Noureddine Cherouati a été nommé PDG le 3 mai 2010.
© STR News/Reuters
Le nouveau patron du groupe algérien s’emploie depuis huit mois à faire oublier les affaires qui ont ébranlé l’ancienne direction. La remise à niveau de l’outil de production est son autre ambition.
Quand Noureddine Cherouati est installé, le 3 mai, à la tête de Sonatrach, le groupe pétrolier public algérien vit un véritable traumatisme. Dévoilé en début d’année, un scandale financier a emporté son PDG, Mohamed Meziane, et trois de ses quatre vice-présidents. L’affaire a fait grand bruit, Meziane a été débarqué et mis en examen, ses deux fils et plusieurs cadres de Sonatrach ont été incarcérés. Priorité du nouveau patron : rassurer les 18 000 cadres de la maison, quelque peu déstabilisés, lancer un audit sur les 2 000 marchés en cours de réalisation initiés par l’ancien staff et, enfin, relancer la machine Sonatrach. Quelques mois suffiront à cet « oulid Sonatrach », ce fils de la boîte, pour réaliser ces trois défis.
Né en septembre 1948 dans le village balnéaire de Fouka (à 50 km à l’ouest d’Alger), Noureddine Cherouati intègre Sonatrach à l’âge de 23 ans. Fraîchement diplômé de Polytech, prestigieuse école de la capitale, il fait partie de la « génération nationalisation » – formule qui désigne les cadres algériens de Sonatrach recrutés en 1971, année au cours de laquelle le président Houari Boumédiène a nationalisé la filière hydrocarbures au détriment des français Total et Elf. Sa carrière alterne entre postes en amont et en aval, entre sites de production et administration. Il dirige en outre la plus grosse filiale de Sonatrach, Naftal (distribution de produits pétroliers), et représente les intérêts du groupe dans les opérations de partenariat à l’étranger (par exemple, à Rome, la société Mariconsult, avec l’italien ENI).
Cherouati touche également à la politique quand, en 1992, il devient directeur de cabinet du ministre de l’Industrie, Abdenour Keramane, ou quand, en 2002, il assure le secrétariat général du ministère des Mines et de l’Énergie, portefeuille alors occupé par Chakib Khelil. Noureddine Cherouati connaît donc parfaitement Sonatrach et son environnement, ainsi que le personnel politique et les milieux pétroliers internationaux. Bref, pour le président Abdelaziz Bouteflika, il est l’homme de la situation.
Opération de moralisation
Huit mois après sa nomination à la tête de la première entreprise africaine, quel premier bilan peut revendiquer Noureddine Cherouati ? Après avoir restructuré la direction, sillonné les sites de production dans le Sud et les complexes pétrochimiques d’Arzew et de Skikda, il s’est attelé à l’opération de moralisation, avec la conception d’un code éthique. Opposable à l’ensemble des partenaires du groupe et des soumissionnaires qui postulent aux avis d’appel d’offres lancés par l’entreprise, ce document enrichit désormais la réglementation interne de Sonatrach.
Sous la direction de Cherouati, le groupe devra payer au Trésor public, au titre de la fiscalité pétrolière, pas moins de 20 milliards de dollars (15 milliards d’euros) en 2010. C’est dire que la production n’a pas trop souffert de l’épisode judiciaire du début de l’année. Par ailleurs, le groupe annonce avoir fait neuf découvertes prometteuses, dont sept en Algérie et deux dans la région de Ghadamès (à 650 km au sud-ouest de Tripoli, en partenariat avec la libyen National Oil Corporation).
Les ambitions de Cherouati pour 2011 sont de remettre à niveau l’outil industriel de Sonatrach, notamment les raffineries d’Alger (contrat de 908 millions de dollars avec le français Technip) et de Skikda, et de lancer, enfin, le projet de grande raffinerie à Tiaret. Autre dossier délicat à gérer : la volatilité des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché international, qui impacte fortement Sonatrach, quatrième exportateur mondial.
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Posté Le : 14/01/2011
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : Par Cherif Ouazani
Source : www.jeuneafrique.com