Classer un site n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas suffisant. On doit penser sérieusement à son exploitation future pour en adapter la réfection qui sera faite ultérieurement.
La protection réelle et la mise en valeur effective du patrimoine ne peuvent se soustraire à cette obligation de l’usage quotidien, de la remise en activité permanente.
De nombreux artistes algériens se mobilisent, ces derniers temps, pour la conversion des abattoirs d’Alger en ateliers artistiques.
À travers une pétition et des démarches auprès des autorités, les concernés promettent de faire de ce lieu un foyer de rayonnement culturel et artistique au cœur de la capitale.
Cette requête, qui a recueilli l’adhésion de centaines d’artistes et de culturalistes, semble amplement justifiée. De même, on doit envisager un rôle précis pour les deux autres sites classés afin d’y impulser ce mouvement incessant, ce souffle indispensable à la vie.
Dans ce domaine, il convient aussi d’insister constamment sur la qualité des travaux de restauration. Le style originel et les formes initiales doivent absolument être préservés. On doit le souligner, les expériences effectuées dans ce domaine, au cours de ces dernières années, ne sont pas toutes satisfaisantes.
Par Kamel Amghar
Quand on restaure un bien patrimonial, l’objectif essentiel consiste à lui donner une seconde vie.
En plus de sa valeur culturelle, historique ou symbolique, le bâtiment retapé doit être aussitôt réoccupé et remis en activité dans le respect de la vocation qui lui sied le mieux.
Selon les besoins et la nature du site, on peut en faire un centre culturel, un musée, une mosquée, une école, une auberge de jeune, une résidence d’artistes, une bibliothèque, un établissement touristique ou une clinique.
Le bon sens populaire veut qu’une maison occupée vieillit beaucoup moins vite que celle qu’on n’utilise plus.
Les petits soins quotidiens d’un occupant comptent tellement pour la longévité d’une construction.
Avant même le classement du bien en question et le lancement des études techniques nécessaires à sa réparation, il convient de définir sa destination finale, l’usage qu’on en fera pour meubler cette seconde vie.
Sinon, comme dit l’adage, à quoi ça sert de mourir en bonne santé?
Les autorités compétentes viennent d’accorder le statut de patrimoine culturel national au bâtiment du Rocher noir à Boumerdès, siège du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) en 1962, aux abattoirs d’Alger, construits au début du 20e siècle, et au mausolée du roi numide Syphax, à Aïn Témouchent (250 av. J-C - 202 av. J-C).
Une démarche saluée comme une protection provisoire qui préserve déjà ces trois monuments de la destruction ou d’une éventuelle démolition.
Mais cela reste insuffisant. On doit, dès maintenant, penser sérieusement à leur exploitation future pour en adapter la réfection qui sera faite ultérieurement.
La protection réelle et la mise en valeur effective du patrimoine ne peuvent se soustraire à cette obligation de l’usage quotidien, de la remise en activité permanente.
De nombreux artistes algériens se mobilisent, ces derniers temps, pour la conversion des abattoirs d’Alger en ateliers artistiques.
À travers une pétition et des démarches auprès autorités, les concernés promettent de faire de ce lieu un foyer de rayonnement culturel et artistique au cœur de la capitale.
Cette requête, qui a recueilli l’adhésion de centaines d’artistes et de culturalistes, semble amplement justifiée.
De même, on doit envisager un rôle précis pour les deux autres sites classés afin d’y impulser ce mouvement incessant, ce souffle indispensable à la vie.
Dans ce domaine, il convient aussi d’insister constamment sur la qualité des travaux de restauration. Le style originel et les formes initiales doivent absolument être préservés. On doit le souligner, les expériences effectuées dans ce domaine, au cours de ces dernières années, ne sont pas toutes satisfaisantes.
À Béjaïa, la restauration de la mosquée Ibn Khaldoun (Casbah), qui abrite aujourd’hui l’annexe de la Bibliothèque nationale, n’a pas tenu ses promesses, selon les spécialistes. L’aspect de la structure a été complètement changé. De nouveaux matériaux ont été substitués aux produits originaux. Les connaisseurs ont émis à ce propos plusieurs critiques.
L’atelier de rénovation de la zaouïa de Cheikh Ahaddad, à Seddouk, malgré un relatif succès, n’a pas totalement échappé à ce type d’altérations.
Pour rester encore à Béjaïa, la réfection, en voie d’achèvement, du marché Philippe (Vieille ville) et du château Poisat (Aokas), appelé aussi château de la Comtesse, est plutôt beaucoup mieux appréciée.
À Alger, la remise à neuf de l’église notre Dame d’Afrique, comme celle de la basilique Saint Augustin d’Annaba, a tenu toutes ses promesses. C’est ainsi qu’il convient, dorénavant, de faire pour tous les projets inscrits à cet effet.
Les abattoirs (Alger), Rocher noir (Boumerdès), tombeau royal de Syphax (Aïn Témouchent) ou porte Fouka (Béjaïa) doivent bénéficier des mêmes soins et de la même exigence.
K. A.
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Posté Le : 03/04/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: La Tribune ; texte: Kamel Amghar
Source : latribune-dz.com publié le jeudi 3 avril 2014