Algérie

Algérie - Menaces sur la biodiversité de la zone humide de la Macta (Mascara)


Algérie - Menaces sur la biodiversité de la zone humide de la Macta (Mascara)


La plus grande partie de la superficie des marais se trouve sur le territoire de Mascara, avec 42.139 hectares, soit 94,70% de la superficie totale, répartie sur sept communes (Alaïmia, Bouhenni, Macta Douz, Mohammadia, Sig, Ras Aïn Amirouche et Sidi Abdelmoumène). Le reste est partagé entre Oran (Mers El Hadjadj et Bethioua) avec 1.436 ha, soit 3,22%, et Mostaganem (Fornaka) avec 925 hectares, soit 2,08 %.

«Les marais de la Macta représentent un type de zone humide rare en Afrique du Nord en raison de la diversité des milieux qu’ils renferment et notamment les sansouires qui rappellent les milieux de la Camargue en France. Ce site est unique en Algérie de par la présence d’une diversité de groupements de salsolacées annuelles qu’ils renferment et qui forment rarement de telles associations dans d’autres régions», lit-on dans un document de la direction générale des forêts.

La Zone humide de la Macta est réputée, selon un document officiel, «pour l’avifaune (représenté par 33 espèces répartis sur 9 familles) qu’elle émigre, particulièrement durant la période hivernal, un refuge parfait pour la nidification de nombreux sédentaires». Ainsi, elle regroupe une végétation diversifiée assez homogène et couvre un taux élevée de la superficie total.

«Les espèces faunistiques y trouvent un lieu de reproduction et de repos.»

Mais toute cette richesse en biodiversité est menacée de destruction.

«La zone humide et son environnement subissent une perte de la diversité biologique très grave due à trois contraintes: deux d’origine naturel (conditions édaphiques et le climat) et autre liée aux activités humaines concentrées dans le parcours et le défrichement», révèle un bureau d’études, en l’occurrence MATH Constantine, dans son projet d’étude d’aménagement de la zone humide de la Macta.

La menace vient surtout des futurs projets d’infrastructures que prévoient entreprendre les pouvoirs publics sur la zone humide de la Macta, notamment une nouvelle liaison ferroviaire entre Mostaganem et Mers El Hadjadj (Oran), sur une longueur de 27 km, et du port de la Macta.

Des projets qui portent, sans doute, atteinte à l’intégralité de l’écosystème de la zone humide qui se traduit par la destruction, pure et simple, de la faune et la flore. En sus des menaces qu’elle encourt, d’autres contraintes sont à l’origine de la dégradation des habitats de la zone humide, notamment les rejets des eaux usées domestiques et industrielles qui coulent dans les oueds et qui sont véhiculées automatiquement vers la Macta.

- Agression

Le cas de l’oued de Sig, considéré comme «la principale source de pollution». En plus, la multiplication des décharges sauvages qui présentent de sérieuses menaces à la conservation de la Macta.

Le rapport du bureau d’études révèle l’existence de nombreuses décharges illégales qui «constituent une pression directe sur la zone humide, notamment pour la contamination des sols et de la nappe phréatique par les lixiviats». Dans un autre document, nous pouvons lire, «la zone humide est exposée face à des menaces d’origine endogène (salinisation, érosion hydrique et l’érosion éolienne) ou encore face à des perturbations exogènes le cas de pompage, pâturage et pollution».

Et d’ajouter: «La Macta regroupe un total de 25 décharges, dont 8 sauvages et 7 autorisées mais non classées.»

L’ex-wali de Mascara, Ouled Salah Zitouni, par le biais d’un document adressé aux walis d’Oran et Mostaganem, a souligné qu’«au vu de son implantation géographique et l’importance de la richesse écologique qu’elle renferme en faune et en flore, la prise en charge de la zone humide de la Macta appelle à une contribution solidaire des services techniques des trois wilaya (Mascara, Oran et Mostaganem) concernés par son étendue géographique pour sa protection de toute agression et sa préservation en permanence».

A cet effet, un budget de 10 millions de dinars environ a été dégagé par la wilaya de Mascara pour la réalisation d’une étude, programme 2013, relative à l’aménagement de cette zone qui a confiée au bureau d’étude MATH Constantine.

«Le projet d’étude d’aménagement de la zone humide de la Macta a pour objectif l’aménagement et la mise en valeur du site pour la conservation de la zone humide dans le cadre du développement durable», lit-on dans un document.

En outre, le rédacteur de l’étude a tenu à souligner qu’«en absence d’action dirigée, il sera, de plus en plus, difficile de récupérer les espaces naturelles dégradés. Face à la tendance évolutive actuelle, la dégradation de la zone humide de la Macta pourra être bientôt irréversible».

A titre de rappel, le 16 octobre 1983, sept scientifiques belges, français, hollandais ont alerté le wali d’Oran sur «les sérieux problèmes» que connaît la Macta. Ils lui ont demandé «d’interdire toute circulation du public et des animaux domestiques dans la forêt des dunes de la Macta, d’interdire les décharges d’immondices dans les milieux de grand intérêt biologique et de remplacer la lutte chimique contre les moustiques par une lutte biologique en introduisant un poisson tel que le Gambusie capable de s’attaquer au larves des moustiques».


Souag Abdelouahab
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