Lors du 4e colloque international organisé à l’université de Boumerdès sur les matériaux de construction et le développement durable, les participants, notamment des doctorants venus des différentes universités du pays, ont exposé leurs thèses sur les possibilités de recycler des matériaux tels que le charbon et le gravier. Au moment où les spécialistes en la matière insistent sur la résistance et la durabilité de ces produits.
Le 4e Colloque international sur les matériaux et le développement durable (CIMDD 2019) qu’abrite l’université M’hamed Bougara de Boumerdès pour une durée de trois jours se termine aujourd’hui. Ce colloque se veut «une occasion pour promouvoir la communication entre les industriels et les scientifiques pour échanger les informations, les idées et les expériences», lit-on dans communiqué rendu public.
Il faut noter que ce CIMDD 2019 est organisé par l’unité de recherche: Matériaux, Procédés et Environnement, relevant de la Faculté des Sciences de l’ingénieur. Parmi les thématiques retenues lors de ce colloque international, figure le thème: «Energies renouvelables, développement durable, recyclage et environnement». De nombreux intervenants ont axé leurs interventions sur la possibilité de recycler des matériaux tels que le verre et les déchets du charbon et ceux de la construction (les gravats) afin de les incorporer au béton.
Les communicants de ces thématiques sont essentiellement des étudiants des différentes universités du pays, à l’instar des universités de M’sila et Béchar, ont le souci de préserver l’environnement et de réduire un tant soit peu le coût des matériaux utilisés actuellement. Mais ces doctorants peinent à convaincre les membres du jury et l’assistance constituée essentiellement de professeurs universitaires et des étudiants dans le domaine du Génie des procédés.
Le premier défi que ces communicants doivent relever et celui de l’efficacité des résultats de la recherche sur le plan économique et technique. Un autre défi majeur est lié à la durabilité des produits obtenus. Ainsi, une communication portant sur la production du gravier à partir du recyclage des déchets de construction a été présenté par Mehsas Boumédienne, doctorant venu de l’université de M’sila.
Ce dernier a tenté de convaincre l’assistance de la solidité du gravier obtenu à partir du recyclage des débris de construction. Son projet qui vise à trouver une solution au gravats qui jonchent nos villes trouvera-il un écho dans le milieu du génie civil? M. Mehsas insiste sur l’aspect environnemental, estimant que cette technique de recyclage permet de nettoyer l’environnement.
De l’avis de ce doctorant, ce procédé de récupération des déchets de construction permet également de faire des économies sur les ressources naturelles. «1 m3 de déchets de construction permet de récupérer entre 43% et 46% du gravier recyclé», conclut-il. Mais, la substitution ne peut être que partielle: soit 60% du gravier recyclé qui s’ajoute au béton. «Lorsqu’on utilise 100% du gravier recyclé la résistance manque», estime ce doctorant. Les membres du jury, quant à eux, insistent sur les modalités d’application de cette technique sur le terrain.
Ainsi, le volet pratique pose problème. Les membres du jury ont mis l’accent sur le degré de résistance de ce nouveau matériau obtenu, à savoir le gravier recyclé. Au moment où un autre intervenant pose le problème de la rentabilité de cette opération. Une étude qui n’est pas encore faite dans la mesure où le projet est toujours en phase de recherche.
A cet effet, le docteur Nassira Ouslimani, enseignante à l’université de Boumerdès, soulève l’absence de passerelle entre les meneurs de ces projets de recherche et les entreprises qui demeurent le champ d’application concrète des résultats de ces recherches. Les résultats de ces recherches, bien que certaines répondent aux besoins de la société, «ne dépassent pas le seuil des bibliothèques où ces thèses ont été déposées», regrette une doctorante. Par ailleurs, le Dr Ouslimani insiste sur la reconnaissance de la communauté scientifique internationale. «Lorsqu’on publie dans des revues scientifiques cotées, le projet de recherche trouvera un écho», souligne cette enseignante.
Un autre matériau de recyclage qui s’invite à cette rencontre scientifique est le charbon recyclé. Miloudi Maamar, autre doctorant de l’université Tahri Mohamed de Béchar, ayant mené une thèse sur le recyclage des déchets du charbon dans cette région, tente de convaincre de l’efficacité de la formule utilisée pour obtenir du béton résistant, bien que son projet démarre de l’idée de nettoyer cet espace des traces du charbon dans la région de Béchar. Son travail est axé sur l’apport du charbon pour la composition du béton.
Performance
Le débat qui s’est déroulé s’articule autour de la valorisation des déchets et la performance des produits obtenus. Ces derniers, qui découlent de l’opération de recyclage, sont-ils de bonne qualité? Les doctorants porteurs de projets sur le recyclage des matériaux de construction ont du mal à convaincre le jury et l’assistance composée d’universitaires quant à la problématique de la valorisation des déchets et le respect des exigences du génie-civil.
«Le scientifique doit privilégier l’approche globale qui est consiste à répondre au besoin de la société. Il ne faut pas se dire: j’ai un déchet et chercher à le placer», met en garde Benamar Benothmane, professeur à l’université de Boumerdès.
Ce professeur en science et génie des matériaux s’interroge sur le «comportement durable» des produits obtenus du recyclage qu’on introduit dans le béton. De l’avis de ce professeur, ce comportement durable ne peut être évalué qu’après une longue durée d’existence.Il cite, à titre d’exemple, l’opération de l’incinération des produits industriels, notamment l’industrie pharmaceutique. De cette opération découle un sous-produit: Mâchefers «le résidu solide de la combustion du charbon ou du coke dans les fours industriels ou bien encore de celle des déchets urbains dans les usines d’incinération».
Ce dernier est également introduit dans le béton. «L’impact de ces produits toxiques ne peut pas se sentir dans l’immédiat», estime ce professeur qui insiste sur l’aspect durable des produits obtenus.
Pour sa part, Nassira Ouslimani s’interroge sur l’aspect pratique de ces projets de recherche menées dans des labos. «Les sous-produits obtenus existent-ils en quantités suffisantes pour voir les industriels intéressés par sa commercialisation? Un autre aspect non négligeable est la résistance de ces produits obtenus du recyclage. Est-ce que l’introduction de ces produits recyclés ne vont pas nuire à la structure?» se demande-t-elle?
Djedjiga Rahmani
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Posté Le : 15/11/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Source : elwatan.com du jeudi 14 novembre 2019