Les députés de la commission agriculture de l’APN ne comprennent pas pourquoi après 50 ans d’existence, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) n’arrive toujours pas à assurer une autosuffisance.
Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir)
Le directeur général par intérim de l’OAIC, Abdelwahab Dermeche, est passé, hier, devant la commission agriculture, pêche et environnement de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour répondre aux questions orales des députés. Il a d’abord précisé, dans son allocution d’ouverture, que l’Algérie a produit au titre de la campagne céréalière 2011-2012, une récolte de 51,2 millions de quintaux. Les besoins de consommation annuels du pays étant de 90 millions de quintaux, l’OAIC importe environ 60% de la demande locale en céréales, notamment pour constituer son stock. Abdelwahab Dermeche a toutefois refusé de communiqué le chiffre exact des importations algériennes en céréales en 2012, estimant qu’il s’agit de statistiques stratégiques.
Mais les chiffres jusque-là communiqués ont quand même suffi à susciter moult interrogations chez les députés, souvent sous un ton de reproche et d’indignation. Certains ont même réitéré leur crainte de voir l’Algérie sombrer dans la famine le jour où la production pétrolière s’arrêtera et les mannes financières de l’Etat ne seront plus assez gonflées pour procéder à des importations.
«L’attaque terroriste du complexe gazier de Tiguentourine nous a vraiment fait peur dans la mesure où la production risquait d’être rompue après un acte de sabotage… Vous imaginez les conséquences que ça pouvait avoir sur une économie nationale qui se base essentiellement sur la manne énergétique pour nourrir le peuple ?», a martelé un député tout en soulignant qu’après 50 ans d’existence, l’OAIC, dont la mission ne se limite plus, en principe, à acheter et vendre des céréales, devrait adopter un plan stratégique à court et moyen terme.
Des céréales stockées dans les écoles et les salles de sport!
Un député d’Adrar a, de son côté, soulevé le problème de la semence qui n’est pas toujours adaptée aux conditions climatiques et à la nature du sol saharien ajoutant que, de plus, l’approvisionnement de ces régions en semence se fait souvent en retard par rapport au lancement de la campagne céréalière. Ce qui perturbe, affirme-t-il, la production d’une région qui peut s’avérer d’un grand potentiel si l’OAIC lui accordait davantage d’intérêt. Aussi, a-t-il regretté, l’inexploitation des nappes d’eau souterraines d’un Sud qui souffre d’une sécheresse parfois aiguë, avec une nouvelle menace qui vient s’ajouter au palmarès des ratés de l’agriculture saharienne, à savoir l’exploitation du gaz de schiste.
Et à d’autres députés de poser la problématique de la qualité de la semence qu’ils jugent, selon les appréciations des fellahs de leurs régions, pas suffisamment performantes. Aussi, ont-ils soulevé, la crainte de voir l’OAIC ne pas répondre à la demande des céréaliculteurs en matière de semence si demain l’Algérie décide d’exploiter les 8,5 millions d’hectares destinés à cette filière.
Il est à préciser qu’actuellement, 3,3 millions d’hectares sont exploités pour la production céréalière.
Le déficit d’unités de stockage des céréales a également été abordé, et c’est un député de la wilaya de Mascara qui a tiré la sonnette d’alarme en faisant savoir que dans sa région, des quantités considérables de céréales ont été stockées dans des salles de sport et dans des écoles pendant la période des vacances estivales. Un état de fait, poursuit-il, qui a endommagé une partie de la production.
Une députée d’Oran a, quant à elle, évoqué la question des surfaces exploitées jugées trop réduites par les céréaliculteurs.
«Il n’y a actuellement que 30% des céréaliculteurs qui cultivent des surfaces de 100 ha et plus. Si l’Algérie veut vraiment, relever le défi de la sécurité alimentaire ce n’est pas à travers de petites exploitations de 6 à 7 ha qu’elle y parviendra», a-t-elle indiqué.
Cette dernière, Meki Zoulikha, députée FLN, interrogée en marge de la réunion, a aussi fait savoir que l’équivalent d’au moins 26 % de la production céréalière nationale est endommagée à cause de la vétusté du matériel utilisé par les agriculteurs.
Les explications du DG de l’OAIC (DG par intérim de l’OAIC), qui a tenu à préciser que certaines questions ne relevaient pas de ses prérogatives, a répondu plus ou moins à ce qu’il a jugé être de son ressort.
Sur la qualité des semences, Abdelwahab Dermeche a refusé d’admettre qu’elle ne répond pas aux normes, argumentant qu’elle est certifiée et soumise à une examination rigoureuse. De même qu’il a imputé le retard d’approvisionnement des céréaliculteurs du Sud en matière de semences à ces mêmes agriculteurs qui ne se manifestent pas toujours à temps pour les commander.
Sur la question de savoir si la quantité de semences distribuée par l’OAIC répond aux besoins des agriculteurs, le DG a souligné que les 2,8 millions de quintaux de semences qu’a produit l’OAIC en 2012 sont largement suffisants puisque les céréaliculteurs assurent leur production par deux tiers de semences qu’ils reproduisent eux-mêmes et que l’OAIC leur en fournit le tiers restant.
Enfin, Abdelwahab Dermeche a reconnu que la problématique de stockage des céréales se pose véritablement, confirmant qu’à Mascara, ils ont eu recours aux écoles et aux salles de sport pour les besoin, de stockage.
Néanmoins, il a annoncé un programme de construction de 9 silos de stockage en béton et de 30 autres silos métalliques d’une capacité de stockage de 8,2 millions de quintaux.
La capacité de stockage de l’Algérie est actuellement de 34 millions de quintaux, selon le DG de l’OAIC.
M. M.
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Posté Le : 21/01/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: caci.dz ; texte: M. M.
Source : LeSoirdAlgerie.com du lundi 21 janvier 2013