Nous assistons depuis déjà plusieurs années à un phénomène inexorable, celui de la fuite des cerveaux des pays du Tiers-Monde ou en voie de développement comme on ne cesse de le répéter pour qualifier notre pays. Mais au delà de cette situation connue de tout le monde, voilà que d'autres phénomènes plus pernicieux et le plus souvent incompréhensibles viennent accentuer le mal de l'insuffisance des cadres et des compétences dont souffre notre pays.Qui ne se souvient des cadres et ingénieurs pionniers, formés dans les grandes écoles et instituts d'hydrocarbures du temps du défunt président Boumédiène, quittaient le pays pour faire le bonheur des sociétés des pays du Golfe et vivre leur vie sous des cieux plus cléments ' Le souvenir est assez récent pour ne pas évoquer nos pilotes d'avion qui quittaient la compagnie aérienne nationale pour prendre les airs avec des étrangères, le plus souvent arabes, à la recherche d'une vie meilleure.La facilité accordée par le Canada pour peupler le pays d'une «émigration sélective» a favorisé le départ des dizaines de milliers d'Algériens, majoritairement universitaires, tous domaines confondus, essentiellement en informatique et en sciences technologiques, dont le nombre ne cesse d'augmenter et qui avoisine une centaine de milliers. Nos universités et en particulier nos facultés de médecine sont devenues des sources intarissables, des viviers alimentant les structures de santé et les hôpitaux français. Leur nombre est devenu incalculable. Nos médecins sont majoritaires dans certaines spécialités telles que la cardiologie.On dénombre plus de cardiologues algériens que français dans un hôpital parisien.Nos médecins, tous grades et toutes spécialités confondues, sont légion dans les annales de la santé de l'Hexagone. Leur nombre aurait dépassé les 30 000, selon certaines sources.Ces quinze dernières années, depuis l'avènement des cliniques privées, nous assistons à un ballet des plus étranges de médecins étrangers qui viennent opérer en Algérie. Cette ouverture, en elle-même, est à encourager quand elle apporte un transfert de savoir-faire et accompagne nos praticiens chirurgiens ou des spécialités médicales qui nécessitent l'introduction de nouvelles techniques récemment créées et développées au sein même de ces pays. Mais là où il y a problème, c'est que le plus souvent aucune autorité n'est présente pour mettre de l'ordre dans ce va-et-vient qui défie tout principe déontologique ou toute réglementation administrative. Pis, souvent, certains chirurgiens retraités dans leur pays et n'ayant plus le droit de pratiquer des actes chirurgicaux, les assurances refusant de les couvrir vu leur âge avancé car leur loi est stricte pour la protection de leurs citoyens, ont trouvé un pays d'accueil, car appelés par leurs confrères algériens pour continuer à exercer leur métier sur nos patients.Pour l'anecdote, au détour d'une rencontre scientifique internationale dans la capitale française, j'ai voulu satisfaire ma curiosité auprès d'un éminent chirurgien otoneurologiste, pionnier dans la prise en charge d'une tumeur du nerf auditif et a réalisé un grand nombre d'interventions chirurgicales, le chiffre impressionnant de plus de 5000 cas. Record jamais égalé par un autre chirurgien de par le monde. Donc mathématiquement, c'est le chirurgien le plus compétent, si on fait abstraction de l'échelle d'incompétence de Peters. Avant même d'envisager une éventuelle invitation pour profiter de son expérience, sa réponse a étécinglante : «Je n'ai plus le droit d'exercer, aucune assurance n'accepte de me couvrir et la loi est stricte dans notre pays, elle défend scrupuleusement le patient.»Donc, même si je peux continuer à opérer, la loi ne me le permet pas. J'ai été édifié par sa réponse et j'avoue que je commence à comprendre l'engouement de certains chirurgiens étrangers à venir opérer dans notre pays, particulièrement dans des cliniques privées, voire parfois dans certains établissements publics sans ou avec l'autorisation exigée par notre autorité centrale administrative, sans tenir compte si ce chirurgien a le droit de pratiquer des actes médicaux dans notre pays, sans occulter le fait qu'il soit expert dans un organe et pas un autre dans la même spécialité, pour l'exemple on peut être otologiste en ORL sans avoir ou savoir opérer le nez, le larynx ou le cou.Il est grand temps que nos autorités compétentes mettent de l'ordre en instituant un cahier des charges exhaustif réglementant les échanges et les accompagnements dans l'enseignement d'une façon générale et la formation et l'apprentissage et l'exercice de la profession d'une façon particulière. Nos autorités ont mis fin au recyclage matériel médical en interdisant les importations de tout équipement médical réformé et appelé à la casse.N'est-il pas urgent de faire de même pour le non- recyclage des personnes atteintes par l'âge avancé. L'idéal n'est pas de recycler les étrangers dans notre pays, mais de ne pas gaspiller la substantifique moelle et la force vive de notre jeunesse. L'adage qui dit «si jeunesse savait, si vieillesse pouvait» est-il toujours d'actualité ou doit-il être adapté et/ou réformé '
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Posté Le : 29/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Zemirli Chef service ORL et CCF CHU Beni Mess
Source : www.elwatan.com