Dans l’optique d’injecter un peu de gaieté dans la vie quotidienne qui se dégrade de jour en jour, plusieurs citoyens de la région de Bordj Bou-Arréridj ont ressuscité “timechret”, une tradition ancestrale typiquement kabyle.
En effet, les membres de plusieurs comités de village, dont celui de Bounda Thamoukrant, d’El-Main et d’El-Colla, ont organisé vendredi des “lawziaa” pour créer de l’ambiance, une rencontre festive et surtout offrir de l’aide aux pauvres et aux nécessiteux de la région à l’occasion du Ramadhan.
Durant des semaines, les jeunes se sont occupés de la collecte de l’argent nécessaire à l’achat des bêtes.
Les villageois se sont montrés généreux, puisque les plus démunis ont été dispensés de cotiser. Même les visiteurs ont eu leur part gratuitement. Les disparités sociales disparaissent l’espace d’une journée de solidarité, les familles sont rassemblées, c’est l’esprit de cette tradition perpétuée par les villages kabyles.
“Ces dernières années, timechret revient dans nos villages. Cette fois notre comité a décidé de l’organiser tout en respectant les consignes de lutte contre le coronavirus”, dira Hamza, un des organisateurs.
“Nous avons jugé bon de le faire pour permettre aux riches comme aux pauvres de renouer avec la joie et la générosité du mois de Ramadhan”, dira Dda Boualem, un des membres de tadjmaât d’El-Main.
Les initiateurs de l’action comptent renouveler l’opération, car bon nombre de familles de la région ne sont plus en mesure de faire face à la flambée des prix des produits de base et surtout la viande.
“Pour nous, la fraternité est synonyme d’entraide et de soutien des plus vulnérables”, ajoute notre interlocuteur, qui rappelle que certains enfants ne connaissent pas le goût de la viande rouge.
À El-Main, une soixantaine de kilomètres au nord de Bordj Bou-Arréridj, le jour J, grands et petits ont tous retroussé leurs manches pour donner un coup de main à l’opération, et les bœufs sont égorgés.
La cour de l’école primaire était envahie par une marée humaine venue assister au rituel, marqué par le sacrifice de bœufs, une tâche épuisante mais qui se déroule dans une ambiance conviviale, de réjouissances et surtout de retrouvailles.
Dans la soirée, durant toute la nuit, les plus habiles découpent la viande en parts égales. Enfin, les plus jeunes s’organisent pour assurer le meilleur service: partage des parts.
Tôt dans la matinée d’hier, tous les villageois se sont réunis à l’école Mokrani. Même les gens partis ailleurs ne ratent pas cette l’occasion de venir retrouver l’ambiance du village et tous les habitants auront leurs quotes-parts (tasghart). D’autres préfèrent distribuer des parts aux foyers.
“Même les parts des absents qui ne peuvent être là sont remises à leurs familles”, précise khali Mokhtar, qui ajoute: “Timechret, en plus d’être un rituel tiré des fins fonds des traditions kabyles, est aussi l’occasion de se retrouver et de discuter sur plusieurs thèmes.
Les problèmes du village et de la région sont abordés, et ceux qui sont ‘bien placés’ sont sollicités pour apporter leur aide. Ensuite, les soucis laissent place aux anecdotes amusantes et aux récits des plus âgés.”
Photo: Timechret, une tradition ancestrale festive et de solidarité. © D. R.
Chabane BOUARISSA
Posté Le : 12/04/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Chabane BOUARISSA
Source : liberte-algerie.com du dimanche 11 avril 2021