- Quel bilan faites-vous du programme dédié aux énergies renouvelables (ENR) adopté et 2011?
Le programme datant de 2011 prévoyait 12.000 MW. Il a été revu en 2014 et porté à une capacité pour les besoins nationaux à 22.000 MW en excluant le solaire thermique. En fait, ce bilan est de moins de 0,1% en 15 ans. Le bilan ne peut être fait sur la base d’un mix d’énergies renouvelables seulement, tel que fixé dans le programme ci-dessus.
Le premier constat est qu’il n’y a pas de stratégie précise. Une véritable stratégie devrait partir d’un modèle de consommation pour aboutir à un mix énergétique lié à tous les éléments d’évaluation de ce modèle. Parmi ces paramètres, ce modèle devra être fait à partir d’une demande. D’abord, comment se structurent les usages? L’électricité ne représente en fait que 30%. C’est la chaleur qui représente 70% de la consommation totale. La stratégie part du modèle de consommation énergétique défini sur un certain nombre de paramètres.
Nous avons estimé ce nombre à 10, dont: le coût, la sécurité énergétique, l’impact environnemental, la durabilité. L’intégration industrielle, la capacité d’absorption par le réseau de transport. Puis, il y aura l’évaluation des ressources nécessaires pour cela. La mise en œuvre viendrait ensuite après la définition des acteurs.
- L’appel d’offres concernant la production de 4.000 MW d’électricité solaire se fait toujours attendre... Peut-on parler de recul à ce sujet?
Je pense que vous sous-entendez le lancement d’appels d’offres pour la réalisation du programme de 4.000 MW. Les raisons, invoquées par les entreprises pouvant manifester un intérêt, seraient que le financement d’un tel projet est important, près de 4 milliards de dollars. Les conditionnalités ajoutées, le financement serait totalement étranger. L’intégration industrielle des équipements solaires photovoltaïques est nécessaire.
Vous imaginez bien que les risques étaient trop importants. Le risque pays n’étant pas moindre, le risque marché pour l’électricité produite n’est pas précis. Le risque marché pour la fabrication des équipements est trop important. En effet, dans le photovoltaïque, l’évolution technologique est très rapide.
En une année, elle peut être suffisante pour rendre obsolète le produit qui sortirait de l’usine algérienne au bout des 3 années de sa construction. En plus, la taille du marché algérien est loin de viabiliser un projet de fabrication de cellules photovoltaïques. Il est illusoire donc de pouvoir en exporter une partie.
- Quel serait l’apport du privé national dans l’intégration des ENR dans le mix énergétique national?
Le rôle du privé peut être important pour les technologies à faible évolution technologique, comme le solaire thermique. Les équipements sont faits principalement à partir de verre plat, déjà fabriqué en Algérie. On peut intégrer 70% des équipements. Pour le photovoltaïque, ce taux ne dépassera pas les 40%. Ce sont principalement l’encapsulation des cellules et le montage des panneaux.
- Quid du coût avec l’évolution des technologies?
Les coûts ne sont pas faciles à comparer car tout n’est pas égal. En effet, les rendements des différentes technologies sont très différents. Pour le solaire thermique et le solaire photovoltaïque, le rapport des rendements fait que la thermique a un rendement 3 fois plus important que le photovoltaïque.
Le solaire thermique peut bénéficier de l’effet d’échelle, le photovoltaïque ne le peut pas. Le photovoltaïque souffre d’intermittence, cela veut dire qu’il ne produit d’électricité que lorsqu’il y a de la lumière et l’électricité n’est pas encore stockable. Le solaire thermique peut être stocké et ainsi couvrir jusqu’à 24 heures par jour.
En plus avec près de 13 heures de stockage, les derniers projets aux Emirats atteignent une capacité de 700 MW, bénéficiant de l’économie d’échelle, tout en proposant un coût de 7 centimes de dollar/KWh. C’est moins cher que les énergies fossiles et le nucléaire. En ce qui nous concerne, la solution algérienne est un mix solaire thermique, solaire photovoltaïque hybridé avec du gaz torché. Notre potentiel solaire est le plus grand de tout le bassin méditerranéen. Le potentiel éolien lui est trop bas.
Samira Imadalou
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Posté Le : 18/02/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Samira Imadalou
Source : elwatan.com du vendredi 16 février 2018