Algérie

Algérie-Sahel : la stratégie de l'indécision



Algérie-Sahel : la stratégie de l'indécision
La seconde manche de la guerre a éclaté plus tôt que prévu au Mali. Les organisations terroristes étaient probablement impatientes de conquérir ce qui restait à occuper du territoire malien. Peut-être, pensaient-elles que leur intérêt stratégique était de gagner du terrain avant que les troupes de la Cédéao ne viennent en renfort à une armée locale déjà défaite.
La question Azawed est déjà dépassée, puisque l'enjeu de l'offensive stoppée par l'armée française dépassait le territoire litigieux. Le soutien franc et décisif de la France, à la riposte de l'armée malienne, n'a, peut-être, pas été anticipé par le trio d'organisations islamistes à l'initiative de l'assaut.
Ce que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien a appelé 'les nouveaux développements" a, aussi, récusé la proposition algérienne de 'solution politique", déclinée sous forme de dialogue avec 'les différents groupes de la rébellion respectueux de l'intégrité territoriale du Mali et n'ayant aucun lien avec le terrorisme". Ansar Eddine, le mouvement touareg islamiste dont l'Algérie a résolument parrainé le rôle politique, a clairement fait un pied-de-nez à la diplomatie algérienne. En prenant part à une attaque contre Mopti, et qui dépassait donc la seule revendication territoriale targuie, nos 'amis" d'Ansar Eddine ont contraint notre pays à reconsidérer sa position. Le fait d'avoir pris positivement acte de la résolution 2085 du Conseil de sécurité constitue l'ultime recours d'une diplomatie paradoxale : la 'solution politique" est invariablement déclinée à l'endroit des forces qui font valoir leur potentiel de violences.
Au lendemain de l'intervention française, confrères et 'observateurs" nationaux s'interrogeaient sur le fait que les autorités et leur allié français soient ainsi passés à l'action, en faisant fi de la prédilection algérienne pour 'le dialogue". Un peu comme si le monde devait attendre que la diplomatie algérienne fasse la preuve de la vertu du dialogue avec un groupe qui ne cachait pourtant point sa cause : l'instauration de la charia au Mali. La destruction des mausolées de Tombouctou, les viols de femmes et les amputations de jeunes Maliens à Gao, ne suffisaient-ils donc pas à justifier l'urgence d'une intervention '
Si l'on pouvait s'assurer la paix par 'le dialogue" avec les groupes islamistes, nous l'aurions su. Chez nous, d'abord.
En fait, c'est la réalité du terrain qui a disqualifié une indécision qui aura marqué la position algérienne depuis le début de la crise. Rien de lisible, si ce n'est un entêtement à 'récupérer" le groupe Ansar Eddine, qui, par ailleurs, n'a jamais cédé sur son alliance fondamentale avec les autres groupes terroristes. À l'heure de vérité, la cohésion entre les différents groupes islamistes s'est révélée, mettant en échec ce qui semblait alors être la stratégie algérienne : déconnecter les islamistes touareg de la mouvance Al-Qaïda. Et mettant, surtout, à nu l'incapacité des pays de la région à soustraire le Sahel de l'hégémonie des islamistes narcotrafiquants, et la vanité opérationnelle de la mise sur pied d'un état-major des pays du champ.
Maintenant que les dés sont jetés, il reste à notre pays d'en mesurer les retombées sur la sécurité nationale. Celle-ci appelle, certainement, plus qu'une disponibilité au 'dialogue".
M. H.
musthammouche@yahoo.fr


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