L'arboriculture fruitière représente une filière agricole principale dans la région de Tlemcen. Parmi les cultures arboricoles de la wilaya, l'oranger, le citronnier, le pommier, le grenadier, poirier, le pêcher, l'abricotier, le figuier, le cerisier, le prunier, le néflier, l'amandier, le jujubier, le cognassier et l'olivier.
La préférence de ces spécialités stratégiques dominantes ancestrales est transmise de génération en génération. Les localités irriguées et montagneuses qui couvrent de vastes superficies d'arboricultures dans la wilaya sont les plus prolifiques. Cependant, l'augmentation ou la diminution de la production sont tributaires de certains paramètres, tels que le sol, la gestion technique, la taille, la technique de récolte, type d'eau d'irrigation et le climat.
Concernant ce dernier point, on enregistre ces derniers temps une forte chaleur partout en Algérie et dans la région de Tlemcen où la récolte des fruits est, selon certains arboriculteurs, en avance car ils mûrissent trop vite. Les orages et la canicule ont fait souffrir les arbres fruitiers.
«Mon verger de pommiers et de poiriers souffre du manque d'eau et de l'excès de chaleur. À cause de la hausse des températures et du stress hydrique cette année, la floraison s'est vite accélérée et la récolte des fruits est en avance de presque trois semaines. Les rayons du soleil ont impacté et endommagé très fort les pommes et poires à cause de l'excès de température. Le calibre des pommes est bien inférieur à la normale et même les poires sont brunies par les coups de soleil », indique un ancien arboriculteur de la commune de Fehoul.
Partout à Sabra, Bouhlou, Béni-Snous, Azail, Maghnia, Béni-Boussaid, Djebala, Chetouane, Hennaya, Zenata, Bensekrane, Tient, Souahlia, Ghazaouet, Fehoul, Aïn Youcef, Ain Fezza, Ouled Mimoun, Oued Lakhdar, Béni-Smaiel, Aïn Tallout, Aïn Nehala, Remchi, Nedroma ou Fellaoucène, les fortes chaleurs de ces dernières semaines ont eu des conséquences sur les vergers. Cet aléa climatique a fait des ravages. Les fruits sont de taille réduite et presque tous les arboriculteurs sont confrontés à l'épreuve de la sécheresse. Ils tentent malgré tout de s'adapter à cette situation climatique difficile.
Il faut souligner que la viticulture qui a totalement disparu du fait de l'arrachage massif des vignes, commence à réapparaître à travers la replantation de nombreuses superficies de vignobles de différentes espèces et variétés.
Par ailleurs, toujours à cause des fortes températures, des vergers de citronniers souffrent eux aussi de la canicule qui sévit. «Ça fait 40 ans qu'on produit des agrumes à Aïn Youcef et ce n'est jamais arrivé qu'on se retrouve dans cette situation de stress et de chaleur pour les arbres », affirme, inquiet, Abdeslam. Faisant en outre part de ses difficultés à maintenir ses arbres en vie, il ajoute, «je crains que d'autres arbres en pleine croissance et qui ont besoin de beaucoup d'eau pour se développer ne s'assèchent tous à la fois. Je pense surtout aux arbres que je viens tout juste de planter dans mon exploitation de cinq hectares. J'ai vraiment peur pour ces nouveaux jeunes citronniers qui sont en train de grossir, d'arriver à maturité petit à petit mais le soleil est en train de les brûler!», ajoute-t-il.
La perte de production de ces agrumes engendrée par la sécheresse est palpable pour les ménages qui se rendent aux marchés de fruits et légumes. «Les citrons ne sont plus juteux. Il y a moins de citrons que d'habitude et en plus ils sont plus petits par rapport à ce qu'ils devraient être à la même période», souligne un père de famille.
Selon un ingénieur agronome, «quand il fait très chaud, l'arbre ne s'alimente plus. Il se met au repos et n'alimente plus correctement ses fruits, s'il manque d'eau. Donc cela nuit à la croissance du fruit. Les pommes mûrissent trop vite et beaucoup d'entre elles chutent des arbres. Ainsi, la récolte est inquiétante dans la plupart des vergers en raison du dégât important causé par la canicule».
Et d'ajouter: «entre le stress hydrique, les épisodes de grêle et les pics de chaleurs extrêmes liés au réchauffement climatique, les agriculteurs ont de plus en plus de mal à anticiper les cultures qui seront rentables demain. Cette année, les céréales ont connu leur pire saison agricole et les céréaliculteurs ont subi un coup dur à cause de la récolte qui a chuté de 400.000 quintaux la saison écoulée à seulement 100.000 quintaux cette année. La période de canicule, enregistrée partout sur le territoire de la wilaya ces dernières semaines laisse présager un tout autre scénario cet été. Aujourd'hui, il faut s'adapter et accepter de rompre avec un modèle qui fonctionnait depuis plusieurs générations pour pallier les aléas météo et l'absence d'eau. Les agriculteurs devront choisir des variétés moins sensibles au besoin en eau ou qui ont un calibre plus important, donc qui subissent moins les effets de la sécheresse ».
par Khaled Boumediene
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 26/07/2023
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : par Khaled Boumediene
Source : lequotidien-oran.com du mercredi 26 juillet 2023