La grande forêt de l’Akfadou est devenue, ces dernières années, l’une des destinations privilégiées des promeneurs, randonneurs et autres amoureux de la nature.
Avec l’arrivée du printemps et le retour des beaux jours, c’est le moment idéal des randonnées pédestres et des escapades dans la nature en solitaire ou en groupes. Chaque week-end, y compris durant cette période de Ramadhan, ils sont très nombreux les citoyens qui programment des sorties en forêt en quête de quiétude, de nature vierge et de détente loin du vacarme et de la cohue des villes.
La forêt de l’Akfadou, de par sa proximité et de son accessibilité, est devenue une destination privilégiée, notamment les lacs Noir et Ouroufel, situés au milieu des chênaies.
Pour rappel, ce massif forestier de plus de 10.000 hectares, à cheval entre les wilayas de Béjaïa et Tizi Ouzou, est riche d’une incroyable biodiversité. Denses et élevés, ses peuplements forestiers comptent trois espèces dominantes qui sont le chêne zéen (quercus canariensis), le chêne afarès (quercus afares) et le chêne- liège (quercus suber).
Dans certaines niches écologiques, on y trouve aussi le sorbier et le houx, l’if ainsi que les espèces introduites entre 1890 et 1948 comme le cèdre, le sapin de Numidie et le châtaignier.
On y rencontre également le cèdre de l’Atlas, l’aulne glutineux, l’érable de Montpellier, le saule pédicellé, l’arbousier, le lentisque, le houx et le peuplier blanc.
Pour la faune, environ 10 espèces de mammifères dont le singe magot, le chacal, le renard, le sanglier, le lièvre, la civette et la genette, y ont été recensées par les scientifiques qui ont étudié ce milieu.
L’espèce la plus répandue est le singe magot dont la population est estimée à près de 3.000 individus.
On y recense également 93 espèces d’oiseaux de 27 familles différentes dont 16 espèces de rapaces, 10 de reptiles et 4 espèces de batraciens. À cela s’ajoute une espèce phare qui est le cerf de Berbérie réintroduit avec succès dans ce massif il y quelques années.
S’il est vrai que la forêt de l’Akfadou est peu touchée par les incendies en raison de l’inflammabilité du chêne zéen, la pression anthropique d’un tourisme débridé et qui ne cesse d’augmenter ces dernières années génère de multiples formes de pollution qui menacent ces biotopes.
Au lac, pour un vendredi printanier et ensoleillé, il n’y avait que 3 ou 4 randonneurs étant donné le mois de Ramadhan en cours. Un groupe de jeunes scouts d’un village voisin est néanmoins arrivé vers la fin de la matinée. Bruyants et festifs comme peuvent l’être de jeunes écoliers, le groupe et ses encadreurs ont été gentiment remis à l’ordre par l’un des randonneurs qui leur a demandé de remettre leur derbouka dans les bagages par respect à la faune qui habite ses lieux.
«Quand on va dans la forêt, on doit respecter ses habitants naturels et profiter des chants des oiseaux», leur-a-t-il dit avec beaucoup de diplomatie et de pédagogie.
Le groupe a d’ailleurs tout de suite assimilé et appliqué cette belle leçon d’écologie et de savoir-vivre.
Le massif de l’Akfadou se caractérise également par la présence de plusieurs lacs de montagne d’inégale importance. Le plus important est le lac Noir (Agoulmime Averkane), à une altitude de 1.262 mètres et qui s’étend sur une superficie de 10 ha.
Le lac Alsous est un lac de joncs situé dans la commune de Tifra à 581 m d’altitude. C’est une dépression naturelle d’une superficie de 3 ha et d’une profondeur qui peut atteindre les 2 mètres.
D’une superficie de 2,5 ha, le lac Alma se situe dans la commune de Tifra également, à 601 m d’altitude.
Le lac Ouroufel, lui, compte 1,5 ha et se situe à près 1.000 mètres d’altitude.
Ces dernières années, ce sont des dizaines de bus, de motos et de véhicules touristiques qui déversent des groupes de centaines, si ce n’est des milliers de visiteurs dans ces milieux fragiles. C’est le même problème pour le lac Tamda Ou Guelmime situé au cœur du massif du Djurdjura.
En date du 6 avril, l’un des animateurs de la page Facebook Loisirs et sports de montagne de Tizi Ouzou s’alarmait sur l’absence de rainettes (petites grenouilles) en cette période au lac Goulmim. Pour lui, c’est un indice de forte pollution du lac.
«C’est sur des rappels d’amis chercheurs que j’ai décidé de me rendre au Lac Goulmim pour le revoir et vérifier de visu, avec cette trêve ramadanesque, l’état des lieux de ce site», écrit Lounes Meziani qui indique qu’habituellement, les rainettes pullulent sous les eaux et les herbes verdâtres dans ces lieux encore humides.
Selon lui, «cette absence des petites bestioles est due à la présence de milliers de bovins dans les prairies et alpages du Djurdjura» à leurs déjections qui polluent ce site naturel protégé.
Il va de soi qu’après le ramadan, des milliers de «touristes» vont déferler sur ces sites en piétinant tout sur leur passage et en laissant leurs déchets et leurs poubelles derrière eux. Il est peut être temps de sauver ce qui peut encore l’être en travaillant main dans la main avec les très nombreuses associations écologiques et de défense de la nature et de l’environnement pour diminuer les nuisances et les dégâts sur ces milieux sensibles.
Photo: D'incorrigibles visiteurs déferlent sur ces sites en piétinant tout sur leur passage, laissant derrière eux déchets et poubelles
Djamel Alilat
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Posté Le : 18/04/2023
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Djamel Alilat
Source : elwatan-dz.com du 12 avril 2023