Algérie - Ressources en eau: Le traitement des eaux usées, une nécessité et "également l'hygiène du milieu" *

Des experts nationaux et étrangers ont appelé, ce mardi à Alger, à redoubler d’efforts dans le domaine du traitement des eaux usées et à généraliser son utilisation. Réunis à l’occasion du 2e congrès international de l’énergie et des procédés industriels, ils ont notamment mis en avant la nécessité d’une alliance entre scientifiques et industriels pour une meilleure prise en charge de questions liées au secteur de l’hydraulique.

Initié par le laboratoire de valorisation et recyclage de la matière pour le développement durable (VRMDD), le 2e congrès international sur l’énergie et le génie des procédés industriels (ICEIPE’24) a vu la participation de plusieurs experts venus des centres de recherche algériens, mais aussi européens et arabes.

Les organisateurs de cet évènement se sont fixés comme objectif de «permettre l’échange des derniers résultats de la recherche et l’évaluation des technologies émergentes dans des domaines cruciaux», tels que les énergies renouvelables, la qualité de l’eau et de l’air, la chimie verte, la sécurité alimentaire, les molécules biosourcées, les biocarburants et la bioéconomie.

La rencontre vise aussi à «favoriser la mise en application des produits de la recherche scientifique au service du développement économique et industriel de notre pays», soulignent les organisateurs.

Ils ne manqueront pas de préciser qu’une industrialisation durable «est essentielle pour assurer un avenir prospère aux générations futures», impliquant une collaboration étroite entre les pouvoirs publics, la communauté scientifique, les industriels et les entrepreneurs.

Dans le domaine du traitement des eaux usées et ses diverses utilisations, le Pr. Abdelkader Gaïd, Docteur en science et ancien responsable à Véolia-Eau, une multinationale française spécialisée dans la gestion déléguée de services d’eau et d’assainissement, a indiqué que l’Algérie doit anticiper la pénurie d’eau en misant sur le traitement des eaux usées.

«L’Algérie figure parmi les 29 pays sur 44 les plus exposés au stress hydrique dans les années à venir. Et si aucune mesure d’anticipation n’est prise dans l’urgence, le risque de pénurie d’eau devient sérieux d’ici 2040», a-t-il fait remarquer.

- Assurer des ressources hydriques supplémentaires

Actuellement, l’Algérie puise son eau potable de trois sources principales: les barrages, les nappes phréatiques et le dessalement d’eau de mer. Hormis cette dernière, les deux autres dépendent entièrement des précipitations, a expliqué l’expert.

Face à ce défi, le principal objectif est d’assurer des ressources hydriques supplémentaires, notamment pour le secteur agricole, afin de réduire la pression sur les eaux souterraines et de surface, impactées par la faible pluviosité.

«Les solutions envisagées reposent sur le dessalement de l’eau de mer, mais surtout la réutilisation des eaux usées pour répondre aux besoins de l’industrie, de l’agriculture et des espaces urbains», a ajouté Gaïdi.

Selon les chiffres présentés, l’Algérie dispose actuellement de 240 stations d’épuration des eaux usées (STEP) pour une population de 46 millions d’habitants. Le volume d’eaux usées rejeté est estimé à 3 millions de m3/jour, dont moins de 50% (1,4 million de m3/jour) sont effectivement épurés.

«D’ici 2030, l’objectif est de doubler cette capacité d’épuration», a fait savoir l’expert. Pour lui, le nombre de STEP reste cependant insuffisant, avec seulement 0,0052 installation pour 1.000 habitants.

«De nouveaux efforts sont nécessaires pour augmenter les capacités de traitement», a estimé l’intervenant.

Et de signaler que la problématique de l’eau ne peut être résolue par les seuls pouvoirs publics, mais «requiert l’implication de tous les citoyens, qui doivent prendre conscience de la valeur de cette ressource vitale».

Selon lui, les professionnels du secteur disposent aujourd’hui des technologies adaptées pour mettre en place différents usages des eaux usées traitées, tout en maîtrisant les risques sanitaires.

La réutilisation des eaux usées permettra ainsi de «construire un avenir résilient face au changement climatique et à la raréfaction des ressources en eau conventionnelles», a-t-il conclu.


* Le titre de l'article enrichi par Akar Qacentina



Photo d'illustration: Une station de traitement des eaux usées. Horizon

Lyes Mechti