Il faut réactiver le Fonds des calamités naturelles et de risques technologiques majeurs pour inciter les agriculteurs à continuer de produire en période de sécheresse. Il faut donner de l’assurance aux producteurs pour qu’ils puissent projeter et s’investir selon l’agroéconomiste Ali Daoudi, précisant que «l’agriculture est l’avenir du pays et quand il y a une mauvaise production, on devient plus dépendant que d’habitude des marchés mondiaux».
L’enseignant-chercheur à l’école nationale supérieure d’agronomie à El Harrach Ali Daoudi, invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, est revenu hier sur l’importance du développement de l’agronomie, qui suscite beaucoup d’espoir pour une relance de l’économie et dont le développement nécessite la disponibilité de l’eau car «sans eau, pas d’agriculture» a-t-il affirmé.
Il est évident que notre pays vit un stress hydrique depuis plusieurs années et que les eaux de pluie restent insuffisantes. Même les quantités d’eau dessalées, évaluées à 800 millions de m3/an, demeurent insuffisantes pour faire face à une demande nationale sans cesse en augmentation.
Ce déficit prolongé peut affecter l’activité agricole, selon Daoudi, car «la sécheresse va encore augmenter et les agriculteurs cherchent des assurances pour continuer à produire», explique-t-il.
Il a estimé que le Fonds des calamités naturelles (FCN) instauré par le décret exécutif n°90-402 du 15 décembre 1990 doit être réactivé et repensé, si on veut inciter les agriculteurs à prendre le risque et produire.
«Il faut donner de l’assurance aux producteurs pour qu’ils puissent projeter, s’investir et continuer à produire», avait-il affirmé
Les différents experts se sont aussi attelés à préciser que l'Algérie doit adopter un plan national de l'économie de l'eau d'irrigation des surfaces agricoles, dans l’objectif de faire une économie de plus de 450 millions de m3 en 2030. Il faut aussi adopter un système d'irrigation moderne, moins gaspilleur d’eau car des pertes importantes dans les réseaux de transport et de distribution varient globalement de 30% au niveau des grands périmètres d'irrigation à 40% au niveau des petites et moyennes irrigations collectives.
Au cours de son intervention sur l’avenir de l’agriculture et son importance, Ali Daoudi fera savoir que «cette année, les marchés mondiaux sont en train de s’enflammer» et que les prix de toutes les matières que l’Algérie importe, notamment les céréales, connaissent une tendance haussière inquiétante.
Cette hausse ne sera pas sans conséquences sur le marché algérien et, par conséquent, «la facture des importations risque d’augmenter de 25 à 30% en 2021, avec les mêmes quantités qu’on a l’habitude d’importer», selon l’expert. De ce fait, la seule solution réside dans la promotion, l’investissement et le développement de la production locale, quel qu’en soit le coût.
Abordant enfin la problématique du foncier agricole, l’invité appellera à faire barrage au bradage de ce foncier, précisant que «le foncier agricole est une ressource rare qu’il faut protéger et valoriser de la manière la plus optimale possible», et précisera que «le foncier agricole n’est pas renouvelable et qu'il faut donc le protéger coûte que coûte». Cela ne peut se faire qu’à travers «une stratégie claire et des instruments opérationnels partagés par tous».
Le gouvernement doit veiller à rendre le détournement de ces terres tellement coûteux parce qu’on a l’impression que les détournements des terres agricoles, «sont la solution de facilité en cas de besoin d’assiette foncière».
Photo: L’agroéconomiste, Ali Daoudi
Ilhem Tir
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Posté Le : 11/06/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ilhem Tir
Source : lesoirdalgerie.com du jeudi 10 juin 2021