Algérie

Algérie - Site archéologique de Djemila: Vol au dessus du nid de Cuicul


Algérie - Site archéologique de Djemila: Vol au dessus du nid de Cuicul
Une pétition sur Internet enflamme les passions à propos d'une prétendue atteinte au site.

Une pétition circule sur la Toile.

Intitulée «Non à une structure moderne près du site de Djemila ou au-dessus», elle évoque l’antécédent du site archéologique de Timgad, qui avait souffert de la tenue annuelle du Festival éponyme et rejette la solution trouvée, parlant de «la construction d’un théâtre moderne, véritable colosse de béton, a vu le jour à deux pas du site archéologique et sur l’emplacement de vestiges antiques».

Espérant que Djemila ne deviendra pas un «Timgad bis», la pétition s’appuie sur des informations passées lors d’une émission de la chaîne 3, «Carnets d’Algérie» qui confirmeraient «la volonté des autorités en charge de ces dossiers d'envisager la construction de structures de spectacles dans l’enceinte même du site de Djemila/Cuicul sur un terrain jouxtant le musée et la porte principale du site».

Sur ce, la pétition est présentée comme une démarche pour «obtenir l’assurance des autorités algériennes et de l'Unesco que de telles opérations n’auront plus lieu à l’intérieur du périmètre protégé et aux abords immédiats du site».

A propos du signataire de cet appel, un certain Philippe Mesnard, la Toile, comme à son habitude, s’est vite emballée, le prenant pour son homonyme, enseignant en littérature à la Haute Ecole de Bruxelles et à l'université de Marne-la-Vallée et auteur de plusieurs ouvrages sur la Shoah, dont Primo Lévi, le passage d’un témoin (Ed. Fayard) qui lui a valu le Prix de la Biographie du magazine Le Point. Depuis juillet 2010, ce Mesnard-là est directeur de la Fondation Auschwitz.

Mais celui qui a écrit la pétition serait un libraire qui gère à Angoulême le «Comptoir du livre ancien». Titulaire d’un doctorat à la Sorbonne sur l’Afrique du Nord antique, il a été membre de la mission archéologique française en Libye et il exerce aussi en tant que guide et conférencier culturel. Au-delà de la personne et de ses motivations, c’est le contenu de l’appel qui interpelle.

En effet, si le site de Djemila, étant classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1982, appartient physiquement à l’Algérie et moralement à l’humanité, ce qui autorise tout terrien à en parler et à vouloir le défendre, la précipitation qui a conduit à la diffusion de l’appel est pour le moins irresponsable et étrange de la part d’un scientifique.

Nous avions récemment eu vent de rumeurs sur une supposée atteinte au site, car des professionnels et amis du patrimoine algériens s’en étaient eux-mêmes inquiétés. Abderrahmane Zekagh, directeur de l'Office de protection des biens culturels a démenti fermement la pétition.

«Il s’agit, nous a-t-il affirmé, d’une structure démontable en toile légère et de bancs en bois qui n'altèrent en rien le site et se trouvent en dehors de l'enceinte du site qui, de plus, sera isolé durant les soirées du festival. Tout le monde pourra le vérifier. Et que l'on vérifie avant de parler, de dénoncer et de signer.»

Dont acte.

Ameziane Farhani
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