L'Algérie s'est dotée d'un ministère entièrement dédié à la transition énergétique et les énergies renouvelables, lors du dernier remaniement ministériel. La problématique de la consommation électrique impose «l'introduction des énergies renouvelables dans le cadre d'un modèle énergétique flexible avec l'objectif d'atteindre 50% d'énergies renouvelables, d'ici à 2030» avait indiqué, en octobre dernier, le ministre en charge de ce département, Chems-Eddine Chitour.
Mais l'expert pétrolier international, Mourad Preure, pense plutôt que l'on continue toujours «à penser pétrole et hydrocarbures, au moment où les compagnies pétrolières sont en train de basculer vers les énergies renouvelables», a-t-il alerté.
En effet, intervenant sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, l'expert pétrolier a estimé que «nous marchons à contre sens, dans une autoroute», précisant que «Sonatrach doit devenir un leader mondial dans les énergies vertes», surtout en cette période de crise sanitaire qui freine l'Economie mondiale causant ainsi une baisse des prix de pétrole.
Pour étayer son analyse, Mourad Preure constate que les grandes compagnies pétrolières ont déjà anticipé les choses en commençant par devenir des compagnies énergétiques, à l'instar de British Petroleum qui veut multiplier, par dix, ses dépenses dans les énergies renouvelables d'ici 2030 et atteindre 5 milliards de dollars.
«On peut citer aussi l'exemple de Total qui vise à être, d'ici 2030, dans le top cinq des producteurs des énergies vertes», ajoute relevé.
«Sonatrach doit basculer vite vers les renouvelables, puisque la demande pétrolière ne peut pas reprendre», a encore indiqué l'expert pétrolier, ajoutant que selon les dernières prévisions du FMI, «l'Economie mondiale va connaître une récession de plus de 4% en 2020, alors que «la Zone euro et le Royaume-Uni vont connaître une forte récession, respectivement de 8,3% et 9,3 %», a-t-il précisé.
L'invité de la radio a, encore, expliqué que «l'ascension après cette crise sera lente et incertaine et que pour retrouver le niveau de croissance de 2019, il faudra attendre entre trois et quatre ans et dans de telles conditions la demande pétrolière va certainement se réduire».
«Nous sommes face à un véritable choc baissier», ajoute le Pr Preure, pour qui «ce choc survient dans un contexte exceptionnel où il y a une surabondance de l'offre de pétrole et où la demande ralentit, à cause du Covid 19. Nous sommes dans une situation de grande imprévisibilité et de forte incertitude», a-t-il prévenu.
«Le marché pétrolier est donc, gravement secoué avec cette seconde vague du virus, et les choses peuvent s'aggraver encore plus», puisque «l'offre peut augmenter avec le probable retour de l'Iran, après l'élection de Joe Biden à la tête des USA, et aussi de la Libye qui est en train d'augmenter sa production», a martelé l'expert pétrolier, estimant qu'il y a «une réalité qu'il faut prendre en compte en Algérie, celle de changer de stratégie et s'investir dans les renouvelables», précise-il.
«La transition énergétique ne doit pas se résumer à l'importation de systèmes solaires, mais prendre la dimension d'une véritable ambition industrielle qui entraîne dans son sillage industrie, universités et recherche nationale. Sonatrach a les moyens d'être la locomotive de la transition énergétique dans notre pays», conclut-il.
Photo illustrative de l'article ajoutée par Akar Qacentina
El-Houari Dilmi
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Posté Le : 12/11/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : El-Houari Dilmi
Source : lequotidien-oran.com du jeudi 12 novembre 2020