Algérie

Algérie - SECTEUR ÉNERGÉTIQUE: L’urgence d’un nouveau modèle de consommation



Algérie - SECTEUR ÉNERGÉTIQUE: L’urgence d’un nouveau modèle de consommation


Face au boom de la consommation énergétique nationale, le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) vient de formuler, dans son dernier rapport, des recommandations visant l’instauration en “urgence” d’un modèle énergétique “sobre” et “durable”, permettant une “optimisation accrue” de la consommation interne et une intégration importante des énergies renouvelables.

Le Cerefe estime que “plusieurs voies s’offrent à l’Algérie” en vue de réorganiser, de manière rationnelle, le monde du transport et l’adapter aux exigences d’une efficacité énergétique devenue incontournable pour de multiples raisons, dont la sécurité de l’approvisionnement et la protection de l’environnement.

S’agissant du secteur industriel et BTP qui ne représente que “22%” de la consommation énergétique totale au cours des dix dernières années (90 millions TEP), il explique que celui-ci peut contribuer à une “économie substantielle” quant à sa demande énergétique, en l’encourageant à devenir lui-même “auto-producteur à travers le déploiement de ses propres moyens de production à base de ressources renouvelables”.

Le Commissariat ajoute, sur un autre plan et selon les procédés industriels, que “toutes les possibilités permettant la cogénération devraient être saisies, afin d’en tirer profit de manière directe (recyclage de l’énergie récupérée dans le process lui-même) ou indirecte (chauffage des locaux ou de l’eau sanitaire)”.

Le modèle de consommation actuel est basé sur les énergies fossiles, à un moment où le coût du combustible fossile augmente et où la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par la réduction de l’utilisation du combustible fossile constitue une question environnementale et politique partout dans le monde.

Coûteux et gaspilleur, il a montré ses limites et a contribué à l’explosion de la consommation d’énergie. Celle-ci a, en effet, atteint des sommets durant la période allant de 2010 à 2019, enregistrant une hausse de “59%”.

Cela montre que le programme national d’efficacité énergétique n’a rien apporté en matière de réduction de la consommation d’énergie dans le pays.

Le Cerefe note dans son rapport que le programme national de l’efficacité énergétique adopté par le gouvernement en 2011, puis actualisé en 2015, visait globalement la réduction de la consommation énergétique de “9% à l’horizon 2030”, en agissant sur l’ensemble des secteurs de consommation ayant un impact significatif sur la demande d’énergie, notamment le “transport”, le “bâtiment” et “l’industrie”.

- Gros consommateurs

Cette consommation excessive comprend, selon le document du Cerefe, “148 millions TEP (tonne équivalent pétrole) en produits liquides (essentiellement des produits pétroliers), soit 36%, 144 millions TEP en produits gazeux, sous forme de gaz naturel et GPL, soit 35%, et enfin, 116 millions TEP consommés pour produire de l’électricité, soit 29%”.

Le rapport ajoute que la consommation d’électricité est passée de “8,6 millions TEP en 2010 à 14,3 millions TEP en 2019, soit une augmentation de 66%”. Convertie en térawattheure, la consommation d’électricité est passée de “33,5 térawattheure en 2010 à 62,2 térawattheure en 2019, avec une consommation cumulée de 478 térawattheure au cours de la dernière décennie”. Pour ce qui est des produits gazeux, la consommation a “presque doublé”, avec un total de “144 millions TEP”, soit une croissance de “90%”, entre 2010 et 2019, y est-il écrit.

Le Commissariat a poursuivi que la consommation directe de gaz naturel est passée de “8 millions TEP en 2010 à 17 millions TEP en 2019, avec un total de 120 millions TEP, alors que la consommation de GPL est passée de 2,3 millions TEP en 2010 à 2,8 millions TEP en 2019, avec un total décennal de 24 millions TEP”.

Quel secteur d’activité consomme le plus d’énergie ? Une évaluation chiffrée faite par le Cerefe fait ressortir que le secteur “résidentiel et tertiaire vient en tête en matière de consommation finale nationale d’énergie, avec un total de 177 millions TEP entre 2010 et 2019, soit 43%” de la consommation globale.

Le rapport en question précise, en outre, que la consommation par habitant (en prenant en considération la consommation finale dans le secteur ménages et autres, selon la classification contenue dans les bilans énergétiques du ministère de l’Énergie) a évolué de “0,35 TEP/habitant en 2010 à 0,54 TEP/habitant en 2019”.

Le document souligne aussi que la consommation finale par habitant a augmenté, en proportion, de “55%” entre 2010 et 2019, alors que la croissance démographique était de “22%” pendant la même période. Cet accroissement est tiré essentiellement par l’usage “excessif” des climatiseurs engendrant des pointes de consommation électrique durant la période des grandes chaleurs, selon les explications du Cerefe.


Youcef SALAMI


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