace, le coût et l’impact écologique sont déterminants dans les choix des réponses à donner à la problématique de gestion des déchets. Il faut aussi souligner que la nature des déchets diffère d’un pays à un autre. Chez nous, contrairement aux pays développés qui consomment beaucoup de conserves et produits surgelés, la consommation est dominée par les produits frais qui génèrent des déchets à forte contenance en eau. L’incinération, comme solution adoptée par plusieurs de ces pays, ne se présente pas comme la solution la mieux adaptée en Algérie ; le CET offre bien plus d’avantages.

- Comment la population limitrophe accueille-t-elle un CET? Pensez-vous qu’elle soit assez informée de son fonctionnement et son utilité?

J’ai pour habitude de dire que l’environnement est surtout une question de culture. Prenons le cas d’Ouled Fayet. Les riverains ne se rendaient même pas compte des effets épouvantables de la décharge sauvage qu’ils côtoyaient à longueur d’année, et ce, depuis les années 1970. Ils n’avaient jamais réagi auparavant. Pourtant, lorsque Amenhyd allait entamer les travaux du CET, en vue de les soulager du drame qu’ils subissaient au quotidien, on a observé des réactions des plus farouches, en opposition au projet. N’est-ce pas paradoxal ?! Il faut reconnaître qu’il y a eu un défaut flagrant de communication des parties concernées. Nous avons dû suppléer à cela par des actions de communication répétitives, alors que ce n’est pas notre rôle. Mais c’était pour faire aboutir le projet. Les choses ont évolué aujourd’hui. Des associations sont créées autour de la question de l’environnement. Cette dernière est devenue un sujet d’actualité qui se conjugue avec tous les aspects de la vie du citoyen. Les collectivités locales auront un rôle cardinal et devront assurer un travail de proximité soutenu.

- Un CET d’un genre exceptionnel en Algérie est en phase d’achèvement à Hamici (région Centre). C’est votre entreprise qui le réalise. Pouvez-vous nous en parler?

Le CET de Hamici est une première en Algérie. C’est l’aboutissement d’un effort de plus de dix ans. Nous sommes fiers de l’avoir réalisé, parce qu’il est doté d’une technologie avancée pour le traitement du lixiviat et le tri des déchets. Le centre ne reçoit que les détritus ménagers. La centrale de tri permet de récupérer, en amont, les matériaux recyclables tels que le carton, le plastique, le verre, etc. Le lixiviat est récolté pour être traité et obtenir une eau bonne pour l’irrigation. Le système de récupération des biogaz sera une source écologique d’énergie électrique.

- Serait-on capable de gérer efficacement le CET de Hamici, ou bien serait-on obligé de recourir à des étrangers?

Il est clair que l’exploitation d’un CET est l’affaire de professionnels. Notre Pays n’en dispose pas actuellement. Hamici exige la collaboration d’un partenaire étranger. Amenhyd a l’ambition de s’y lancer. Elle en a les moyens et s’y est bien préparée à travers des visites et des contacts avec des managers de CET européens. Vous savez, un CET se gère comme une usine. Il lui faut des managers, ingénieurs en maintenance, des chimistes et biologistes pour ses laboratoires, etc.


Bachir Laraba





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