Algérie

Algérie Poste joint l'impudence à l'imprévoyance



Décidément, Algérie Poste ne doute de rien. Après avoir infligé à ses usagers les pires sévices (manques récurrents de liquidités, mauvaises prestations de services, longues files d'attente...), elle vient décider (excusez du peu !) que, pendant une semaine, les titulaires d'un compte CCP n'auront pas le droit de retirer plus de 40 000 DA par opération, renouvelable tous les deux jours. «Nous avons décidé de recourir à cette mesure exceptionnelle parce que nous avons atteint les limites de nos capacités, en raison de la demande enregistrée à la veille de l'Aïd El Adha», a justifié, hier, Mohamed Laïd Mahloul, le directeur général d'Algérie Poste, en ajoutant tranquillement sur les ondes de la radio que, de toute manière, «les besoins mensuels de l'Algérien moyen tournaient autour de 30 000 DA». Autrement dit, après avoir imputé le problème du manque de liquidités aux retraits abusifs du citoyen (qui ne veut décidément pas changer de comportement et adopter les autres modes de paiement, comme la carte bancaire et les chèques), A. P. s'arroge le droit de fixer ses besoins mensuels, et décide de porter atteinte au seul droit dont le citoyen peut encore jouir dans ses rapports avec le bureau de poste : celui de retirer son argent comme il l'entend, en totalité ou par tranches. Comment s'étonner alors de voir (et souvent d'entendre) les bureaux de poste tonner des imprécations de milliers de citoyens dont on interdit l'accès à leur bien. Et ce qui n'arrange rien, la très maladroite A. P. a pris cette décision de manière unilatérale, sans avoir pris la peine de consulter le principal intéressé ni avoir eu la décence de l'en informer au préalable. Une impudence qui s'ajoute à l'imprévoyance dont A. P. fait preuve depuis quelques années et qui pénalise grandement ceux parmi les titulaires - et ils sont nombreux - qui n'ont que leurs salaires ou pensions comme source de revenus. Il revient, en effet, à cette institution (ce que les spécialistes appellent bonne gouvernance et qui est valable pour toute autre structure économique) de prévoir les périodes de tension, les besoins (dont beaucoup restent inchangés) et les masses monétaires à mobiliser pour faire face aux demandes mensuelles. Surtout que ses responsables, comme ceux du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, avancent à pas sûrs sur la voie de la modernisation. La décision - au mieux grossière, au pire illégale - d'Algérie Poste intervient quelque temps seulement après les assurances données aux députés, à quelques semaines d'intervalle, par le ministre de tutelle, Moussa Benhamadi, et le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Le premier rassurait que le manque de liquidités dans les bureaux de poste «a été résolu dans sa globalité» et que la «pénurie des billets de banque était passagère», le second affirmait que la Banque d'Algérie avait entrepris de nombreuses actions pour enrayer la crise du manque de billets, notamment par l'émission de plus de billets de 2 000 DA. Maintenant que l'on sait que rien n'est encore réglé et qu'Algérie Poste peut porter atteinte aux droits des titulaires de compte CCP, une question reste sans réponse : les taxes prélevées sur chaque retrait (12 DA par retrait et 2 DA par 1 000 DA) sont-elles maintenues pour ce «plafonnement exceptionnel» '

S. O. A.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)