Algérie

Algérie - Pr Salim Nafti. Chef de service de la clinique des maladies respiratoires (hôpital Mustapha): "Nous avons perdu le bon score"



Algérie - Pr Salim Nafti. Chef de service de la clinique des maladies respiratoires (hôpital Mustapha):
Au moins un demi-million d’enfants âgés de moins de 15 ans contractent la tuberculose chaque année et près de 70.000 meurent de cette maladie. L’OMS et le Partenariat. «Halte à la tuberculose» lancent un appel pour que les enfants ne soient plus les «oubliés» des services de santé de lutte contre la tuberculose. La maladie reste sous-diagnostiquée chez les enfants, alors que des traitements peu onéreux existent.

-Le monde a célébré hier la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, quelle est la situation aujourd’hui de la maladie en Algérie?

Il y a lieu de préciser que la célébration de cette journée consiste à sensibiliser et à mobiliser les populations contre cette maladie. Il ne s’agit pas de se réunir entre scientifiques et de parler de cette épidémie. Il est important de s’orienter vers les populations et de commencer par les écoles pour une meilleure sensibilisation des enfants, qui, à leur tour, sensibiliseront leurs parents et leurs proches. Je dois signaler que la tuberculose est la première maladie à avoir bénéficié de la médecine gratuite et l’Algérie a enregistré de très bons scores définis par l’OMS et les chiffres ont réellement fléchi. Actuellement, la maladie stagne et nous avons 20 000 cas par an, mais nous n’arrivons pas à la faire reculer encore vu toutes les insuffisances.

-Pourquoi et quelles sont précisément ces insuffisances?

Je dois dire que la maladie est assez maîtrisée, mais beaucoup reste à faire en matière de diagnostic, de traitement et de motivation du personnel médical. Les pénuries de certains tests de diagnostic et de médicaments d’entretien RH, tels que certaines drogues, ont fait que l’évolution de la maladie est difficilement gérable, d’où la stagnation et le risque des contaminations qui est toujours présent. Malgré cela, nous sommes arrivés à avoir des programmes satisfaisants. Mais, il n’est quand même pas normal qu’un programme qui date de plus 45 ans soit touché par des perturbations de ce genre, à savoir des ruptures de stocks de médicaments, alors qu’il exigé d’avoir un stock d’au moins six mois pour ne pas tomber dans l’urgence. Pourquoi ce stock n’existe-t-il pas?

-Quelles sont, justement, les conséquences de l’interruption du traitement?

Elles peuvent être très graves. Cela risque d’augmenter la résistance de la bactérie au médicaments et automatiquement la maladie devient plus difficile à maîtriser. Ce qui nécessitera des médicaments plus agressifs et si on rate le premier traitement, on développe des résistances et il y a moins de chances de guérison.

-L’OMS lance cette année 2012 la campagne pour mettre fin à la maladie dans le monde. Comment peut-on y arriver en Algérie?

Il est tout d’abord important de signaler qu’avec la relance du programme national de lutte contre la tuberculose, à travers la restructuration des centres, la sensibilisation, l’éducation et la motivation du personnel médical, nous pouvons déjà espérer inverser la tendance. Cela doit passer essentiellement par la sensibilisation de la population et sa confiance, en mettant à sa disposition les médicaments essentiels. Ceci nous permettra d’atteindre les objectifs fixés par l’OMS, à savoir 80% de dépistage dans la collectivité et atteindre 85% de guérison.

-Est-il réellement possible d’atteindre ces objectifs?

Evidemment. L’Algérie a toujours réussi le bon score. Il y a eu des problèmes qui ont perturbé le bon déroulement de la prise en charge de cette maladie. Ce qui nous a fait perdre ces scores. Mais si tous ces obstacles cités plus haut ne sont pas écartés, la tâche sera forcément très difficile.

Djamila Kourta


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)