L’ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, estime que plus de trois mois après le début du mouvement populaire, le temps est venu pour les manifestants de désigner des représentants afin de lancer des négociations avec le système politique pour organiser son départ.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) -
Invité hier à la Chaîne 3 de la Radio nationale, il a appelé également le pouvoir à faire connaître ses représentants à ces négociations. Pour lui, la négociation doit se faire autour du comment satisfaire les revendications populaires relatives au changement radical du système politique.
«On n’est pas dans l’étape du dialogue mais dans celle de la négociation pour le changement de tout le système de gouvernance et répondre positivement aux revendications de la population», a-t-il expliqué, en réponse à une question sur les appels au dialogue.
Soulignant qu’à part l’élimination du cinquième mandat, aucun changement fondamental qui puisse répondre aux aspirations de la population n’est opéré, il a indiqué qu’il faut bien définir les contours du dialogue auquel on appelle, sans perdre de vue que la revendication principale des Algériens est le changement du système politique.
«Il faut que les tenants du pouvoir comprennent que lorsqu’ils parlent de dialogue, il s’agit de négociations pour le changement de tout le système de gouvernance et non pas un dialogue sur des sujets plutôt théoriques que réels. Comme nous avons des marches paisibles, nous pouvons avoir des négociations paisibles. Il s’agit de se mettre d’accord sur la manière de changer le système», a-t-il expliqué.
L’ancien chef de gouvernement a soutenu qu’il existe trois niveaux de programmes à mettre en place pour fonder un nouveau système et refonder l’Etat. Un niveau de programme pour la refondation des institutions, un autre pour le comportement individuel et collectif et le dernier pour les politiques sectorielles. Pour arriver à un tel objectif, Ahmed Benbitour plaide pour une période de transition d’une durée entre 8 et 12 mois.
Durant cette période, dont l’appellation (report des élections ou transition) peu importe pour lui, il faudrait préparer les conditions d’organisation des élections libres et transparentes. Selon lui, l’élection du 4 juillet est irréalisable administrativement et en raison de l’absence de candidats, soulignant que personne n’a vu les deux dossiers annoncés par le Conseil constitutionnel aller chercher des signatures de parrainage de leur candidature.
«Je pense que les tenants du pouvoir n’ont pas encore voulu assimiler l’idée de changement de tout le système de gouvernance et donc de transition. Ils parlent de report des élections. Cela n’est pas très important de mon point de vue pour peu qu’on comprenne ce qu’il faut mettre dans ce report des élections», a-t-il dit, soutenant que c’est juste le concept de transition qui dérange ceux qui s’y opposent.
«Si la transition dérange, c’est pas grave. Mais il y a une période déterminée, qu’on l’appelle transition ou report des élections, qui doit faire fonctionner un certain nombre de choses», a-t-il poursuivi.
Durant cette période, Benbitour appelle à la mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections qui nécessite du temps et de l’organisation.
«Il faut ensuite un gouvernement de transition pour gérer les affaires courantes du pays», a-t-il ajouté.
En troisième lieu, il plaide pour le lancement d’un programme de communication important pour expliquer à la population les difficultés économiques et une certaine politique d’austérité à partager.
K. A.
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Posté Le : 31/05/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Karim Aimeur
Source : LeSoirdAlgerie.com du jeudi 30 mai 2019