Algérie - Brucellose

Algérie - RÉAPPARITION DE LA BRUCELLOSE HUMAINE: La politique sanitaire du département de l’agriculture pointée du doigt



Algérie - RÉAPPARITION DE LA BRUCELLOSE HUMAINE: La politique sanitaire du département de l’agriculture pointée du doigt


Les cas de brucellose humaine en Algérie augmentent d’année en année. Une situation très préoccupante, d’autant plus que les cheptels, assurent les médecins vétérinaires, ne sont pas automatiquement assainis. Pis encore, 70% de la production du lait frais sont écoulés sur le marché parallèle et échappent à la pasteurisation.

Rym Nasri - Alger (Le Soir) -

Pas moins d’une trentaine de cas de brucellose humaine ont été enregistrés samedi dernier, dans la commune de Arris à Batna, à l’est du pays. Ces personnes auraient consommé du lait de chèvres infectées. Transmise essentiellement par les caprins, les ovins et les bovins, cette maladie infectieuse est liée à la consommation de produits laitiers crus et autres dérivés non pasteurisés provenant d'animaux infectés.

Selon le Dr Nadjib Dahman, responsable de la communication du Syndicat national des vétérinaires de la Fonction publique, 11.000 cas de brucellose humaine ont été enregistrés en 2019, en Algérie.

«En 2000, la brucellose humaine ne dépassait pas les 2.000 cas par an, mais depuis l’arrêt de l’agrémentation, ce nombre a augmenté crescendo», fait-il remarquer.

Qualifiant cette situation sanitaire d’«alarmante», il pointe du doigt la politique du ministère de l’Agriculture adoptée depuis plusieurs années. Celle-ci impose aux vétérinaires de procéder uniquement à l’identification du cheptel.

«Auparavant, tous les cheptels bovins passaient par l’agrément sanitaire qui consiste à effectuer des prélèvements de sang, vérifiés auprès des laboratoires, avant d’attester que les bêtes sont indemnes ou pas. Depuis la mise en place de la nouvelle politique du ministère de l’Agriculture en 2000, l’animal n’est point identifié sanitairement. Nous sommes passés de médecins vétérinaires à des agents comptables chargés d’identifier les cheptels, ni plus ni moins!», déplorent-ils.

Le Dr Dahman rappelle que cette politique a été initiée dans le cadre de la collecte du lait frais, avant qu’il ne soit soumis à la pasteurisation. Or, souligne-t-il, seuls 30% de la production nationale du lait passent par la pasteurisation. Les quantités restantes, soit 70% de cette production, «sont distribuées dans le marché parallèle sans qu’elles ne soient pasteurisées, d’où l’augmentation des cas de brucellose».

Il fait savoir également que la brucellose la plus «dangereuse» et la plus «lourde», est celle des caprins. D’autant, poursuit-il, que «les cas de brucellose caprine sont souvent identifiés chez les membres de la famille qui élève ces animaux».

Afin d’assurer la santé du cheptel et celle de l’humain, il réitère la revendication de tous les médecins vétérinaires depuis 2015, celle de mettre en place une politique d’assainissement du cheptel.

«Il faut revenir à l’agrémentation et à l’assainissement du cheptel, qui passe par la pose de boucle ou de puce sur l’animal afin d’identifier le cheptel et d’assurer sa traçabilité», plaide-t-il.

Se manifestant chez l'humain par une fièvre accompagnée de complications chroniques, le plus souvent articulaires ou neurologiques, la brucellose, assure le Dr Dahman, nécessite une prise en charge qui peut coûter 450.000 dinars par personne.

Un «lourd poids» sanitaire et socioéconomique d’autant que, précise-t-il encore, «la brucellose est souvent suspectée tardivement chez le porteur, et la personne atteinte n’est pas assainie définitivement, puisque cette maladie est récurrente».

Ry. N.


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