Algérie

Algérie-Maroc, un contraste africain Edito : les autres articles



Fidèle à ses habitudes diplomatiques, le roi Mohammed VI a entamé, vendredi dernier, un périple en Afrique de l'Ouest qui le mènera, tour à tour, au Sénégal, en Côte d'Ivoire puis au Gabon. En plus d'avoir très certainement pour objectif de raffermir les amitiés africaines du Maroc et de défendre la «marocanité du Sahara occidental», il est bien évident que ce déplacement royal servira au «manager» qu'est aussi Mohammed VI pour plaider la cause des entreprises marocaines sur le marché africain et, d'une pierre deux coups, promouvoir le «made in Morocco».
Outre, donc, de faire plus ample connaissance avec Macky Sall, le nouveau président sénégalais ' auquel il demandera certainement à l'occasion d'avoir de l'indulgence à l'égard de son ami Karim Wade qui est actuellement poursuivi dans des affaires de corruption ', le monarque marocain a prévu, lors de son séjour à Dakar, d'assister en personne à la cérémonie de signature entre les deux pays d'un protocole d'accord de coopération dans les domaines des mines, des hydrocarbures, de l'électricité et des énergies renouvelables. Ce n'est pas tout : la téléphonie, les banques et les transports tiennent également une bonne place dans les discussions entre les capitaines d'industrie sénégalais et marocains.
Boulimiques, les firmes marocaines ne négligent, sur le continent, aucune niche pour améliorer leurs gains. Par ces temps de vaches maigres, elles ont bien raison d'agir de la sorte. En misant sur l'Afrique, nos voisins marocains sont, pour ainsi dire, certains de gagner le jackpot. En faisant du Sahel et de l'Afrique subsaharienne son terrain de chasse économique favori, le Maroc donne ainsi un bel exemple de coopération Sud-Sud, un domaine dans lequel excelle pourtant l'Algérie au plan du discours'
Il n'est pas nécessaire de sortir d'une grande école de commerce pour savoir, aujourd'hui, que le continent africain sera avec l'Asie, durant les 50 prochaines années, l'un des principaux moteurs de croissance dans le monde. Un dollar investi aujourd'hui au Ghana, en Mauritanie, au Burkina Faso ou en Angola vaudra très certainement le triple ou le quadruple. Et pendant ce temps, que faisons-nous ' Eh bien, l'exact contraire de ce qu'il faut faire.
Comme atteintes de cécité ou d'une sorte de folie des grandeurs, la majorité des équipes qui se sont succédé au pouvoir depuis la fin des années 1990 ont mystérieusement amorcé le retrait progressif de l'Algérie du terrain africain jusqu'à l'en faire sortir. Conséquence : si sur les cartes géographiques l'Algérie fait évidemment bien partie de l'Afrique, dans les faits, notre pays tourne le dos au continent. Et justement, la preuve de ce désintéressement et de ce retrait réside dans le fait qu'en dehors de participer aux réunions de l'Union africaine, le chef de l'Etat n'a effectué, en près de 14 ans de présence au pouvoir, aucun voyage d'Etat en Afrique. Cela veut tout dire.
S'il ne fait pas l'ombre d'un doute que l'Algérie recèle de bons diplomates, il se trouve aussi que de nombreux parmi ceux que l'on envoie dans les capitales africaines sont contraints de se tourner les pouces du fait que l'on n'a pas jugé important de leur fixer une feuille de route. On ne l'a pas fait, car il s'avère de plus en plus que, concernant l'Afrique, l'Algérie a dans le meilleur des cas préféré opter pour la politique de l'autruche. Autrement, elle n'aurait certainement pas été prise de court par la crise malienne.
Si la situation demeure en l'état, il est à prévoir que l'Algérie sera confrontée, à l'avenir, à d'autres mauvaises surprises. Mais le plus grand danger vient certainement du fait que nous ne connaissons plus vraiment l'Afrique.


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