Algérie

Algérie - Pr Farid Cherbal*. ancien dirigeant syndical du CNES (Conseil national des enseignant du supérieur) «Les forces politiques et sociales doivent converger et donner un projet politique et économique souverain au mouvement populaire»


Algérie - Pr Farid Cherbal*. ancien dirigeant syndical du CNES (Conseil national des enseignant du supérieur) «Les forces politiques et sociales doivent converger et donner un projet politique et économique souverain au mouvement populaire»


- Après les manifestations impressionnantes du vendredi 22, le mouvement de contestation est en train de s’affirmer par «corporations»: les avocats avant-hier, les étudiants hier. D’abord du retour de l’Université sur la scène des luttes politiques. En quoi ce fait peut-il être structurant et bénéfique pour l’avenir du mouvement?

Tout d’abord, il faut préciser que les marches du 22 février 2019 marquent le retour des masses populaires sur la scène politique en réponse à la grave crise politique, sociale et économique que vit notre pays.

Dans ces grandioses manifestations du 22 février, j’ai vu un rétablissement des espérances et une défense démocratique, citoyenne et pacifique de trois constantes majeures inscrites dans l’ADN politique du peuple algérien et qui ont été annoncées par les pères fondateurs de l’Algérie moderne dans la déclaration du 1er Novembre 1954 et de la Plate-forme du Congrès de la Soummam le 20 août 1956: une Algérie démocratique et sociale, la défense de l’Etat-nation et la souveraineté du peuple.

Oui, l’implication des avocats, des intellectuels, des associations autonomes de la société civile, des militants des droits de l’homme, des journalistes du secteur public, du mouvement étudiant autonome et démocratique qui a organisé aujourd’hui mardi 26 février (hier, ndlr) les marches et les sit-in dans la majorité des universités du pays va permettre de consolider, de structurer et d’organiser cet extraordinaire mouvement politique pour répondre aux aspirations démocratiques et sociales du peuple algérien.

- Sans leadership, sans programme ni contenu, hormis les mots d’ordre inspirés du «dégagisme», le mouvement de contestation ne risque-t-il pas d’atteindre rapidement ses limites objectives?

Le mouvement est juste à ces débuts, on ne peut prédire son évolution. Mais, nous pouvons constater déjà qu’il est porté par une farouche détermination et une extraordinaire communication à travers les réseaux sociaux et il représente une lame de fond sociale et politique qui traverse toutes les catégories sociales dans les 48 wilayas du pays.

Ce mouvement populaire est parti pour durer dans le temps et s’auto-organiser. Il faut espérer que le pouvoir va répondre rapidement aux revendications urgentes du mouvement dont celle de renoncer au 5e mandat, et de fait, il faudra reporter les élections prévues le 18 avril 2019.

- Comment et quel contenu donner à ce mouvement, selon vous?

A mon avis, les forces politiques et sociales du pays doivent converger et donner un projet politique et économique souverain à ce formidable mouvement populaire afin de baliser le chemin pour un avenir radieux pour la jeunesse algérienne qui va gérer notre pays dans les années à venir.


* Professeur des universités en génétique moléculaire et génétique du cancer à l’USTHB (Alger)

Mohand Aziri