Algérie

Algérie Télécom au c'ur d'un double scandale


Des entreprises nationales, dont celles créées grâce aux différents dispositifs de crédit (essentiellement l'Ansej) en matière de sous-traitance, crient au scandale et dénoncent un «abandon» au profit de multinationales.Algérie Télécom est citée dans une affaire douteuse. Il s'agit d'un marché conclu entre cette grande entreprise nationale et l'entreprise chinoise Huawei. Le marché est d'un montant de 300 millions de dollars, destiné à déployer la technologie FTTH pour un million d'abonnés. Et si le projet en lui-même n'est pas contestable, la procédure est largement mise en cause. Des entreprises nationales, dont la majorité ont été créées via les différents dispositifs, dont essentiellement l'Ansej en matière de sous-traitance, crient au scandale et dénoncent un «abandon» au profit de multinationales.
Selon des documents cités par le site Algériepart, Algérie Télécom aurait enfreint la loi en attribuant un contrat aussi volumineux à Huawei de gré à gré. Une procédure pourtant interdite par la loi. Un marché d'une pareille importance financière doit, selon le code des marchés publics, passer par la commission nationale des marchés présidée par le ministre des Finances ou un de ses représentants.
Omission volontaire ou pas, cette attribution est loin de respecter la loi en vigueur malgré le justificatif donné par Algérie Télécom. Pis encore, selon la même source, cette entreprise aurait conclu ce marché de 300 millions de dollars pour une durée d'une année au moment où en 2013 elle avait fait un contrat, toujours en cours de validité, de fourniture d'équipements de même technologie, de même génération et émanant du même fournisseur pour un montant de 50 millions de dollars. Plus encore, selon Algériepart, les magasins d'Algérie Télécom avaient en stock des équipements prêts à l'utilisation.
Les lacunes de ce contrat ne s'arrêtent pas là. Algérie Télécom a accordé l'exclusivité de gestion du matériel à Huawei. Une clause qui ne permet pas un droit de regard clair sur les approvisionnements et livraisons à l'entreprise nationale. Cette dernière, qui doit normalement encaisser avant de débourser de l'argent, s'est engagée à accorder une avance forfaitaire de plus de 4 milliards de dinars sur la partie présentation.
Ce n'est pas tout ! Ce projet de déploiement FTTH (fibre optique jusqu'au domicile) ne sera pas opérationnel. Explication : une grande «omission» a été signalée dans ce contrat : le terminal «abonnés». Dans l'accord, cité toujours par la même source, Algérie Télécom devra conclure un nouveau contrat de gré à gré avec Huawei d'un montant de 120 millions de dollars (120 dollars par abonné) pour achever cette phase de «terminal abonnés» et rendre tout le projet opérationnel.
Les sous-traitants mis à la marge
Dans le volet sous-traitance, c'est une autre histoire. Dans une lettre, dont nous détenons une copie, des dizaines d'entreprises dénoncent le monopole accordé par Algérie Télécom à Huawei. Cette entreprise chinoise a obtenu la liberté de gérer son plan de charge. Elle a choisi de travailler avec de grandes entreprises de droit algérien mettant ainsi à la marge des petites et moyennes entreprises créées dans la cadre des dispositifs Ansej, Angem et Cnac.
Malgré leur grande expérience dans le domaine, le nombre important d'emplois qu'elles pourvoient et la formation dont elles ont bénéficiée et accordée par Algérie Télécom, ces entreprises qui se comptent par centaines sont aujourd'hui condamnées au chômage technique. «Nous avons été obligés de réduire nos charges en optant pour une compression d'effectifs. Nous ne sommes pas contre le fait d'attribuer un marché à une entreprise étrangère, mais plutôt à notre marginalisation au profit de grandes entreprises, souvent des multinationales.
Même si ces dernières n'ont pas le droit de sous-traiter étant donné qu'elles sont des sous-traitants de Huawei, elles font appel à des PME algériennes qui font tout le travail dans des conditions risquées, voire au noir. Nous ne voulons que travailler et participer à cette avancée technologique, qui fait partie de notre métier et notre passion», déclare un des sous-traitants qui se sentent «lésés».
Algérie Télécom, dont la santé financière n'est pas au beau fixe, aurait contracté un contrat à coups de milliards alors qu'elle en avait déjà un similaire, 6 fois moins cher, en cours, pour des prestations d'une boîte étrangère qui sous-traite avec des entreprises étrangères, pour finir avec un travail fait par des entreprises algériennes, pourtant formées par Algérie Télécom. Tout cela pour un projet qui ne peut être réceptionné que si un nouveau contrat aussi cher est conclu. Nous avons épuisé tous les moyens pour joindre Algérie Télécom, mais sans succès.
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