Algérie (Tlemcen) - Des apiculteurs s'inquiètent de l'invasion de frelons

Après le stress hydrique et l'invasion du pigeon ramier dans les champs, c'est au tour des frelons qui colonisent les alentours de la vallée de Sekkak et champs de la plaine de M'kacem, dans la commune de Hennaya.

En effet, les apiculteurs de la région déjà confrontés au changement climatique (manque de précipitations) et ramiers qui endommagent les cultures légumineuses, sont inquiets pour l'avenir de l'apiculture et la production de miel.

«Ça va aller beaucoup vite, c'est une nouvelle menace qui se profile pour les abeilles et les apiculteurs de Hennaya et de toute la wilaya», indique Benmansour, ancien agriculteur qui détient de nombreuses ruches dans cette vallée abritée couvrant une géographie, des collines et des végétaux variés.

«Les frelons implantent des nids très rapidement, un peu partout dans les rives du grand oued de Sekkak et s'attaquent aux abeilles. Il est quasiment inutile de détruire les nids. Nous avons beau essayer de détruire leurs nids mais plusieurs autres se construisent. Le phénomène d'expansion de ces frelons très agressifs et très invasifs qui s'ajoutent à d'autres prédateurs, tels que les guêpiers, les hirondelles, les piverts et les mésanges sans parler d'autres lézards qui tentent de manger les produits de la ruche».

Selon Kaddour, agriculteur qui a découvert une quantité de cette espèce cachée dans son champ d'oranges, «le frelon se nourrit d'abeilles et va se servir là où leur concentration est plus forte, donc directement dans les ruches. J'ai été contraint de réduire les entrées des ruches pour ne pas laisser passer les frelons plus gros. J'ai utilisé du feu et de la fumée pour brûler et gêner les frelons dans les trous où ils se cachent dans mon champ mais c'est très difficile d'éradiquer ces essaims nuisibles.

Mon souhait est que des spécialistes et vétérinaires viennent nous aider pour faire disparaître ces espèces pour sauver nos abeilles car elles sont de plus en plus nombreuses. Nous avons également besoin d'assistance pour lutter contre les maladies apicoles. Cette région potentiellement agricole est propice à l'apiculture».

Il faut souligner qu'il n y'a pas si longtemps ce vaste territoire d'arbres fruitiers, légumes et de céréales, constituait des réserves de miel suffisantes, comme le précise M. Benmansour.

«Autrefois, quand l'eau était abondante et propre, la vallée de Sekkak bénéficiait d'une flore diversifiée. Beaucoup d'apiculteurs de la wilaya pratiquant la transhumance, venaient ici pour poser leurs ruches avant de les déplacer d'un rucher à un autre sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ces déplacements se faisaient au gré du nectar butiné que rapportent les abeilles des floraisons des châtaigniers et arbousiers dans les forêts de Tsarifet, El Ourit, Ouled Sidi-Hadj, Ain Tellout, Béni-Smaiel, Sabra, Sidi-Medjahed, Béni-Snous, Sebâa Chioukh, Fehoul, Ain Youcef, Bensekrane, Remchi, Béni-Ouarsous, Honaine, Nedroma, Bab El Assa et Fellaoucène, et des floraisons des armoises des régions steppiques de Sebdou, Sidi-Djillali, El Aricha, El Gor et Bouihi du sud de la wilaya où l'apiculture est largement pratiquée dans ces contrées».


par Khaled Boumediene