Algérie - Autres Politiciens et Militaires

Algérie - Rachid Benyelles. Auteur Dans les arcanes du pouvoir (1962-1999) «L’armée n’a jamais été qu’une masse de manœuvre à la disposition du chef du moment»



Algérie - Rachid Benyelles. Auteur Dans les arcanes du pouvoir (1962-1999) «L’armée n’a jamais été qu’une masse de manœuvre à la disposition du chef du moment»




- Vos Mémoires s’arrêtent à la prise du pouvoir par Abdelaziz Bouteflika en assénant que «c’est le début d’un pouvoir archaïque et plus autocratique que jamais». Quel regard portez-vous aujourd’hui sur son règne?

Celui d’un homme désabusé et impuissant devant l’énorme gâchis qui a caractérisé ce règne. Abdelaziz Bouteflika nous a fait manger notre blé en herbe.

- Vous assurez que le rôle de l’armée était décisif dans la vie politique nationale depuis l’indépendance. Comment cette institution s’est-elle trouvée au cœur du système politique algérien?

Pour comprendre comment l’armée s’est retrouvée au cœur du système politique algérien, il faut remonter aux quelques mois ayant précédé l’indépendance du pays. C’est une période qui se distingue par une direction politique (le GPRA) confrontée à de graves dissensions internes, d’une part, et par l’émergence d’une personnalité charismatique en la personne du colonel Houari Boumediène, chef d’état-major général de l’ALN, d’autre part.

Le conflit qui avait alors opposé les deux pôles d’autorité et l’intervention de l’armée des frontières en faveur de son chef avaient projeté cette dernière sur le devant de la scène politique. Ceci étant, l’armée n’a jamais été qu’une masse de manœuvre à la disposition du chef du moment.

- Dans vos mémoires, vous appelez «les nouvelles générations d’officiers à tirer les enseignements du passé et que les interventions militaires dans la vie politique d’un pays ne sont plus tolérables...». Redoutez-vous un autre coup de force militaire?

C’est en effet ce que je redoute car il s’agirait, en l’occurrence, du pire scénario pour notre pays. Ce que j’appelle de mes vœux, en revanche, c’est qu’à la disparition de Abdelaziz Bouteflika, l’armée prenne directement et ouvertement le pouvoir pour une période de transition de six mois afin que l’on puisse remettre de l’ordre dans les affaires du pays avant d’organiser la tenue d’une élection présidentielle véritablement démocratique, car, en dépit de tout ce qu’il a été dit et écrit quant au rôle qu’elle a joué jusqu’à présent, cette institution reste la seule en mesure de préserver le pays du chaos qui le menace.

- Vous réfutez la thèse selon laquelle le régime de Boumediène avait fomenté les assassinats politiques ciblant les opposants comme Khider et Krim. Qui, alors, aurait assassiné ces figures historiques?

Ce que je réfute d’abord et avant tout, c’est que l’on attribue à Boumediène toute une série de morts sans que le moindre début de preuve ne soit apporté pour étayer les accusations, alors qu’il suffit de lire les Mémoires de certains anciens responsables des services spéciaux étrangers pour découvrir que des sections «homo» spécialisées dans les homicides de personnalités politiques et les coups tordus existent bel et bien dans nombre de pays avec pour objectif de diaboliser les dirigeants qui ont choisi de mener une politique indépendante allant à l’encontre de leurs intérêts stratégiques dans la région.



Hacen Ouali



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