Le chef de la diplomatie marocaine, Saâd-Eddine El Othmani, est depuis hier à Alger pour une visite de deux jours. Il a été accueilli à l'aéroport international Houari Boumediène par son homologue algérien, Mourad Medelci. A son arrivée sur le sol algérien, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume chérifien a fait une déclaration à l'APS, dans laquelle il place déjà ses discussions avec les responsables algériens dans la perspective du raffermissement des relations entre les deux pays. Il a souligné «la nécessité de redynamiser cette coopération bilatérale par des programmes de travail sur le terrain».
Précisant que sa visite s'inscrivait dans le cadre d'«une volonté commune» des deux pays de tirer avantage de la conjoncture régionale et internationale pour «insuffler une nouvelle dynamique aux relations bilatérales et les approfondir davantage», le chef de la diplomatie marocaine est venu plaider en faveur d'un élargissement des relations algéro-marocaines à «de nouveaux secteurs» sans toutefois dire lesquels. M. El Othmani a mis l'accent sur l'importance de la concertation dans la relance de l'Union du Maghreb arabe (UMA) et de ses institutions. «Nous sommes aujourd'hui conscients que des mutations sont survenues dans certains pays de l'UMA, des changements à même de nous offrir une meilleure opportunité d'aplanir les entraves à la complémentarité et à l'intégration maghrébines», a-t-il déclaré. Par entraves, le ministre marocain des Affaires étrangères voudrait certainement parler de la question de l'ouverture de la frontière avec l'Algérie et du problème relatif au Sahara occidental.
Il laisse donc entendre que c'est de ces questions-là qu'il s'agira lors de cette visite. Le ministre algérien des Affaires étrangères, qui l'a accueilli à l'aéroport, a été très avare en parlant des relations algéro-marocaines. Il s'est contenté d'une déclaration laconique dans laquelle il évoque brièvement «la volonté de renforcer les relations bilatérales». «Tous les facteurs plaident en faveur d'une ouverture des relations entre l'Algérie et le Maroc, année après année et dans tous les domaines, notamment économiques» a-t-il estimé. Il est à constater que M. Medelci a moins communiqué concernant cette visite. C'est d'ailleurs l'Agence France presse (AFP) qui a balancé l'information à partir de Rabat en reprenant le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, qui l'avait annoncé sur son site internet il y a une semaine.
Cependant, c'est au ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, semble-t-il, qu'est imparti le rôle de baliser les contours de la première visite en Algérie du nouveau chef de la diplomatie marocaine. Dans une déclaration à l'APS, avant-hier, Abdelkader Messahel avait affirmé qu'il n'y a jamais eu précédemment de discussion sur la réouverture de la frontière. Ce problème, avait-il indiqué, «trouvera sa solution un jour». Donc pas lors de cette visite, devrions-nous comprendre. Le ministre donne ainsi le ton, qui est plutôt à la temporisation. Il précise en effet, en parlant des rapports entre les deux pays voisins, que «les réunions sectorielles aboutissent beaucoup plus».
Préconisant l'élargissement des visites à plusieurs secteurs, M. Messahel avait estimé que c'est «cette densification qui va donner plus de visibilité aux rapports entre l'Algérie et le Maroc». M. El Othmani donne l'air d'avoir bien compris le message. «Ma visite à Alger est le début d'un processus de consultations et de coopération», a-t-il souligné hier, avant de mesurer ses prétentions en disant : «Cette visite constitue, pour nous en tant que nouveau gouvernement du Maroc et pour moi en tant que nouveau ministre des Affaires étrangères, l'amorce d'une nouvelle dynamique pour les relations bilatérales et reflète la volonté des deux pays à aller de l'avant.».
«Nous ne pourrons pas tout trancher lors de cette visite ni discuter de tous les programmes», a-t-il reconnu. Hormis sa déclaration, on n'a pas pu connaître, hier, ni la teneur de ses discussions avec son homologue algérien ni son programme.
Le département de M. Medelci avait invité les médias à une conférence de presse conjointe qui devait avoir lieu à 17h30 ; il l'a aussitôt annulée. Les deux parties semblent se réserver de parler des questions qui fâchent, qui empoisonnent les relations algéro-marocaines et empêchent la perspective de la construction de l'ensemble maghrébin.  Â
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Posté Le : 25/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Said Rabia
Source : www.elwatan.com