Algérie

Algérie - Saïd Salhi. Vice-président de la LADDH: «Les autorités doivent afficher une bonne volonté pour trouver une solution politique à la crise»



Algérie - Saïd Salhi. Vice-président de la LADDH: «Les autorités doivent afficher une bonne volonté pour trouver une solution politique à la crise»


Dans l’entretien accordé à El Watan, le vice-président de la LADDH commente la note d’information du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies (HCDH) sur la situation des droits de l’homme en Algérie. Précisant que le «désaveu» de l’agence onusienne n’a rien à voir avec de l’ingérence, il estime que les autorités doivent afficher une «bonne volonté» pour arriver à une solution politique à la crise, l’arrêt de la répression du hirak, le respect des droits et libertés, la libération de l’ensemble des détenus, l’ouverture démocratique…

- Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies (HCDH) a réclamé aux autorités algériennes de mettre immédiatement fin aux violences contre des manifestants pacifiques et de cesser les détentions arbitraires. Un commentaire

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme est un mécanisme institué par l’Assemblée générale des Nations unies en 1993 avec la mission de la promotion et protection des droits humains dans le monde. Il assiste le conseil des droits humains​ et les organes des traités pour le suivi et la mise en œuvre des obligations des Etats​ en matière de respect des droits humains.

La note d’information au sujet de la situation des droits humains en Algérie vient après quelques jours de l’intervention de la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU​ exhortant le gouvernement au respect des droits humains.

Cette note d’information qui s’inscrit dans le mandat du Haut-Commissariat, fait état des différentes violations des droits humains et met en accusation de manière formelle le gouvernement. C’est une première. Pour la LADDH, ce rapport n’a fait que réitérer ce que nous n’avons pas cessé de dénoncer chaque jour: une situation des droits humains de plus en plus inquiétante.

Le désaveu de l’ONU, qui pour précision n’a rien à voir avec de l’ingérence du fait que l’Etat algérien en fait partie et siège au sein-même de cette instance, doit interpeller sérieusement le gouvernement qui doit cesser la répression et les attaques contre les droits et libertés et être a l’écoute du hirak qui incarne cette forte volonté du peuple algérien au changement. Le pouvoir qui a déjà perdu la bataille de la légitimité au niveau national, risque de la perdre au niveau international.​

- Quelles seront les implications de la note onusienne?

Le hirak par son​ expression pacifique​ a déjà​ forcé​ l’admiration de la communauté internationale et des peuples du monde entier,​ par sa résilience,​ face à​ toute la répression qui s’est abattue sur les activistes tout au long de deux ans.

Alors que le pouvoir a parié sur sa mort,​ la résurrection spectaculaire du hirak à l’occasion de son deuxième anniversaire force l’admiration. Finalement,​ le pouvoir a réussi par son entêtement et son mépris à s’attirer la désapprobation par la plus haute instance des droits humains au niveau international. La note d’information du Haut-Commissariat, même si elle n’est pas contraignante, a une force morale, qui ne doit pas​ laisser le gouvernement insensible au risque de s’isoler au niveau international.

Le gouvernement est tenu de répondre à ses obligations, les dernières révélations graves des détenus du hirak au sujet de la torture ont indigné​ la​ communauté internationale. La ligne rouge est franchie. Faire la sourde oreille à cette note serait suicidaire pour le gouvernement. Cette note d’information appelle d’autres réactions, y compris une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

A présent,​ les autorités sont sous la loupe de l’ONU et de la communauté internationale.

- Que devront faire justement les autorités algériennes?

Les autorités doivent afficher une bonne volonté pour une solution politique à la crise, l’arrêt de la répression du hirak, le respect des droits et libertés, la libération de l’ensemble des détenus​ et l’ouverture démocratique sont des signes à même de ramener la sérénité et​ la confiance.

Sur le plan des droits humains, maintenant que l’ONU commence à s’intéresser au cas Algérie, les autorités ont le devoir de réponse,​ inviter en urgence​ les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail de l’ONU sur la torture, la détention arbitraire, la protection des défenseurs des droits humains… à des visites ouvertes de travail en Algérie. C’est une mesure à même de rassurer les mécanismes de l’ONU quant à la volonté réelle des autorités au sujet des droits humains.



Photo: Saïd Salhi. Vice-président de la LADDH

Iddir Nadir


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