Algérie

Algérie (Oran) - Hommage à Mustapha Moussa: Premier médaillé, très vite oublié


«Dans mon cas, après avoir offert la première médaille olympique au pays, l'Etat devait m'aider pour aller plus haut et honorer davantage l'Algérie. Mais, on m'a oublié et je n'ai jamais perçu les 60 millions de centimes représentant la prime des JO.» C’est ce que déclarait Mustapha Moussa dans un entretien qu'il avait accordé au Soir d’Algérie en date du 2 mai 2022. Amer et désabusé, il avait galéré après ses belles prestations aux JO de Los Angeles en 1984 au cours desquelles il avait reçu la reconnaissance du grand Mohamed Ali qui avait assisté à tous ses combats.
De retour au pays, il était obligé de se contenter de petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille composée de son épouse et trois enfants. Ce n'est que lors des Jeux méditerranéens d'Oran qu'il avait été admis à un emploi au sein de la DJS et qu'il avait fait partie de la commission d'organisation des Jeux. Aujourd'hui qu'il est décédé, on se souvient de lui et les hommages affluent. Dans son cas, le proverbe populaire bien de chez nous qui dit que «lorsqu'il était vivant, il n'avait pas une datte, et quand il est mort, on lui a accroché un régime», s'est bien vérifié.
H. B.



Mustapha Fahem (ex-kiné de l'EN de boxe et ami intime du défunt) :
«Il avait impressionné Mohamed Ali»

Vous étiez le kiné de Moussa lors des JP de 1984.
J'étais plus que cela. J'étais aussi son ami intime, son frère et son confident.
Comment avez-vous appris la triste nouvelle ?
C'est son fils qui m'a téléphoné. Il a rendu l'âme à 13 heures samedi dernier. J'étais abattu et j'ai immédiatement pris la route d'Oran pour assister à ses funérailles.
Quel souvenir gardez-vous de lui ?
Comme homme c'était un être humble et modeste. Il était issu d'une famille pauvre et il n'a jamais oublié ses origines. Comme boxeur, il était un surdoué.
Est-il vrai que Mohamed Ali l’avait félicité lors des JO en 1984 ?
Après la défaite injuste en demi-finale, nous étions dans le vestiaire pour nous relaxer, quand soudain, Mohamed Ali, qui avait assisté au combat, est entré, lui a serré la main et lui a dit «brother, you are un great boxer» (frère tu es un grand boxeur). Ensuite, nous avons pris des photos ensemble. C’est dire qu'il avait impressionné même la légende américaine du noble art.
Et il avait obtenu la médaille d’argent comme un certain Holyfield qui deviendra ensuite trois fois champion du monde des lourds...
Justement, lors de la remise des médailles, Holyfield s'est retourné vers Moussa et lui a dit : «C'est toi et moi qui devions aller en finale; mais les arbitres en ont décidé autrement.»
Pensez-vous qu’il aurait fait un grand champion du monde s’il avait les mêmes moyens qu’un certain Holyfield ?
Certainement. D'ailleurs, un grand promoteur américain le voulait dans son écurie.
Et il a refusé ?
Non, Moussa était lié avec l'armée et il ne pouvait pas se libérer pour tenter le professionnalisme en Amérique.
Propos recueillis par Hassan Boukacem




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