Des rapaces, comme les aigles, les vautours, les buses, les milans, les faucons ou les passereaux, comme le malheureux chardonneret qui fait les frais de son plumage et de son chant mélodieux, sont maintenant en vente sur des sites internet algériens.
Ce ne sont pas des animaux d’élevage, ils sont capturés dans la nature donc déduits des effectifs qui pourraient encore assurer la reproduction de leurs espèces respectives fortement menacées de disparition.
Dans la rubrique «animaux» de ces sites dont la notoriété a largement dépassé nos frontières pour aller conquérir l’Europe et l’Amérique du Nord, on trouve toutes les catégories de ce qui est communément appelé animaux de compagnie ou domestiques jusqu’aux animaux de ferme.
Les oiseaux viennent en tête de ces sites de vente avec les perruches, les canaris et inévitablement le chardonneret et ses dizaines de variétés obtenues par des croisements à ne plus en finir.
Mais de plus en plus, il sont rejoints par une autre catégorie de l’avifaune: les rapaces.
L’un de ces sites en propose depuis quelques semaines,des vautours, des aigles, des buses, des milans… et des chouettes.
Les rapaces sont particulièrement vulnérables parce qu’ils se reproduisent plus difficilement que les passereaux et qu’ils viennent en fin de la chaîne alimentaire. Ce sont généralement des oiseaux plus gros dont les petits exigent plus de soins et de nourriture.
Dénonciation
Les rapaces qui se fixent sur les parois de pitons rocheux en bordure de grandes plaines se nourrissent de petits mammifères champêtres, des rongeurs spécialement, et cumulent les substances chimiques des épandages que leurs proies ont ingérées avec leur nourriture.
Comme pour les humains, les conséquences sont constatées avec des pontes insuffisantes, une nidification inachevée ou des petits avec des malformations qui ne vivent pas. Rares donc sont les rapaces qui vivent et arrivent à maturité. Ils sont de la sorte des rescapés sur lesquels se fondent la survie de l’espèce.
A côté de l’hécatombe du chardonneret, complètement disparu dans son milieu naturel pour devenir un enjeu d’un vaste trafic commercial transfrontalier, notamment avec nos voisins de l’Ouest, il faut aujourd’hui ajouter les rapaces sur la liste des oiseaux d’Algérie menacés par le commerce et dont l’issue est connue.
Tous les rapaces d’Algérie sont protégés par la loi, certains ont complètement disparu depuis des décennies, comme l’ibis chauve qui nichait près du lac de Boughezoul ou l’aigle pomarin qui planait au-dessus des lacs d’El Kala.
Les dérangements et la réduction de l’aire géographique qui doit nécessairement assurer la nourriture à un effectif minimum pour assurer la reproduction ont été à l’origine de ces irremplaçables pertes.
On ne doit pas compter sur les pouvoirs publics pour sauver ce qu’il reste avec un dispositif législatif qui ne s’applique -lorsque c’est le cas- qu’aux contrevenants pris en flagrant délit. La dénonciation de ces pratiques commerciales que des groupes ont déjà entrepris de faire via les réseaux sociaux sont une réponse bien adaptée si elle est encouragée par une solidarité plus agissante des internautes.
Slim Sadki
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Posté Le : 21/09/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R ; texte: Slim Sadki
Source : El Watan.com du vendredi 19 sept 2014