Algérie - Ecologie

Algérie - Plantation de la fibre de sisal: Retour sur la première expérience à Naâma et Ghardaïa



Algérie - Plantation de la fibre de sisal: Retour sur la première expérience à Naâma et Ghardaïa


Deux chercheurs en biologie, Abdelkader Fateh Bougherara et Rachid Kada en l’occurrece, viennent d’expérimenter pour la première fois la culture de la fibre de sisal, capable notamment de stopper l’érosion du sol – dans les régions arides du pays. Les expériences sont déjà entamées à Naâma et Ghardaïa.

. Zoom sur cette plante d’origine mexicaine.

«La plante de sisal a besoin d’arrosage trois fois au début de sa plantation et puis elle peut tenir pendant 11 ans sans être arrosée», explique Abdelkader Fateh Bougherara, l’un des initiateurs de ce projet.

Ainsi, le coup d’envoi de ce projet écologique par excellence a été donné à partir de la wilaya de Naâma, précisément dans la commune de Mecheria ou une mini-ferme d’une superficie de 280 hectares a été lancée.

«500 agriculteurs ont déjà adhéré à ce projet. Ce dernier demeure un générateur d’emplois pour ces régions du sud du pays», souligne Bougherara.

Le chercheur Rachid Kada est chef de projet pour la région de l’ouest, tandis qu’Abdelkader Fateh Bougherara est chef de projet des plantations de l’Est.
Un projet inscrit aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.

Ces deux chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Un autre projet de 50 hectares a été lancé à Ghardaïa. Et ce dans le but d’élargir la culture de sisal en Algérie.

Par ailleurs, une troisième expérience de la culture de la fibre de sisal est prévue dans la wilaya d’Ouargla.

Si cette plante originaire du Mexique résiste parfaitement au climat aride, ces deux chercheurs biologistes l’ont choisie uniquement à base de cette caractéristique?

Le biologiste Abdelkader Bougherara revient sur les différentes vertus de cette plante et ces multiples utilisations.

1- Adaptation aux climats arides

Parmi les avantages environnementaux, c’est l’adaptation de la plante de sisal au climat chaud et aride. «Cette plante peut contribuer à renforcer le barrage vert en Algérie», estime M. Bougherara. Cette ressource renouvelable peut répondre positivement à la problématique du changement du climat. C’est une fibre biodégradable. Le sisal réduit l’érosion des sols en raison de ses profondes racines et contribue à une bonne gestion des bassins versants. La plante de sisal constitue également une barrière végétale efficace pour protéger les cultures et les forêts des prédateurs et des intrus.

2- Le rendement

Très résistante, la fibre, pouvant être extraite quatre fois par an, sert à la fabrication de cordages, de tapis, de nattes et de divers produits artisanaux. Son rendement moyen en fibres séchées s’établit à plus d’une tonne par hectare.

Selon les chercheurs, il peut exister plusieurs domaines d’utilisation. Comme dans le domaine agricole où le jus de la plante, les particules de tissus broyés et les fragments de feuilles et de fibres peuvent être utilisés comme engrais ou aliments pour animaux du bétail.

Pour l’industrie automobile, sa fibre peut être aussi utilisée en complément de la fibre de verre employée pour renforcer le plastique dans les automobiles, les bateaux, les meubles, les tuyaux et les réservoirs d’eau. Des disques de polissage sont également fabriqués avec sa fibre très solide.

A noter aussi que le secteur de textile est en constante recherche de la fibre bio qui répond aux exigences de ces utilisateurs. La fibre de l’Agave sisalana est également utilisée pour la fabrication des textiles. Et puis, au milieu médical, elle peut être utilisée pour la fabrication de l’alcool chirurgical.

3- Elle sert aussi à la fabrication du papier

La fibre de sisal est utilisée aussi pour fabriquer du papier noble au vu de ses qualités d’absorption et de sa résistance au pliage. Les chercheurs expliquent aussi que les sous-produits de l’extraction du sisal peuvent être utilisés pour fabriquer du biogaz, des ingrédients pharmaceutiques et du matériel de construction. La biomasse restant après le défibrage, représente environ 98% de la plante.

La première expérience visant la valorisation de ces sous-produits a eu lieu en Tanzanie. Ces déchets servent à produire du biogaz, de l’électricité et des engrais.

4- Une source de revenus en devise

«Je compte l’exporter, une multinationale est déjà intéressée. Cette fibre de sisal est très demandée sur le marché mondial», affirme Abdelkader Fateh Bougherara, l’un des initiateurs de ce projet qui lance un appel aux investisseurs privés intéressés par l’investissement dans la culture de sisal en Algérie, estimant que cet investissement à long terme permet de faire rentrer de la devise.

Ce chercheur regrette par la même la lenteur des établissements financiers dans le traitement de son dossier pour l’octroi de crédit.

«Cela fait trois ans que j’ai introduit un dossier de crédit d’une somme de 9 milliards de centimes à la BADR de Ghardaïa. Un crédit que j’ai revu à la baisse en introduisant depuis un mois, un dossier pour l’octroi d’un crédit qui ne dépasse pas 2 milliards de centime. Mais toujours sans réponse», regrette M. Bougherara.

- Origine de la plante de sisal

L’Agave sisalana, appelée communément sisal, est une plante de la famille des Agavaceae originaire de l’est du Mexique, où on la trouve sous l’appellation de henequén.

Sisal est également le nom de la fibre extraite des feuilles de cette plante. Très résistante, cette fibre sert à la fabrication de cordage, de tissus grossiers et de tapis. Son nom provient de la ville portuaire de Sisal, située dans l’État mexicain du Yucatán, car à l’origine, c’était à partir du port de Sisal qu’étaient expédiées les fibres dans le monde entier.

«Elle s’accommode à la plupart des types de sol, saufs ceux les sols argileux, très salins et humides. Sa culture est relativement simple car elle résiste bien aux maladies et nécessite comparativement peu d’intrants.

Le sisal peut être récolté deux ans après avoir été planté et sa vie productive peut atteindre 12 ans. Chaque plante peut produire de 180 à 240 feuilles selon la situation géographique, l’altitude, la pluviométrie et la variété considérée», lit-on sur le site de la FAO.


Djedjiga Rahmani


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